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fons que fur la fin du jour. On les retire le lendemain, avant qu'elles fortent pour aller en Campagne, & l'on continue ainfi pendant quelques jours.

La meilleure maniére de les nourrir, je le repette, eft de leur fournir des gâteaux de Miel, qu'on peut facilement conferver fans aucun accident, dans quelques-unes des hauffes qu'on leur aura enlevées à la fin de l'automne. Cette façon de les nourrir eft plus naturelle par rapport à elles, parce qu'elle imite plus parfaitement celle dont elles ufent dans leur Ruche: fi cependant on avoit oublié de fe pourvoir dès l'automne de gâteaux, il faudroit bien alors fe contenter de leur donner du Miel fur des affiettes, en prenant la précaution de jetter deffus des petites branches de bois ou de paille, pour foutenir un morceau de papier, qui fera criblé de petits trous, au travers defquels elles le prendront avec moins de danger.

Il n'y a qu'une économie mal entenduë qui puiffe leur épargner le Miel & la nourriture dans ce temps de difette. Elles rendent au centuple ce qu'on leur a donné, au-lieu qu'en mé

nageant la dépense, on eft prefque af furé de les voir périr de faim. C'est encore dans ce mois qu'on dégraiffe les Ruches qui font trop fournies, & qui ont des provifions furabondantes, qu'elles n'ont pas confommées pendant l'hiver. Cette opération fe fait comme dans les autres temps; mais en les dégraiffant, on doit conferver les têtes de Miel que l'on détache, elles feront d'une grande reffource, en cas que l'année foit extrêmement mauvaise pour les Abeilles. On fauvera par-là toutes fes Ruches, tandis que les autres perdront toutes celles qui n'auront point de Miel de l'année précédente. Si par inattention on avoit mis des Ruches foibles en hiver, ou fi quelqu'accidens imprévus les avoient affoiblies, on peut avant la fin de ce mois, les marier & les réunir ensemble: elles fe mettront en état, par cette réunion, de donner des Effaims dans l'année; ou du moins elles deviendront affez fortes & affez vigoureuses, pour faire de bonnes provifions, & mériter d'être dégraiffées de bonne heure, & plufeurs fois.

AVRIL.

Il pourra encore arriver que les Abeilles auront befoin de nourriture au commencement, & même pendant toute la durée de ce mois : c'eft pourquoi il faudra de nouveau les vifiter, & pourvoir à leurs néceffités; mais il faudra principalement être attentif au pillage, qui n'eft que trop commun dans cette faifon, parce que les foibles qui ne trouvent pas encore en campagne tout ce qu'elles defireroient, cherchent à vivre de rapines: alors il faut boucher plufieurs des arcades du rate lier, & ne laiffer que le nombre proportionné à la quantité des Abeilles qui peuvent aller & venir.

On peut encore dans ce mois, fi on ne l'a pas fait dans le précédent, retrancher & détacher la hauffe du haut, aux Ruches qui font trop graffes, & au cas que le temps foit favorable pour la récolte, leur en mettre par le bas une vuide, qu'elles rempliront en peu de temps de Cire neuve. Si en vifitant fes Ruches on s'étoit apperçu que quel qu'une fût tachée de moififfure, on peut en toute fûreté détacher la hauffe P

du bas, en prenant les précautions que j'ai indiquées au Paragraphe 9e. Dès la fin de ce mois, il faut tenir un certain nombre de Ruches toutes prêtes à recevoir les Effaims qui fe préfenteront dans le mois fuivant, felon le nombre & la force des Ruches; de façon cependant que l'on en ait plus que moins.

MAY.

On fera peut-être furpris que je confeille encore de veiller ce mois-ci fur les befoins des Abeilles, & de fournir des aliments à celles qui font les plus foibles. Je n'ignore pas qu'il eft un temps d'efpérance pour nous, & communément celui de la récolte la plus abondante pour les Abeilles, dans certains cantons. Je n'ignore pas encore, que dans ce mois, les plus foibles trouvent à la campagne, (à moins que la faifon ne fût entiérement dérangée) tout ce qui leur faut pour vivre & pour fournir à leur dépenfe journaliére; mais je sçais auffi, malgré tout cela, que les Ruches foibles ont quelquefois un vrai besoin d'être nourries pendant ce mois, & en voici la

raifon : c'est dans ce temps principale ment que la Reine fait une Ponte prefqu'incroyable, & qu'elle donne en peu de temps une très-nombreuse far mille, qui demande des foins, des attentions & de la nourriture, parce qu'elle fait une grande confommation d'aliments; ainfi, quoique les anciennes Abeilles puiffent trouver leur fubfiftance à la campagne, il leur feroit quelquefois très-difficile, pour ne pas dire impoffible, à moins que le temps ne foit très-favorable, de préparer des logements fuffifans à cette multitude de nouveaux Citoyens, qui augmen-. tent tous les jours, & de ramaffer en même temps toute la nourriture qui leur eft néceffaire, jufqu'à ce qu'ils puiffent, par eux-mêmes, aller gagner leur vie. Remarquez ici qu'il s'agit d'une Ruche foible qui, pouvant avoir une Reine très- féconde, donneroit trop d'occupation à un petit nombre d'Ouvrières, fur-tout fi les jours ne font pas également beaux, & ne leur permettent pas de fortir pour aller à la provifion.

La précaution de leur donner à manger n'est donc rien moins

que fu

f

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