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Maniére de gouverner les Abeilles dans tous les Mois.

NOVEMBRE, DÉCEMBRE, JANVIER
FÉVRIER.

CE Paragraphe eft en entier de Mr.

de Palteau, à l'exception de quelques légers changemens relatifs à ma conftruction nouvelle. Cet Auteur joint ces quatre mois enfemble, parce qu'ils n'exigent qu'une feule & unique attention, qui eft de tenir les Abeilles exactement renfermées pendant tout ce temps-là, & fans qu'elles voient la lumiére; ce qui fe peut faire au moyen d'une plaque de fer blanc, de la grandeur de la bouche de la Ruche, percée de petits trous, feulement pour donner une libre circulation à l'air, [4] & en tournant la chape de glui devant la bouche, ou y mettant quelque paillaffon &c. Il y aura vrai-semblablement, dans l'efpace de ces quatre mois, plu

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[a] On attache cette plaque avec du clou d'épingle, ou petites chevilles de bois enfoncées dans la paille, ou feulement avec de la boufe de vache,

fieurs jours tempérés & féreins, dans lefquels il paroîtra qu'on pourroit donner de l'air aux Abeilles, & leur laiffer la liberté de fortir de leurs Ruches : mais on doit abfolument leur refufer cette permiffion; on les expoferoit à deux inconvéniens, qui leur feroient également funeftes: en leur permettant de prendre l'air, elles s'agiteroient néceffairement, elles gagneroient de l'appétit, & confommeroient en trèspeu dė temps toutes leurs provisions, ce qui les réduiroit enfuite à mourir de faim; ou bien l'on feroit obligé, pour leur fauves la vie, de leur fournir de la nourriture de très-bonne heure & pendant très-long-temps; mais ce qui feroit au moins autant à crain dre, c'eft qu'elles feroient expofées à périr de froid hors de leurs Ruches; car, quand même le moment dans lequel elles fortiroient feroit doux & favorable, elles ne feroient pas capa bles de foutenir le dégré de froid qui régneroit dans la Campagne. Des nèges répandues refroidiroient l'air dans un inftant; un coup de vent, des nuages qui obfcurciront le foleil fuffiront pour les faifir toutes, & les empêcher

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de regagner leur Ruche. Il eft effentiel de ne les laiffer jamais fortir pendant ces quatre mois, & de les priver de la lumiére du foleil, qui ne manqueroit pas de leur faire pouffer des fons aigus, & de leur caufer une agitation qui leur deviendroit funefte.

*On ne doit pas négliger de vifiter fréquemment l'extérieur pendant tout ce temps, afin de voir fi les Souris & Mulots n'y ont point fait quelques trous, pour aller les dévorer, ou fi elles n'ont point trouvé quelqu'iffuë pour fortir.

MARS.

Ce mois eft un de ceux dans lefquels les opérations font plus multipliées, & les attentions plus néceffaires. Dès les premiers jours, fi le temps n'eft pas abfolument rigoureux, il faut faire la vifite de fes Ruches, pour nettoyer celles qui en ont befoin; ce qui fe fait en ôtant la natte voutée de paille qui eft fur la table, pour la balayer avec une plume d'Oye, & la pointe d'un couteau, s'il y a des Teignes, après avoir fait lever doucement la Ruche en haur

Mr. de Palteau veut encore qu'on les réchauffe, fi l'hiver a été trop rigou reux, par le moyen d'un réchaud, placé quelques minutes fous la Ruche, en prenant la précaution de tendre pardeffus une toile de canevas pour empêcher les Mouches qui pourroient tomber d'être brûlées : je conviens que cette façon de réchauffer les Abeilles engourdies de froid eft quelquefois néceffaire dans les Ruches de bois, plus froides que celles de paille; mais dans ma méthode il n'en eft pas befoin, car les Ruches étant toutes fuffifamment garnies de Mouches, leur refpiration les garantit d'autant plus du froid, qu'el

les fe retirent & fe concentrent dans la premiére & la feconde voute, où le froid fe fait beaucoup moins fentir: au-lieu que dans les Ruches ordinaires, les Mouches font expofées à la rigueur des vents coulis, qui foufflent par la portiére directement contr'elle. D'ailleurs, au-lieu de me fervir d'un réchaud, je renverse un peu en arriére leurs chapes au premier jour de foleil, qui, fi les Ruches font bien expofées, peut les tirer de cet engourdiffement, fouvent mortel pour elles.

Cela fait, je leur ôte leur plaque de fer blanc percée, pour y fubftituer un ratelier ou bois plat, avec des arcades affez petites pour que les Mulots & Souris n'y puiffent paffer.

Il ne fuffit pas de les nettoyer, & de les réchauffer, en cas de néceffité, il faut, immédiatement après, leur donner de cette compofition indiquée au Paragraphe 20e. Elle les purge, les fortifie, & les préferve du dévoiement, qui eft fur-tout à craindre au commencement du printemps.

Après qu'on les a purgées, il faut les vifiter pour reconnoître celles qui manquent de provifions ou de nourriture, & leur en fournir fur le champ; mais en les nourriffant, on doit met tre une grande différence entre les Ruches bien peuplées, & celles qui ne le font pas. Ces derniéres feroient infail liblement pillées fi on leur donnoit la même quantité de nourriture, & fur, tout s'il n'y avoit pas de rateliers à la portiére, qui les mettent en état de difputer plus facilement le paffage, en cas d'irruption. Et malgré ce ratelier, fi l'on reconnoît que le pillage ait lieu, alors il ne faut leur donner de provi

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