Images de page
PDF
ePub

tes les immondices qui peuvent s'y trouver elles emportent ou traînent dehors les Couvains avortés, les gâteaux tombés & moifis, les Mouches qui font mortes pendant l'hiver, & dont le nombre furpaffe quelquefois celui des vivantes, dans les Ruches ordinaires elles enlèvent en un mot tout ce qui ne feroit propre qu'à embarraffer ou à infecter leur domicile.

Au retour de la belle faifon toutes les Abeilles fe méttent en travail. Celles qui restent dans la Ruche font chargées du foin important de garder l'entrée & les avenues de la Place. Elles doivent repouffer, & elles repouffent effectivement les Guêpes, les Frélons, les Mouches étrangères, les Papillons, & généralement tous les Infectes qui s'y introduifent, foit par hafard, foic pour ravager leurs provifions. Si une Abeille ne fuffit pas pour écarter l'ennemi, elle trouve un prompt fecours de la part de celles qui font dans la Ruche ou qui viennent des champs : des fons aigus de fa part annoncent P'invafion & l'attaque; fes voisines accourent promptement alors à son secours, & à l'aide de leurs efforts réu

nis, elles parviennent communément à fe débarraffer de ces brigands, ou de ces étourdis. Que fi elles fuccombent fous la force, ou font accablées par le grand nombre, elles périffent du moins glorieufement les armes à la main; elles fe dévouënt au falut de la Patrie : en un mot elles ne lâchent jamais prife qu'en mourant, ou en triomphant; & un ennemi n'eft pas plûtôt mis hors de combat, qu'elles transportent fur le champ fon cadavre hors de la Ruche.

On a vu quelquefois un ftupide Limaçon, qui s'étoit introduit inconfidérément dans la Ruche, arrêté dès le commencement de fon entrée, & périr en un inftant fous les traits envenimés des plus hardies de la Colonie. On a vu, dis-je, avec surprise, ces Républicaines, après avoir tenté inutilement de le porter hors de la Ruche, prendre le parti de l'embaumer, & le goudronner avec la Propolis ou réfiné, dont j'ai dit qu'elles enduifent les fentes & les interftices qu'elles y remarquent, afin de fe préferver de l'infection du cadavre.

Une des grandes occupations des

D

Abeilles qui restent dans la Ruche, eft de décharger leurs Compagnès, lorfqu'elles arrivent de la campagne. Elles prennent les petites pelotes de Cire que celles-ci apportent ; elles les dépofent dans les magafins publics, ou bien elles les avallent pour les convertir en vraie Cire, & en former enfuite leurs rayons. On prétend mêmé qu'elles portent l'attention & la complaifance jufqu'à effuyer & nettoyer avec leurs pattes, les Abeilles fatiguées qui rentrent mouillées ou couvertes de pouffiére; mais cette prétendue complaifance peut fort-bien n'avoir d'autre but que l'attrait des parties miellées, dont elles font humectées.

Mr. de Palteau avance que dans les premiers jours d'une nouvelle habitation, temps auquel il n'y a aucuns magafins, les premiéres qui arrivent de la campagne, font part obligeamment aux Ouvriéres de dedans, du butin qu'elles apportent. Il ajoûte qu'elles préviennent même leurs befoins; & que fi par caprice ou mauvaise volonté quelqu'une en faifoit difficulté, on la force, par des tiraillemens redoublés, à dégorger fes provifions; mais

le Paragraphe fuivant, en apprenant de quelle maniére elles recueillent la Propolis, & comment cette gomme s'attache quelquefois à elles, pourra bien donner atteinte au merveilleux que les tiraillements lui ont offert.

§. 5.

Travaux des Abeilles au-dehors; récolte de la Propolis, fes qualités & fon ufage.

Dans les mois de Mai & Juin,

felon les climats plus ou moins chauds, les Abeilles fe mettent en campagne dès le grand matin. Il n'y a point alors de temps à perdre; c'est la faifon la plus favorable à leurs récoltes, parce que c'eft dans ces mois que les fleurs font plus tendres & plus faciles à fe dépouiller des fucs & des pouffiéres qu'elles contiennent. Il est vrai que lorsqu'il fait plus chaud vers le mois de Juillet, c'eft fur-tout le matin, jufques vers les dix heures, qu'elles font leur grande moiffon : paffé cette heure, elles rentrent dans leurs

Ruches pour se repofer de leurs fatigues, y digérer & façonner la Cire qu'elles ont ramaffée, construire leurs Alvéoles, & y paffer le milieu du jour.

Si elles fe tiennent ainfi renfermées pendant la chaleur, ce n'eft pas qu'el les la craignent pour elles-mêmes: ce n'est pas encore qu'elles ne trouvaffent alors fur les fleurs des Plantes autant de pouffiére qu'au matin. Ces pouffiéres doivent même être plus aisées à détacher, lorfqu'il fait plus chaud : c'eft plûtôt parce qu'il eft plus difficile de les pelotonner, de les lier ensemble, de les réunir en une même maffe. Elles font plus propres à faire corps les unes avec les autres, quand elles font encore humectées par la rofée de la nuit, ou par la liqueur que celle-ci y a laiffé transfrider; auffi celles qui rencontrent des Plantes aquatiques, toû jours humides, travaillent à toute heure. Il y a même des temps critiques où elles tâchent de furmonter tout obftacle par exemple, quand un Effaim eft nouvellement fixé dans fa Ruche, c'eft alors qu'il faut néceffairement construire des gâteaux, & que ces Ouvriéres travaillent continuellement:

[ocr errors]
« PrécédentContinuer »