Images de page
PDF
ePub

perflue: on met par-là en état d'effaimer, ou de se bien fortifier une Ruche qui auroit langui ou dépéri, parce que les Abeilles auroient fuccombé fous le poids du travail & de la fatigue.

Dès le commencement de ce mois il faut ôter le ratelier, & même plutôt fi l'on apperçoit qu'il ne fuffife pas pour la libre fortie des Mouches, ce qu'il eft facile de connoître d'un coup d'oeil, par la quantité de celles qui y demeurent arrêtées, pour attendre leur tour de paffer. Le pillage alors n'eft plus à craindre, & les fréquentes allées & venues des Abeilles exigent un plus grand paffage, pour les laiffer fortir & entrer plus librement, & en plus & en plus grand nombre.

Dès le quinze de ce mois, & quelquefois plutôt, il faut veiller plus attentivement que jamais fur fes Ruches, pour ramaffer les Effaims qu'elles donneront. La négligence & l'inattention des Perfonnes à qui on en confie la garde peuvent faire effuyer des pertes confidérables; il faut, autant qu'il eft poffible, y veiller foi-même, ou ne s'en décharger que fur quelqu'un dont la

vigilance & l'adreffe foient bien con

nuës.

M

C'eft vers le quinze ou le vingt de ce mois, qu'on doit commencer l'importante opération de renouveller les Ruches qui feroient trop foibles, de la maniére que je l'ai marqué au Paragraphe 18e. On ne doit négliger aucune des précautions qu'il faut prendre pour ramaffer les Effaims, & réunir les foibles à ceux qui ne pourroient pas fubfifter féparément. Enfin, on fe fouviendra de vifiter exactement la Ruche qui vient d'effaimer, pour voir s'il convient de lui donner une hauffe, ou de la réunir elle-même à l'Effaim qu'elle vient de renvoyer. On doit une femblable vifite à tous les nouveaux Effaims, quelques jours après leur nouvel établissement, foit pour les nourrir, s'ils font dans la difette, à raison du mauvais temps, foit pour les obliger à travailler, en leur donnant une hauffe, en cas que l'ouvrage de leur Ruche foit bien avancé.

JUIN.

Jufqu'au quinze de ce mois, & même quelquefois plus tard, il faut avoir

les mêmes attentions pour fes Effaims, la même vigilance pour les garder, les foigner, & les bien faire travailler. Si l'on a renouvellé quelque Ruche dans le mois dernier, ce fera dans celui-ci, c'est-à-dire, environ au bout de trois femaines, à compter du premier jour de l'opération, qu'il faudra les féparer avec toutes les précautions que j'ai détaillées au Paragraphe 18e. Mais outre ces foins communs aux mois de Mai & de Juin, celui-ci en exige encore d'autres, qui lui font propres & particuliers. C'eft principalement dans ce mois, qu'il s'agit de faire travailler fes Abeilles en Cire neuve. Pour cela il faut les vifiter foigneufement, & mettre des hauffes par le bas, à toutes celles qui en ont befoin, c'est-à-dire, à toutes celles qui ont travaillé avec ardeur, & qui font avancées dans leur ouvrage. Par cette attention importante, on tient toûjours les Abeilles en haleine, & on les met dans le cas de ne perdre aucun moment à faire toute la récolte qu'elles peuvent faire. On les empêche même de donner des Effaims tardifs qui les épuiferoient, & qui ne feroient

qu'un médiocre profit. Il eft des Pays fi abondants en Cire & en Miel, qu'on peut, dès la fin de ce mois, dégraiffer celles qui feroient trop fournies; car il n'y a pas un grand avantage à laiffer multiplier & entaffer les hauffes d'une Ruche au-delà de quatre ou cinq: c'est un spectacle qui eft plus pour la curiofité que pour l'utilité; & la moififfure fe manifefteroit bientôt dans les premiéres hauffes. On aura foin, dans ce mois & le suivant, de faire usage du Piége dont j'ai donné la defcription page 39, pour détruire les Bourdons, après que les Ruches ont effaimé.

JUILLET.

Dès le commencement de ce mois. le pillage eft à craindre, & l'on doit fe précautionner contre fes ravages. C'est alors que les Guêpes & les Frélons font dans toute leur force, dans toute leur vigueur, & dans toute leur liberté, parce que tout est éclos dans leur Guêpier. De même les Abeilles des environs, qui n'auront peut-être pas été à temps réunies enfemble viendront chercher fortune & cauferont de grands dommages, fi on n'y

veille pas avec attention. C'est encore dans ce mois, & pour se précautionner de plus en plus contre le pillage, qu'il faut marier tous les foibles Ef faims, que quelques circonstances, ou quelques confidérations auroient empêché de réunir immédiatement après leur fortie de leurs Ruches natales; fi l'on avoit même quelque Mere-Ruche qui fût affoiblie, par un trop grand nombre d'Effaims, ou par un Effaim trop tardif, on doit dans ce mois, fans différer à un autre temps, la réunir elle-même à l'Effaim qu'elle a donné. Enfin, comme c'eft dans ce mois & dans le fuivant que les chaleurs font plus exceffives & plús infupportables pour les Abeilles, qu'elles font quelquefois périr le Couvain, fondent la Cire dans les Ruches, & échauffent tellement le Miel, qu'elles l'altérent & le corrompent entiérement, on préviendra tous ces malheurs, en empêchant les rayons du foleil de donner contre la Ruche, & en la foulevant tout alentour d'un demi doigt feulement, par le moyen de quelques petites pierres plates, pour que l'air paffe librement & la rafraîchiffe,

« PrécédentContinuer »