eft effentiel de leur laiffer ces petites ouvertures qui font à la plaque de fer blanc dont j'ai parlé : elles fervent à renouveller l'air de la Ruche, fans refroidir les Abeilles, & fans les incommoder.

Il réfulte de ce que je viens de dire, que le froid & la faim font deux maux dont on doit abfolument préferver fes Ruches: ce n'eft pas la réunion de ces deux maux qu'on doit craindre tout-àla fois; car quand les Abeilles ont faim elles n'ont pas de froid, parce qu'elles font alors dégourdies; & quand elles ont froid, du moins jufqu'à un certain dégré, elles ne font point preffées par la faim, parce qu'elles font dans une forte d'anéantiffement. Ce n'eft pas même toûjours le grand froid qui les fait périr, pourvu qu'il ne foit pas exceffivement long : un hiver trop doux leur eft fouvent plus funefte, parce que tant qu'elles ne reftent pas dans un certain engourdiffement, elles confomment en peu de temps toutes leurs provifions, & meurent enfuite de faim.

Dans les Ruches ordinaires elles font expofées à la rigueur de l'air, qui fouffle alors directement contr'elles, & les.

engourdit, au- lieu que ma nouvelle Ruche, au moyen des voutes que for ment les hauffes pofées les unes fur les autres, conferve mieux la chaleur que leur refpiration y entretient, & elles ont grand foin de fe retirer dans celles de haut, où la rigueur du froid peut d'autant moins fe faire fentir, que la bouche eft alors fermée par une plaque de fer blanc, percée de petits trous, qu'on y laiffe pendant les mois de Novembre, Décembre, Janvier & Fé vrier, fans permettre aucune fortie aux Mouches pendant tout ce temps, & en leur interdifant abfolument le jour ainfi que je l'expliquerai au Paragraphe 27.

§. 24.

Du choix des Ruches qu'on veut acheter moyens de connoître fi elles font fortes ou foibles, pourvues ou dénuées de provifions: temps : temps où l'on peut les tranfporter précautions à prendre pour cet effet.

Orfqu'on veut acheter des Mouches, il faut, pour bien faire, at

tendre à la fin de l'hiver. Les meilleures font celles qui font le plus garnies d'Abeilles, les plus pefantes, & dont la Cire eft la plus blanche.

Une bonne Ruche, à la fin de l'hiver, doit peser depuis vingt jufqu'à trente livres; & il eft d'obfervation que la Cire d'un Effaim eft plus blanche & plus légére.

pro

Pour connoître fi une Ruche est forte, & fi elle eft garnie ou non de vifions & de peuple, il n'y a qu'à fraper contr'elle de la jointure du doigt du milieu : fi ce coup produit un bruit féparé en deux ou trois temps, & qui continue pendant quelques momens c'est un figne d'abondance: s'il eft plein, on peut la regarder comme bien pourvue dans tous les genres; mais s'il ne caufe qu'un bruit court, & qui s'appaife dans l'inftant, c'eft une marque qu'il y a peu d'Abeilles dans la Ruche: enfin, fi l'on entend un fon aigu & perçant, il n'y a prefque rien.

Voici encore un figne certain de la multitude des Mouches dans une Ruche c'eft de la foulever de la hauteur de deux pouces feulement; fi la place qu'elle couvroit eft propre, c'est-à-dire,

fi l'on n'y apperçoit ni ordures`, ni Mouches mortes, on peut la regarder comme bonne : fi au contraire cette place n'eft pas nettoyeé, il ne faut pas faire grand fond fur cette Ruche: elle périra infailliblement, à moins qu'on n'y apporte fur le champ les fécours.ou les remèdes dont elle a befoin.

Le tranfport des Ruches ne doit avoir lieu, autant qu'il est possible, que depuis le commencement de Mars jufqu'au mois de Novembre. Il est à propos pour cela de choisir une faifon qui ne foit pas trop chaude & une nuit obfcure, & avoir l'attention de bien les enveloper d'une nappe claire, s'il fait bien chaud, de crainte qu'elles n'étouffent par la chaleur que la marche ne manque pas d'y augmenter.

Comme il eft d'expérience que les Abeilles qui ont été enfermées un certain temps fe vuident, lors de la premiére fortie qu'elles font, des matiéres qui ont féjourné dans leur corps pendant cette détention, il eft à propos d'attendre à les tranfporter à la fin de l'hiver, après quelque beau jour qu'elles auront forti & fe feront vuidées; autrement il arriveroit que l'émotion oc

cafionnée par le tranfport, les feroit se vuider les unes fur les autres, ce qui les gâteroit, ainfi que leurs gâteaux.

On doit s'attendre que fi le lieu où on les transporte n'eft pas éloigné de celui où on les a prises, il y en reviendra un certain nombre pendant quelques jours mais elles retourneront à leur Ruche, & ne l'abandonneront pas. *inukunukukunukununukunular

§. 25.

Expofition des Ruches: pofitions qui leur font favorables; celles qu'il faut éviter, reks

:

IL y a une grande différence entre l'expofition des Abeilles & leur pofition les Abeilles peuvent être dans une expofition heureuse & bien choisie, & cependant fe trouver dans une pofition qui ne le feroit pas. Je vas expliquer l'une & l'autre.

On entend par l'expofition d'une Ruche fon emplacement, relativement au foleil & aux vents. Il faut', autant qu'il eft poffible, éviter de les placer au nord & au couchant: la Ruche fera toûjours beaucoup mieux au midi. Si