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§. 17.

Diftinction des bons & des mauvais Effaims.

Es Effaims de neuf à dix livres font

Les phénomènes que l'on ne voit que rarement, & ils ne font pas toûjours les meilleurs. Il eft quelquefois un nombre prodigieux de Bourdons, qu'ils ne peuvent pas détruire facilement, & qui font cause de leur dépériffement. Le meilleur, je le répète, eft de partager un pareil Effaim dans deux Ruches, comme fi c'en étoit deux qui fe fuffent réunis ensemble au moment ou peu après leur fortie. (Pour cet effet, voyez le Paragraphe 15e.) Quant aux Bourdons il faut fe fervir du Trebuchet, dont j'ai donné la defcription au Paragraphe 2o.

Les meilleurs Effaims font de fix livres, les bons de cinq, les médiocres de quatre, & les mauvais de tout poids inférieur à celui-là. Mr. de Bomare, prétend qu'un Effaim de fix livres contient trente-deux mille deux cents cinquante-fix Abeilles, à raison de cinq

mille trois cents foixante-feize pour une livre; ce qui donneroit beaucoup plus d'Abeilles dans une Ruche que n'y en fuppofe Mr. de Réaumur & d'autres Obfervateurs, & par conféquent une Ponte bien plus confidérable, ainsi que je l'ai dit dans mon Introduction.

Quoiqu'il en foit, les Effaims du mois de Mai en général font les meilleurs, parce qu'ils ont plus de temps pour ramaffer des provifions, & parlà occafionner une Ponte plus longue & plus nombreuse. Auffi donnent-ils quelquefois un nouvel Effaim; ce qui n'eft pas à défirer, parce que cela rend cette jeune Colonie trop foible pour paffer l'hiver, & que fon rejetton néceffairement tardif ne manque pas de périr alors de froid ou de faim, par le petit nombre d'Abeilles dont il est compofé.

Il arrivera cependant, dans de certaines années, qu'un Effaim du mois de Mai fera inférieur à un autre du mois de Juin, parce que le premier aura effuyé pendant des femaines entiéres des temps froids & fâcheux, qui nonfeulement l'auroient empêché de faire

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la récolte ordinaire, mais auront peutêtre confidérablement diminué le nom bre des Abeilles qui le compofoient.

Ce n'eft pas que le froid foit alors capable de les faire périr dans leur Ruche; (ce que je ne voudrois cependant pas garantir, par la raifon qu'étant dénuée de toutes provifions, elle fe trouve trop fpacieufe pour être fuffifamment réchauffée :) mais ces jeunes Abeilles, preffées de la faim, rifqueront une fortie prématurée, par un moment de beau temps dont elles voudront profiter. Affoiblies par la difette, & engourdies par le froid qu'elles ont fouffert dans leur Ruche, elles ne pourront résister à un temps encore plus froid, qui les surprendra en campagne, & qui fuccèdera quelquefois immédiatement à cet intervalle lucide qui les avoit engagées à fortir: elles effuyeront des pertes qui les affoibliront au poinct de ne plus former qu'une très-mauvaise Ruche; au-lieu que l'Ef faim du mois de Juin, qui aura un temps très-favorable, le mettra à profit & en formera une Ruche de bonne efpérance pour l'année suivante.

Le beau temps eft donc effentiel

aux Effaims, dans les premiers jours de leur établiffement; & s'il eft favora ble, ils font quelquefois, je le répette,' plus de Cire dans le premier mois que dans tout le refte de l'année. *KINURURUKUKukukununukuqUIX

§. 18.

Néceffité de réunir un Effaim foible à la Ruche dont il eft forti, pour la maintenir forte, ou de marier deux Effaims ou Ruches trop foibles: diverfes façons de faire cette opération; en quel temps on la doit faire.

A méthode de réunir un fecond ou troifiéme Effaim trop foible à fa Ruche, ou de marier de petits Effaims & de vieilles Ruches trop foibles eft, je le répette, d'une néceffité indifpenfable, fi l'on veut les conferver pendant l'hiver, & les mettre en état de produire de bons Effaims au printemps fuivant. Le bon fens dicte, & l'expérience prouve qu'une Ruche trop foible, à laquelle on a eu l'imprudence d'enlever

le

peu de butin qu'elle avoit pu ramaffer, n'a pu former depuis le rapt qui lui a été fait qu'un petit nombre de

gâteaux, & d'une petite provifion de Miel pour paffer l'hiver mais quand on admettroit pour un moment qu'il y en auroit affez pour le peu d'Ouvriéres qu'elle contient, cela ne fuffiroit encore nullement, par deux raisons fans replique la premiére qu'une Ruche foible n'eft pas en état de fe procurer le dégré de chaleur fuffifant, pour réfifter aux grands froids : la feconde que quand même l'hiver feroit affez tempéré, pour qu'elle pût gagner le printemps, il n'y auroit encore aucune efpérance qu'elle produifit un Effaim; parce qu'il n'y a pas affez de cellules pour loger tous les Œufs que la Mere eft en état de pondre, & que pour les faire éclore, & nourrir les Vers, jufqu'à ce qu'ils deviennent Mouches, il faut dans cette Ruche un dégré de chaleur, que le petit nombre d'Abeilles n'eft pas en état de procurer, & une quantité d'alimens qu'elles ne peuvent fournir.

Pour réunir un Effaim foible à la Ruche dont il eft forti, de façon qu'il ne reprenne pas l'effor dès le lendemain ou peu de jours après, il faut tâcher de s'emparer de la Reine, soit

au

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