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piquures qu'ils auroient à effuyer: cé n'eft donc que pendant l'hiver, qu'elles font engourdies par le froid, qu'ils cherchent à s'introduire dans leur do

micile. En une feule nuit, un Mulot **Les Mulots errent peut détruire la Ruche la mieux four- l'hiver.

nie i en veut fur-tout aux Abeilles

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mêmes, qu'il dévore & dont il fait un carnage d'autant plus grand, qu'il ne les mange pas en entier, & qu'il choifit les parties qui font les plus appétiffantes pour lui, c'eft-à-dire, la tête & le corcelet. Ces dangéreux ennemis, font les plus terribles dégâts dans les Ruches, lorfqu'on n'a pas foin d'y mettre un ratelier en temps & lieu, ou que l'on n'a pas l'attention de les vifiter fauvent de tous côtés, pour voir s'ils n'y ont pas fait quelque trou.

On ne fçauroit donc veiller avec

trop
d'attention de mois en mois, pour
empêcher le ravage que ces animaux
peuvent faire. Ils n'attendent pas toû-
jours la faifon de l'hiver pour les atta-
quer: dès la fin du mois d'Octobre ils
commencent leurs incurfions & leurs
actes d'hoftilité contr'elles : & le meil-
leur moyen d'en préferver fes Ruches,
eft de les mettre féparément chacune

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fur une table qui n'ait que trois pieds, & dont le deffous ait été rendu parfaitement liffe, par le moyen d'une verlope, pour les empêcher d'y grimper.

Je ne connois plus d'ennemis qu'une espèce de Pou, qu'on ne trouve point fur les autres Mouches: ordinairement on n'en peut découvrir qu'un fur chacune d'elles, & pour le voir il ne faut pas beaucoup le chercher; il eft rougeâtre, à peu près de la groffeur d'un Ciron, ou de la tête d'une petite épingle. Il fe tient prefque toûjours fur le corcelet, & dans le duvet dont les Abeilles ont le corps garni. Cette vermine leur eft plus ordinaire dans les hivers humides & pluvieux.

On n'a point de remède contre cette maladie pédiculaire. Mr. de Palteau prétend que le bois de Pin, dont les hauffes de fes Ruches font compofées, eft feul capable d'en délivrer les Abeilles, auffi-bien que des Punaifes ; & que ces Infectes déteftent l'odeur de cette espèce de bois. Au refte ils ne paroiffent pas, dit-il, beaucoup inquiéter les Abeilles, ni leur caufer une grande douleur; car ils font fouvent placés fur

telle partie du corps, d'où la jambe pourroit les faire tomber & où cependant il leur eft permis de refter tranquilles.

Quoiqu'il en foit, on ne fait pas grand cas des Ruches dont la plûpart des Abeilles en font infectées ; & peut-être n'a-t-on pas tort, parce qu'il eft plus ordinaire de les trouver aux Mouches des vieilles, que des nouvelles.

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Quant aux maladies des Abeilles, du moins celles qui nous font bien connues, elles ne font pas en grand nombre la plus dangéreuse & la plus réelle de toutes, c'eft la diffenterie ou le dévoiement. Plufieurs attribuent cette maladie aux feuilles de Peuplier ou de Saule, & cela par la raifon qu'elle fe manifefte dans le temps que ces arbres fleuriffent; mais des Auteurs célèbres penfent avec plus de fondement, qu'elle provient de ce que les Abeilles ont été obligées de vivre de Miel pur fur la fin de l'hiver, après avoir manqué entiérement de Cire brute. Ce fentiment eft fondé fur des expériences qui le rendent affez probable, & fur-tout, fur celle qu'on a

fait de ne nourrir les Abeilles que de Miel pendant quelque temps, ce qui leur a effectivement donné le flux de ventre. Auffi ces mêmes Auteurs penfent que comme c'eft le défaut de cet aliment qui l'a caufé, on remédie effi cacement à cette maladie, en mettant dans la Ruche qui en eft attaquée un gâteau qu'on tire d'une autre Ruche, dont les Alvéoles font garnis de Cire brute ou qu'on a confervé exprès en dégraiffant fes Ruches.

Cette maladie eft contagieufe: elle fait périr prefque toutes les Abeilles d'une Ruche, & voici quels font fes effets. Dans l'état naturel, il n'arrive pas que leurs excrémens, qui font toûjours liquides, tombent fur leurs voifines dans le dévoiement c'est tout le contraire, parce que n'ayant pas affez de force pour fe mettre dans une pofition convenable, les unes par rapport aux autres, ou pour aller fe vider dehors ou dans le bas de la Ruche, celles qui font au-deffus laiffent tomber fur celles qui font au-deffous, une matiére gluante, qui corrompt les gâteaux, colle leurs aîles, bouche les organes de la refpiration & les fait périr.

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Un gâteau de Cire brute eft affurément le meilleur remède contre cette maladie, mais comme il n'eft pas toûjours facile de recourir à cet expédient fur-tout à la fin de l'hiver, lorsqu'on a négligé de conferver quelques hauffes intactes, après avoir dégraiffé fes Ruches, Mr. de Palteau indique une compofition, qu'il affure être équivalente, & dont on peut fe fervir en toutes faifons. C'eft de prendre quatre pots de vin vieux [4], deux pots de Miel & deux livres & demie de fucre, mettre le tout dans un chaudron ou autre vafe d'airain, le faire bouillir à petit feu, l'écumer fouvent, & le laiffer réduire à confiftence de fyrop. On conferve dans une cave les bouteilles qu'on a remplies de cette compofition, dont on peut faire autant & auffi peu qu'on' veut, en proportionnant les dofes, fe lon que l'on a peu ou beaucoup d'Abeilles à entretenir. On leur en met au commencement du printemps fur des affiettes, avec un papier deffus, percé de trous comme un crible; cette préparation les fortifie, & on les gast

[a] Au défaut de vin, on peut fe fervir avec fuc cès, de cidre doux ou de poiré fortant du preffoië.

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