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fond des calices des fleurs, à peu près comme font les chiens quand ils boivent. C'est par ces inflections & ces mouvemens vermiculaires, que les Abeilles forcent la liqueur miellée de prendre la route de leur gofier.

Les deux cornes ou antennes font placées entre les yeux. Elles font mobiles, articulées, & paroiffent devoir fervir à avertir les Abeilles des corps contre lefquels elles pourroient être portées avec violence par les vents ou autrement. Elles ont quatre ailes, deux grandes, qui leur couvrent tout le corps, & deux petites. Si on les lève, de chaque côté on apperçoit deux ouvertures, c'eft l'orifice de leurs poumons, par le moyen defquels elles refpirent [a]. Elles ont fix jambes, deux à deux en trois rangs, & toutes foutenues par la poitrine ou le corcelet: chaque jambe eft, garnie à l'extrémité de deux grands ongles ou crochets, avec lefquels elle s'accrochent les unes aux autres, ou s'attachent aux fleurs qu'elles parcourent. Entre les cro

[a] C'eft fi bien par ces ouvertures qu'elles refpirent, qu'une goutte d'huile mise deffus, les fait mousir dans le moment.

chets, eft une partie molle & charnue, fur laquelle elles femblent appuyer. Quant aux jambes, elles font compofées de plufieurs piéces, la deuxième & la troifiéme paire ont une broffe quarrée affez finguliére, chargée endedans de poils difpofés de la même façon que ceux de nos broffes. C'est avec ces fortes de broffes que les Abeilles ramaffent les pouffiéres des étamines des fleurs, qui s'attachent au poil fin dont leur corps fe couvre, en excitant ordinairement un trémouffement pour les en détacher.

Elles prennent leur repos d'une maniére finguliére elles s'accrochent les unes aux autres par les pattes, & fe susfufpendent en forme de guirlande ou grouppe, au bord des gâteaux. Pendant l'été, elles fe difperfent en petits pelotons dans toute la Ruche, fans qu'on puiffe cependant fçavoir quel temps elles emploient alors à dormir, & comment cela fe peut faire au milieu du bruit qu'elles ne ceffent de faire. Les expériences que j'ai faites, à cet égard, me porteroient volontiers à croire qu'elles paffent plufieurs jours fans prendre de repos ; car j'ai obfervé

& fait observer exactement, pendant plufieurs jours de fuite fans interruption, que les trois ou quatre Abeilles qui annoncent un deuxième ou troifiéme Effaim, ne ceffent de réitérer leurs tintemens alternatifs à des intervalles fi réglés, & fi près les uns des autres, que j'ai pensé qu'elles ne prenoient alors aucun repos; ce qui m'a fait porter le même jugement des autres Abeilles.

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Pendant l'hiver elles fe raffemblent, & fe condensent dans le haut de la Ruche, & ordinairement fur le devant comme le plus chaud : & c'est-là qu'elles reftent pendant des mois entiers dans une inaction qui tient de la lé-. thargie.

J'ai avancé que l'Abeille avoit deux eftomachs, & le fait eft vrai. Le premier, qui reçoit le Miel, a un col par lequel paffe la liqueur, que la trompe y conduit pour s'y perfectionner, & devenir Miel parfait il a la figure d'une veffie oblongue, lorfqu'il en eft rempli. Le deuxième, dans lequel la Cire brute fe perfectionne, également par la digeftion, eft immédiatement dans l'état de repos ; l'aiguillon qui eft

placé à l'extrémité du corps de l'Abeille refte caché jufqu'à ce que quelqu'objet excite fa bile: & pour peu qu'on preffe cette extrémité, on le voit paroître comme un petit dard très-délié, accompagné de deux corps blancs. Ces deux corps forment une efpèce de boëte qui lui fert d'étui.

Bien des Perfonnes confondent l'aiguillon avec l'étui: mais il eft conftant que c'est par l'extrémité de cet étui qu'il fort, & qu'il eft dardé pour faire paffage à la liqueur empoisonnée contenue dans fa racine. Il y a plus, c'eft qu'il eft compofé de deux parties qui jouënt, en même temps ou féparé ment, au gré de l'Abeille. L'extrémité de cet aiguillon eft taillée en fcie, dont les dents font inclinées de chaque côté, les pointes dirigées vers fa racine, de façon qu'il ne peut fortir de la plaie fans la déchirer, ou qu'il y reste avec la veffie qui contient le venin & une partie des entrailles de l'Abeille, lorfqu'elle veut le retirer avec trop de précipitation. C'eft ainfi que l'ardeur, avec laquelle elle repouffe les infultes qui lui font faites, caufe fa mort, en même temps que le venin, qui coule

dans l'étui, caufe une douleur vive à celui qui en a été piqué, ainfi que l'ont éprouvé ceux qui en ont appliqué fur une piquure faite avec la pointe d'une épingle.

On voit cependant quelquefois à la Campagne des Gens en chemife, le vifage découvert, & les mains nuës, remuer les Abeilles, les inquiéter, & même couper des gâteaux dans l'intérieur d'une Ruche, fans être beaucoup piqués, ou du moins fans que leurs piquures, fi vives pour les autres, leur caufe une douleur fenfible, & qu'elle faffe enfler la plaie. Cette fenfibilité eft apparemment plus ou moins grande à proportion que le venin trouve dans le fang & dans le temperament des difpofitions plus ou moins propres à produire fon effet : quoiqu'il en foit, fon action eft fi puiffante & fi prompte, qu'on a vu des Hommes & des Animaux fuccomber en peu d'heures fous la multitude des dards de ces Infectes irrités.

Quant aux remèdes qu'on emploie pour calmer la douleur & faire diminuer l'enflure, je les crois fort-infuffifans pour la plupart. Le miel ou

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