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il est cependant mieux de leur en laisser plus que moins: elles ne font pas tant expofées à la rigueur du froid dans les Ruches nouvelles comme dans les Ruches ordinaires, & pourquoi ?

S. 24.

200

Du choix des Ruches qu'on veut acheter : moyens de connoître fi elles font fortes ou foibles, pourvues ou dénuées de provifions: temps où l'on peut les tranfporter: précautions à prendre, 204 §. 25. Expofition des Ruches: pofitions qui leur font favorables; celles qu'il faut évi

ter,

§. 26.

207

Neceffité de vifiter fouvent fes Ruches pendant l'hiver; façon de donner du Miel à celles qui en ont befoin: en quelles circonftances il faut leur ôter la hauffe de bas avantages des nouvelles Ruches,

:

§. 27.

214

Maniére de gouverner les Abeilles dans

tous les Mois,

218

Fin de la Table des Paragraphes.

INTRODUCTION.

L

A Multiplication des Abeilles, dans tout le Royaume, eft un objet d'autant plus important, qu'il étendroit confidérablement l'Agriculture & le Commerce.

Le Cultivateur pourroit, fans beaucoup de frais & de foins, fe procurer par le moyen des Ruches que j'ai inventées, une fubfistance plus facile, & foutenir avec moins de peine le poids des impôts.

Le Commerçant ne feroit plus obligé de tirer au-delà de 10000 quintaux de Cire du Nord & du Levant, & on ne verroit pas fortir tous les ans du Royaume plus de deux millions pour cét objet.

On peut même annoncer dans peu, une abondance affez grande, pour en faire un Commerce d'exportation. II n'est question pour cet effet que de

A

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mieux gouverner les Abeilles qu'on ne l'a fait jufqu'à préfent; c'est-à-dire, de les garantir de la rigueur du froid dans l'hiver, des chaleurs exceffives dans l'été [4] & de la faim qui en font périr des quantités chaque année, ainfi que des pillages auxquels elles font expofées de la part des Souris, Mulots, Mufaraignes, Taignes, Guêpes, Fourmis, Moineaux &c. fur lefquels une routine aveugle femble avoir fasciné les yeux du vulgaire.

Voila certainement le vrai & le feul moyen d'en multiplier confidérablement l'espèce; & tels font les avantages qu'offrent mes nouvelles Ruches. On peut être affuré qu'en les employant, on en tirera un produit beaucoup plus confidérable, & avec bien plus de facilité que par toutes les méthodes qu'on a imaginées jufqu'à pré

fent.

Ces méthodes & les différentes efpèces de Ruches en paille, ofier & bois, ou troncs d'arbres creux coupés de longueur convenable, dont on fait

[a] En beaucoup d'endroits on laiffe les Ruches expofées à l'ardeur du Soleil fans aucune couverture pour les en préferver, ce qui fait fondre la Cire & périr le Couvain, d'où s'enfuit leur deftruction.

ulage dans chaque Province, ont chacune leurs défauts, & font abfolument infuffifantes pour prévenir les accidents auxquels ces Infectes précieux font expofés. Tout Patriote zêlé doit gémir de voir qu'au lieu de chercher à en multiplier l'efpèce il femble qu'on ait pris à tâche de les détruire par la cruauté avec laquelle on les fait périr en beaucoup d'endroits, pour s'approprier leurs threfors, comme s'il n'y avoit que ce feul moyen de les leur enlever.

Les uns fe contentent de les tailler; c'est-à-dire, d'enlever avec un couteau courbe une partie de leur gâteau, [4] en leur laiffant feulement ce qu'ils croient fuffifant pour leur fubfiftance jufqu'au retour du printemps : mais cette opération difficile pour celui qui taille, caufe aux Abeilles une perte d'autant plus confidérable, qu'un trèsgrand nombre périt, ou par le tranchant de la ferpette, ou par l'écoulement du Miel qui les empâte, & qu'on eft exposé à détruire une partie du Cou vain; objet d'autant plus à ménager,

[a] En quelques endroits on appelle cette opération, dégraiffer, & en d'autres, châtrer.

qu'il eft destiné à remplacer continuellement les Abeilles, qui ne vivent guéres plus d'un an, comme on le verra ci-après.

Une autre méthode plus pernicieuse & plus ufitée, eft de tranfvaser vers le commencement du mois d'Août, pendant une nuit obfcure, les Abeilles d'une Ruche dans l'autre, fans aucun égard pour celles qui font fortes ou foibles. Cette opération fe fait en renverfant fens deffus-deffous la Ruche dont on veut s'approprier les provifions, & en adaptant deffus une autre Ruche vuide, dans laquelle on fait monter les Mouches, en frapant celle de deffous avec deux bâtons, jufqu'à ce qu'il femble qu'elles l'ayent abandonnée : de cette maniére, en détruisant tout à la fois un grand nombre de ces Ouvrières, avec tout le Couvain, on envelope fouvent la Reine dans le maffacre général, & ces infortunées reftent fans aucunes provifions, & dans la néceffité de périr de faim & de froid pendant l'hiver, fur-tout fi l'automne n'a pas été favorable pour réparer la perte entiére qu'elles ont effuyée, & fi la Ruche est trop vaste pour le nombre d'Abeilles

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