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elles iroient jufqu'à une lieuë, pour avoir une pelote de Cire. Leur récolte eft de trois espèces; fçavoir, la Propo lis, la Cire,& le Miel.

La Propolis, comme je l'ai déja dit, eft une réfine ou gomme tenace & gluante, de couleur brune tirant fur le noir, & quelquefois d'un brun roux: on ne fçait pas encore bien précisément fur quelles Plantes les Abeilles la ràmaffent quelques-uns croient que c'eft fur les Peupliers, les Bouleaux, les Saules, les Ifs & les Sapins; & cependant Mr. de Réaumur a vu des Abeilles l'employer dans des Pays où il n'y avoit aucuns de ces Arbres. Quoiqu'il en foit, la Propolis eft une réfine diffoluble dans l'efprit de vin & de térébenthine. Elle peut de cette maniére être fubftituée au vernis qu'on emploie pour donner une couleur d'or à l'argent ou à l'étaim, réduit en feuilles ; & fi on l'incorporoit avec le fandaraque ou le maftic, elle feroit, dit-on, très-bonne pour faire des cuirs dorés: elle offre communément dans les différentes Ruches, des raretés diverses, par rapport à la couleur & à l'odeur. Ordinairement cette odeur eft affez

agréable, quand elle est échauffée : il n'eft pas extraordinaire d'en trouver qui ait une odeur aromatique, & il y en a même qui fembleroit mériter d'être mife au rang des Parfums. Les Abeilles ne lui donnent point de préparation; elles l'emploient telle qu'elles l'ont trouvée; c'eft avec leurs jambes qu'elles l'étendent, & s'en fervent pour boucher & condamner toutes les ouvertures de leurs demeures: elles fe précautionnent par ce moyen, autant qu'il eft poffible, contre le froid, l'humidité & les vents coulis ; & elles parviennent à fe défendre des Infectes qui pourroient pénétrer par les crevaffes & les fentes de la Ruche.

Quoique cette gomme foit molle, & qu'elle s'étende aifément, elle prend cependant de jour en jour plus de confiftence, devient beaucoup plus dure que la Cire, & acquiert enfin affez de ténacité pour réfifter aux premiers efforts de certains ennemis du dehors: elle eft au refte fi gluante, & les Abeilles ont tant de peine à s'en dépouiller, qu'il eft affez ordinaire de voir plufieurs d'entre-elles occupées à tirailler dans tous les sens, celles qui en font

!

chargées, pour la leur détacher : l'on
croiroit volontiers qu'elles veulent lui
arracher avec violence tous les mem-
bres; & c'eft peut-être ce qui a donné
lieu à M. de Palteau d'écrire que c'é-
toit pour les décharger poliment de
leurs provifions.

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Ce n'eft guéres que dans les premiers temps où elles font établies dans une Ruche, qu'elles vont à la récolte, de cette matiére, fuivant que l'état de leur habitation leur paroît l'exiger, ou quand il s'y fait, dans la fuite, quelques trous, ou enfin lorfqu'il eft quef tion de maftiquer quelque Limaçon, qui s'y eft introduit imprudemment, & que leurs forces réunies n'ont pu traîner dehors.

On dit qu'elles choififfent pour cette occupation le foir, préférablement au matin, & qu'elles emploient la Propo lis la nuit comme le jour. Paffons à la Cire.

ᎠᏎ

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粥粥粥粥粥粥粥粥粥粥粥粥粥粥 §. 6.

Origine & récolte de la Cire; conftruc

tion des Alvéoles; leurs différentes
efpèces, & leur destination; expérien-
ces de M. Hornbostel, fur la forma-
tion de la Cire, & réflexions fur les
doutes qui résultent de leur peu
de cer-
titude.

Ly a deux fortes de Cire: la Cire brute, qu'on devroit plûtôt appeller matiére à Cire, & la Cire proprement dite & préparée : la Cire brute eft précifément cette pouffiére qui s'attache aux doigts de ceux qui preffent les fommets ou les piftiles qu'on trouve au milieu des calices des fleurs. Si l'on fuit avec attention une Abeille qui vole de Heurs en fleurs, bien-tôt on voit fon corps fe couvrir des pouffiéres qu'elle y a ramaffées on connoît fouvent à la couleur de ces pouffiéres, qu'elles fleurs les ont produites: dans celles d'un Lys, des filets jaunes; dans celles d'une Tulipe, des filets bruns, & on fçait que les premiéres laiffent fur les doigts une poudre jaune, & les autres une poudre

brune. En langage de Botaniste ces filets font des étamines, leurs poudres, les pouffiéres des étamines; & ces pouffiéres, dont l'Abeille eft fouvent couverte, eft la matiére à Cire.

Une Abeille qui entre dans une fleur bien épanouïe, & dont les étamines font chargées de pouffiéres qui y tiennent peu, en eft bien-tôt toute couverte, foit en frottant fes flancs deffus, foit en y excitant un certain tremouffement: c'eft alors que les poils, dont elle eft hériffée, lui font d'un grand ufage. Les poufféres qui glifferoient & qui tomberoient aifément, fi elles ne touchoient que des parties auffi liffes que l'écaille, dont tout leur corps eft comme cuiraffé, font arrêtées dans ces forêts de poils, dont le corcelet, les jambes & plufieurs endroits du corps de l'Abeille font chargés: chaque poil, vu au microscope, reffemble à une tige de plante, à laquelle des feuilles font attachées des deux côtés, oppofées de haut en bas. Une portion d'une écaille de la Mouche garnie de poils, femble, au microfcope, un gazon bien fourni de jolies mouffes : ces poils font pour les Abeilles ce que les toifons font

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