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ration, on a foin de fermer auparavant, l'entrée de la Ruche avec une plaque de fer blanc, percée de petits trous, ou d'y placer de la mouffe, de maniére qu'on n'interrompe pas la circulation de l'air, ce qui les étoufferoit en peu de temps.

La Ruche ainfi exactement cernée, l'on a un fil de léton, long de trois quarts d'aune ou environ, aux deux extrémités duquel on a affujetti deux bois de la groffeur du petit doigt, & longs de trois pouces, pour pouvoir les tenir dans chaque main, & faire aller & venir le léton tout au travers de la Ruche, le plus doucement qu'il fera poffible, pour donner le temps aux Abeilles qui fe trouvent fur fon paffage de s'écarter, afin de n'être pas écrasées. Il eft à propos d'introduire tout de fuite un peu de fumée, avec un foufflet, dans la Ruche, par un trou que l'on fait fur le haut avec un gros poinçon de bois; après quoi on enlève promptement la partie ainfi détachée, tandis qu'une autre Perfonne y applique une des nattes voutées deftinées à être mifes fur la table des Ru ches, & qu'on a foin d'enduire tour

alentour de boufe de vache ou argile [] gâchée, pour en boucher exactement tous les interftices, après l'avoir bien affujettie par le moyen de quelques poids, & l'avoir coufue tout alentour avec l'éguille & la ficelle.

L'année fuivante, après la faifon des Effaims, & lorfqu'on voit la premiére hauffe bien remplie de gâteaux, on y ajoûte une feconde & fucceffivement une troifiéme, & l'on n'enlève le refte de la vieille Ruche, qu'à la fin d'Août, afin de donner le temps au Couvain, qu'elle peut renfermer, déclore, & aux Abeilles, de garnir les hauffes, finon en tout, du moins en partie.

[4] La boufe de vache eft préférable à l'argile, parce qu'elle colle plus exactement, & n'eft point fujette à fe fendre comme elle.

粥粥粥粥粥粥粥粥粥粥粥諾諾諾 §. 23.

Les Abeilles n'ont pas besoin d'une grande quantité de Miel pour paffer l'hiver : il est cependant mieux de leur en laiffer plus que moins: elles ne font pas tant expofées à la rigueur du froid dans les Ruches nouvelles que dans les Ruches ordinaires, & pourquoi ?

IL faut laiffer aux Abeilles des provifions fuffifantes pour paffer l'hiver; mais il n'eft pas néceffaire de leur laiffer le tout. Quand elles font bien pourvuës, il ne leur en faut pas une aussi grande quantité qu'on pourroit le penfer. Une expérience affez générale a fait obferver qu'une livre & un quart péfant fuffifent: cependant il vaut toûjours mieux leur en laiffer un peu plus qu'elles n'en confomment ordinairement.

Ce n'eft pas par principe de santé qu'elles font fi peu de dépenfe en hiver; ce n'eft pas non-plus par économie, c'eft par impuiffance de manger. Il a été établi avec une fageffe qu'on ne peut trop admirer, que dans les temps

où la Campagne ne peut rien fournir aux Abeilles, ainfi qu'à bien d'autres Infectes, elles n'ont plus besoin de manger le froid, qui arrête la végétation des plantes, qui fait perdre à nos champs leurs fleurs, & à nos prairies leurs ornemens, met les Abeilles dans un état où la nourriture ceffe de leur être néceffaire, & les tient dans une espèce d'engourdiffement, qui les difpenfe de prendre aucuns aliments.

Ne fe donnant point de mouvement & ne prenant point d'exercice, leur transpiration eft fi peu confidérable, qu'elle ne doit pas être réparée par la nourriture. La plupart des Infectes font dans cette fituation d'engourdiffement pendant l'hiver; mais avec cette différence, que les uns fupportent les froids les plus rigoureux, fans aucun danger pour leur vie, & que les autres, & furtour les Abeilles, périffent de froid dans un air dont la température paroît affez douce à tous les Infectes de notre climat, parce qu'il n'en eft point de plus fenfibles, & à qui la chaleur foit plus néceffaire : c'eft pourquoi on ne doit rien négliger pour les garantir des impreffions du froid, qui fait périr

prefque toutes les Ruches dans de certaines années; c'eft principalement fur cela qu'eft fondée cette pratique importante de réunir exactement les foibles Ruches, & les marier toutes avant l'hiver, parce que plus les Abeilles font en grand nombre, plus elles échaufferont l'intérieur de leur Ruche, & plus elles feront par conféquent en fûreté contre. la rigueur du froid.

Il faut cependant prendre garde, en cherchant à les préferver du froid, de ne leur pas interdire toute communication avec l'air extérieur. On ne réuffiroit, par un excès de précaution, qu'à les étouffer. D'ailleurs, quand même elles pourroient encore refpirer dans la Ruche, l'air trop renfermé s'y corromproit en peu de temps, il feroit infecté de l'odeur des Abeilles qui y meurent, & y périffent; il deviendroit enfin exceffivement humide, il fe chargeroit de tout ce qui tranfpire de leurs corps, & les gâteaux feroient tous couverts de moififfure.

Si nous refpirions un air auffi malfain, nous n'y réfifterions pas. Les Abeilles font encore moins en état que nous de le foutenir; c'eft pourquoi il

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