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ont péri; enlevez-lui la feule Reine qui lui reste, au moyen du Bain inventé par Mr. de Réaumur; enle+ vez également jufqu'au dernier, tous les faux Bourdons qui s'y trouvent; fubftituez à cette Reine une autre Mere Abeille, que vous aurez prife dans fa cellule, au moment où elle ,, commence à en percer le couvercle, & placez votre Effaim à une telle distance des autres Ruches, que les faux Bourdons, qui s'écartent ordinairement peu, ne puiffent y parvenir, la virginité de cette Reine eft alors fans aucune doute, à l'abri de tout foupçon; & néanmoins ,, vous verrez cet Effaim produire de nouvelles Ouvrières, des Reines & des faux Bourdons.

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Quoiqu'il en foit d'expériences auffi oppofées à celles de Mr. de Réaumur, & qu'on affure avoir été vérifiées par d'autres Obfervateurs, je me contenterai feulement de remarquer, 1o qu'il me paroît contre l'ordre général de la Nature, que la Reine puiffe être fécondée fans mâles: 20 que cela eft d'autant plus douteux que la diftinction de fexe Te manifefte en elle

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& que

comme en eux,

Mr. de Réau

mur nous attefte qu'il a été témoin de la copulation de deux mâles, fubftitués l'un après l'autre à cette jeune Reine, qu'il a confervée avec un verre pendant deux jours: 3o qu'il doit paroître abfurde que cette Reine follicite avec tant d'ardeur un mâle à la féconder, ainfi qu'il l'a remarqué, & qu'il fe joigne en effet à elle, fi elle contient elle feule le principe de la fécondité [4]: 4o qu'il s'agit encore de fçavoir fi la Reine de la nouvelle Colonie, fur laquelle Mr. Hornbostel a fait cette expérience, fentant le besoin d'être fécondée, n'aura pas rompu fon vœu de clôture, & franchi, pendant quelques minutes, les limites de fes États, pour un motif auffi effentiel qu'eft celui de fa confervation : démarche que quelques Stoïques ou quelques Prudes trouveront peut-être déroger à la décence de fon fexe, & furtout à la gravité d'une Souveraine comme elle; mais que l'importance de fon objet rend bien excufable, ou plûtôt qui est le premier droit attaché à sa souveraine

[4] Voyez les Réflexions fur les Expériences de la Société de la Haute Luface, §. 8e.

té, celui de choifir. Reprenons le fil de notre narration.

Les mâles ne font chargés d'aucun ouvrage, foit au-dedans, foit au-dehors de la Ruche. Ils fe nourriffent du Miel que les Abeilles dépofent dans les magafins publics, & ne fortent que pendant les beaux jours du printemps, ordinairement depuis onze heures du matin, jufqu'à fix heures du foir, uniquement pour prendre le plaifir de la promenade, & fans daigner chercher leur vie fur les fleurs, comme les autres Abeilles.

Mais auffi une vie auffi oifeufe eft bientôt fuivie d'une fin tragique. Les Abeilles, qui ont pourvu avec tant de foin à la fubfiftance de ces fainéants dans leur enfance, comme je le dirai au Paragraphe 11e, & qui les fouffrent patiemment depuis le commencement de Mai jufques vers la mi-Juillet, quoique leur nombre augmente de jour en jour, appréhendant enfin qu'ils ne mettent la famine dans leur République, les maffacrent ordinairement auffi-tôt que la Reine n'a plus befoin d'eux quoique d'une taille fupérieure aux Abeilles communes, fans

armes comme fans courage, ils font forcés de céder à la multitude qui les environne, les perce de fes dards, & les traîne hors de l'enceinte de la Capitale.

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On ne fait pas même de grace aux Œufs, aux Vers, aux Nymphes qui font encore dans leurs cellules, on les en arrache fans pitié, & ils fubiffent le fort de leurs malheureux Peres. Ce carnage ne dure quelquefois que trois ou quatre jours.

J'ai remarqué cependant que certaines Ruches ne maffacrent que peu, ou point les Bourdons. Elles fe contentent de les empêcher d'approcher des cellules qui renferment le Miel; & pour peu qu'on foulève la Ruche, on voit ces malheureux par troupes, au-deffous des Abeilles, mourir de faim fur les tables, & les autres fe traîner languiffamment hors de la Ruche, au pied de laquelle ils expirent d'ina

nition.

Il eft certain que la grande confommation que font ces affamés, pendant qu'on les laiffe fubfifter, expofe le Couvain à périr par le défaut de nourriture; il eft encore étonnant qu'on n'ait'

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