Images de page
PDF
ePub

l'huile d'olive appliqués incontinent deffus; le perfil pilé, la feuille de choux écrasée, &c. &c. peuvent donner quelque foulagement, mais ne guériffent pas entiérement. L'eau de fontaine eft encore fort-bonne; mais celui qui m'a paru le meilleur & le plus actif, lorsqu'on eft en état d'en pouvoir faire ufage, eft de frotter la piquure avec une cuillerée de chaux vive en poudre. La douleur doit ceffer dans le moment, & l'enflure fe diffipe enfuite, en pofant deffus un peu d'eau, qu'on y laiffe quelque temps, ou en la frottant de cette chaux détrempée dans de l'eau.

La premiére attention qu'on doit avoir, quand on fe fent piqué, est de voir fi l'aiguillon eft refté dans la plaie, & de l'en arracher promptement; car cet aiguillon, quoiqu'arraché & entiérement féparé du ventre de l'Abeille, femble encore animé; fa base continue à fe mouvoir; elle s'incline alternativement pour s'enfoncer de plus en plus on diroit qu'un défir de vengeance l'agite encore; & le moyen le plus prompt, pour prévenir les fuites de la piquure, lorfqu'on n'a pas

de

chaux vive, eft non-feulement de l'arracher, mais d'élargir la plaie, la preffer pour en faire fortir le venin, & la nettoyer avec de l'eau fraîche.

Pour fe préferver des piquures, on peut se faire une espèce de camail avec de la gaze, ajustée à un vieux chapeau, de façon à ne pas porter contre le vifage, & à ne laiffer aucune entrée aux Abeilles. Si l'on ajoûte à cela des gants, & même une efpèce de fac de groffe toile, qui prenne depuis le col jufqu'au bas des jambes, on ne fera expofé à aucun accident. Au refte cette précaution n'est pas, à beaucoup près, auffi néceffaire dans ma méthode, que dans celle dont on se sert si mal-à-propos dans les différentes Provinces du Royaume.

1

§. 2.

Defcription des Bourdons, leur deftina-
tion; nouvelles expériences qui rejet-
tent leurs concours pour la féconda-
tion de la Reine, réflexions fur l'in-
certitude de ces expériences; massacre
des Bourdons; Trebuchet pour les dé-
truire en peu de temps, & 'empêcher
par ce moyen qu'ils n'affament la
Ruche.

LE

Es Bourdons commencentà éclorre vers la mi-Avril : ils font beaucoup plus gros que les Abeilles ouvriéres, & n'ont ni aiguillon, ni palettes aux jambes comme elles. Leurs dents font petites, plates & cachées : leur trompe eft auffi plus courte & plus déliée; mais leurs yeux, qui font plus grands & beaucoup plus gros, couvrent tout le deffus de la partie fupérieure de la tête; au-lieu que ceux des autres forment fimplement une espèce de bourlet de chaque côté : il a été démontré, par l'anatomie qu'on en a faite, qu'ils font les feuls mâles de la Ruche, deftinés à féconder les œufs

de

m:

de la Reine, dont ils font les Maris. En effet, que l'on preffe un peu le ventre d'un faux Bourdon, on eft bien-tôt convaincu du caractére diftinctif de fon fexe, par deux efpèces de cornes qui en fortent, au milieu defquelles on apperçoit un corps charnu qui s'élève au-deffus, en fe contournant en arc. Ce corps eft rempli de vaiffeaux tortueux, dans lefquels fe trouve une liqueur laiteufe ; & quoique ces mâles foient quelquefois jufqu'au nombre de mille & davantage, on ne remarque entr'eux aucun trait de haîne ou de jaloufie: paisibles & indolents comme ils font, & comme néceffairement ils doivent l'être pour la tranquillité de l'État, ils n'ont aucunes armes dont ils puiffent faire ufage: ils n'éprouvent point les faillies, les ébranlemens & les fureurs des paffions. Le choix qui dépend de la Reine de faire de quelques-uns d'entr'eux, lorfqu'elle a befoin d'être fécondée, ne les affecte aucunement, & l'on a remarqué qu'ils ne reconnoiffent leur destination, qu'après qu'ils ont été recherchés pendant très longtemps par la fémelle. Mais cette prédilection de la Reine, coûte

bien cher à ce favori; il ne furvit pas à fes plaifirs: il tombe mort après avoir réitéré plufieurs fois fes careffes.

Mr. de Réaumur, qui a fait cette expérience dans un vaiffeau de verre, a été témoin de ces faits, & de l'afflic tion de la Reine fur la mort de fon Mari. Il l'a vuë tout un jour faire le deuil autour de fon corps, & n'avoir aucun égard pour un autre mâle qu'il fubftituoit au défunt: mais c'étoit la douleur de la Matrone d'Éphèfe, elle n'a pas duré plus d'un jour; & le lendemain elle a prodigué, avec la même tendreffe, fes faveurs à un autre qu'il lui préfentoit, après avoir enlevé le cadavre. D'où l'on doit inférer qu'il faut plufieurs jours pour la féconder.

Malgré ces expériences du célèbre Mr. de Réaumur, que j'ai cru devoir fuivre d'après Meffieurs Buffon, de Palteau, &c. Mr. Hornbostel affure que les Bourdons font mal-à-propos regardés comme autant de mâles, parmi lesquels la Reine en choifit quelques-uns pour la féconder. Prenez,

[ocr errors]
[ocr errors]

dit-il, un Effaim de l'arriére faison, ,, lorfqu'il eft formé, ou le lendemain, ,, temps où les Reines furnuméraires

« PrécédentContinuer »