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les de Méliffe, vulgairement appellée Piment, ou de Fèves, tout l'intérieur de la hauffe fupérieure feulement, par la raifon que les Abeilles, au-lieu de s'arrêter à la hauffe inférieure, où elles trouveroient du Miel, paffent plus facilement à la premiére, où fon odeur les attire.

Je dis qu'on ne doit point différer à introduire l'Effaim dans la Ruche qu'on lui a préparée, parce qu'alors les Abeilles étant toutes en mouvement, il faut bien moins de temps pour les y déterminer, que lorfqu'on attend au foir, où elles font dans une inaction, dont on a de la peine à les tirer.

Cependant fi on avoit laiffé pendant quelques heures un Effaim fans lui préfenter de Ruche, foit parce qu'on n'en avoit pas de préparée, foit par quelqu'autre raison, alors il vaut mieux attendre jufqu'au foir, parce qu'en inquiétant pendant l'ardeur du jour les Abeilles, après leur avoir donné le temps de fe repofer, cela engage quelquefois la Reine à s'en retourner à fa Ruche, où elle est bientôt fuivie par toutes les autres qu'on voit s'envoler fucceífivement; ou bien l'Effaim prend

fubitement l'effor, au fignal que don ne cette Reine, s'élève en l'air & dif paroît en peu de temps.

30. Pour introduire un Effaim dans une Ruche, il fuffit, s'il n'eft attaché qu'à une foible branche, de la fecouër un peu fortement, après avoir placé immédiatement deffous, la Ruche renverfée pour les recevoir : ou bien on le fait tomber doucement dedans, par le moyen d'une perche, au bout de laquelle on lie une bonne poignée de Pâquettes puantes, de Rue ou feuillages un peu mouillés; ou enfin plus communé ment, on fait monter les Mouches dans la Ruche qu'on a pofée & affujettie immédiatement au deffus de l'Effaim: on fe fert pour cet effet de la perche dont je viens de parler, avec laquelle on les preffe doucement par en bas en ufant de petites fécouffes ou frottemens fort légers, pour les déterminer y monter & lorfqu'elles ont commencé une fois à fe mettre en marche, elles ne tardent pas à y être toutes rendues.

à

:

Quelque temps après qu'elles font tranquilles, on les tranfporte avec ménagement fur la table qu'on leur a pré

parée, fi la quantité de Ruches qu'on a, donne lieu de craindre que quelque nouvel Effaim ne vienne s'y réunir; finon, l'on attend au foir, que toutes les Abeilles qui étoient allées en campagne foient rentrées dans la Ruche: alors on ôte la courroie qui tient les hauffes affujetties, & on les couvre de leur chape.

Une autre précaution à laquelle on doit s'attacher eft d'écarter autant qu'il eft poffible l'Effaim de la Ruche qui l'a produit, dé crainte que le voifinage ne lui infpire de s'y réunir en tout ou partie: fi une pareille fantaifie lui prenoit, fur-tout après être resté quelques jours dans fa nouvelle habition, cela ne manqueroit pas d'occafionner une fanglante bataille, qui ne fe termineroit peut-être que par la perte de l'un & de l'autre.

4o. On n'eft pas toûjours déchargé de tout foin après avoir placé un Effaim fur fa table; car fi par malheur les jours fuivans font fi mauvais que les Mouches ne puiffent fortir en campagne, pour fe procurer la nourriture néceffaire, il faut abfolument leur en donner, ou l'on court rifque de voir

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mourir en peu l'Effaim le plus fort. Il
ne faut que quatre jours de fuite de
mauvais temps, pour faire périr le plus
fort, au-lieu que fi le temps eft favora-
ble, il fait fouvent plus de Cire pen-
dant les quinze premiers jours, qu'il
n'en fait dans toute l'année, parce que
les Abeilles dans un commencement
d'établiffement, travaillent avec tant
d'ardeur, qu'on a vu en moins de deux
jours, faire des gâteaux de plus de
quinze pouces de long, fur fept à huit
de large, & même remplir de Cire
près de la moitié de leur Ruche, dans
l'efpace de huit à dix jours : c'eft pour-
quoi on doit encore vifiter chaque Ef-
faim au bout de ce temps, pour lui
donner une nouvelle hauffe, en cas
qu'il ait rempli fa Ruche, ce qui fe
reconnoît aisément par les Abeilles
'qu'on voit au niveau du haut de la
Ruche.

J'oubliois à dire qu'il eft bon de mettre contre chaque Ruche des planchettes de bois, de fept à huit pouces de largeur, qui defcendent jufqu'à terre, en s'avançant en avant pour rece voir les Mouches trop fatiguées, & leur aider à regagner leur domicile.

Il

Il est vrai que celles qui arrivent à la fin du jour, restent souvent à la même place où elles fe font pofées, parce que la fraîcheur de la nuit les faifit, & alors elles courent rifque de périr, fi la faifon eft trop rigoureuse: mais en général, il y en a beaucoup à qui ces planchettes fauvent la vie.

Les Effaims abandonnent quelquefois leur Ruche au bout de quelques jours, non-feulement parce qu'elle leur aura paru trop petite ou trop grande, comme je l'ai dit ci-devant; mais encore parce que la Reine ne s'y fera pas trouvée, ou aura abandonné le gros des Mouches, fans qu'elles s'en foient apperçues, ou parce que leur habitation n'eft pas de leur goût : dans tous ces cas, où ils prennent le parti de s'en aller fi loin qu'on ne peut ni les fuivre, ni les retrouver; ou bien ils rentrent dans leur Ruche natale, & y occafionnent fouvent un maffacre gé néral; ou bien enfin ils vont s'attacher de nouveau à quelqu'arbre; & le meilleur alors, eft de leur donner une autre Ruche, & les placer en un autre endroit.

K

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