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ration au foir, 1o parce qu'alors les Abeilles font plus tranquilles; 20 parce qu'on court moins rifque de voir s'envoler la jeune Reine qu'on veut y introduire.

Quant à conferver fes Ruches, & fe procurer de bons Effaims, je ne connois qu'un moyen unique; c'eft de pratiquer exactement ce que je prefcris; c'eft, dis-je, de vifiter fouvent fes Ruches, pour leur donner les fecours & les remèdes dont elles peuvent avoir befoin c'est enfin de ne leur donner ni trop, ni trop peu de hauffes, on est fûr par-là de ne point laiffer dépérir fes Ruches, de les conferver chaque année bien fournies de peuple & de provifions, & de fe procurer par conféquent de forts Effaims, & en plus grand nombre.

§. 16.

Le trop grand nombre d'Effaims d'une même Ruche n'eft pas à défirer: indices qui annoncent un fecond & troifiéme Effaim: ce figne ne fe remarque point aux premiers Effaims: ce qu'il faut faire pour empêcher une Ruche foible de jetter un nouvel Effaim : maniére facile de conferver un Effaim, paffablement fort, fans le marier.

Q

:

Uoique ce foit un grand mal de n'avoir point d'Effaims, c'est souvent un très-petit avantage qu'une même Ruche en produife un trop grand nombre la raifon en est évidente une Ruche qui donne plus de deux Effaims, ne peut les produire que tard & fort petits, & ils l'affoiblissent tellement qu'ils fe trouvent les uns & les autres hors d'état de faire des provifions fuffifantes, tant pour nourrir le jeune Couvain qu'elle va produire que pour paffer l'hiver. Ils ne peuvent pas, comme je l'ai dit, réfifter par leur petit nombre aux impreffions d'un grand froid, & l'unique recours eft de les

marier fans hêfiter, ou de les réunir à leur Ruche, comme il eft expliqué au Paragraphe 18e; ainfi on doit toûjours tenter d'empêcher qu'une Ruche ne jette un fecond ou troifiéme Effaim, lorfqu'elle en donne quelques indices, & que la faifon eft trop avancée : or le feul que je connoisse, & que je n'ai jamais remarqué aux premiers Effaims, eft d'écouter le foir du jour qu'une Ruche a effaimé & les foirées fuivantes, fi l'on n'entend point de temps en temps les tintemens aigus & languiffans d'une Abeille, fuivis de trois ou quatre autres alternativement, mais plus gros, & d'un bourdonnement fingulier. Lorfqu'on n'entend point ces bruits, c'est un indice que la Ruche ne produira point un fecond Effaim; mais lorsque le contraire arrive, c'est une marque affurée qu'elle en jettera bientôt un autre, & dans ce cas, il ne faut pas manquer de foulever le lendemain matin la Ruche, afin d'examiner fi elle eft encore fuffifamment garnie d'Abeilles pour le produire, fans courir les rifques de trop l'affoiblir. Alors, fi on ne la juge pas affez forte, on ne doit pas balancer, fur-tout fi la

saison est avancée, à lui donner une nouvelle hauffe, pour l'empêcher d'ef faimer.

J'ai remarqué cependant que cette précaution n'a pas toûjours fon effet, & que quoique j'euffe donné à ma Ruche jufqu'à deux hauffes à la fois, dans l'efpérance qu'un domicile plus vaste engageroit d'avantage l'Effaim à ne pas l'abandonner, cela n'a retardé sa fortie que de quelques jours; fouvent même il eft forti dès le lendemain.

Le moyen qui m'a paru le plus cer"tain, eft de placer une nouvelle hauffe fur la premiére, après avoir ôté pour cette effet, le tampon de liége qui ferme le milieu de la voute. Si elles l'occupent en bref, (ce qui fe remarque au bruit qu'on y entend) on doit efpérer que la Ruche n'effaimera plus.

Il arrive encore quelquefois que la Ruche jette un Effaim paffablement fort; mais trop tardif pour espérer qu'il puiffe amaffer affez de provisions pour paffer l'hiver. Comme alors plufieurs Ruches fortes fe trouvent déja fuffifamment pourvues de Miel, fi l'on juge que celle dont il eft forti ne foit pas trop affoiblie, au-lieu de l'y réunir,

il est un moyen facile de le conferver. C'est de dégraiffer tout auffi-tôt, celle de fes Ruches que l'on croit la mieux

Couvain cela ne

garnie de Miel*: d'ajoûter à la hauffe * Quand il s'y trou-
qu'on lui enlève, une ou deux hauffes veroit la moitié de
vuides s'il en eft befoin, & d'y intro- feroit rien.
duire l'Effaim. L'on doit être affuré
que cette Colonie tardive, trouvant
fes provifions toutes faites, travaillera
avec ardeur à y ajoûter tout ce que la
faifon lui permettra de récolter, &
formera de cette maniére une Ruche
en état de paffer l'hiver, & de donner
un ou deux bons Effaims au printemps..
La raífon pour laquelle j'ai dit ci-
deffus, qu'on doit attendre à vifiter fa
Ruche, le lendemain matin du jour
qu'elle a produit fon premier Effaim,
ou qu'on a remarqué les indices qui
l'annoncent, eft que la fraîcheur de la
nuit concentre davantage les Mouches,
& donne par-là le moyen de juger plus
fürement de leurs forces.

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