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dure prefque toute l'année, excepté en hiver; mais le fort eft au printemps. L'Auteur du Spectacle de la Nature croit qu'il refte dans la Ruche quelques Mâles plus petits que les autres, & en ce cas il ne faut pas s'étonner fi la Reine recommence fa ponte au printemps avec la même fécondité : mais Mr. de Palteau eft d'un fentiment tout différent,& foutient que la fécondité qu'elle a reçue, avant le maffacre des Mâles fe perpétuë, avec le même fuccès, au retour de la belle faifon, avec une interruption de cinq mois ou environ.

J'ai déja dit qu'il ne refte qu'une feule Reine dans chaque Ruche ou Effaim, & fi l'on me demande à quoi peuvent fervir ces quinze ou vingt ceufs de Fémelles qu'elle pond quelquefois, je répond que c'eft, fans doute, pour fuppléer aux accidens qui peuvent arriver. En effet, plufieurs de ces oeufs peuvent périr avant que d'éclore: d'autres peut-être, périront après. La Reinemere elle-même n'a qu'un terme pour vivre, proportionné à celui des Abeilles communes. Il eft donc néceffaire qu'il y ait une resource certaine, & toûjours prête pour l'État, dont le saluṛ

& la confervation dépend de fa vię. Je dois obferver encore que quelqu'attention que j'aye apportée, j'ai rarement pu appercevoir plus d'une Mere Abeille dans les premiers Ef faims; au-lieu que j'en ai compté juf qu'à trois & quatre aux feconds & troifiémes, & toûjours vers le haut, peu après qu'ils fe font fixés à une branche; d'où l'on pourroit conjecturer, 10' que s'il n'y en a ordinairement qu'une aux premiers Effaims, c'eft qu'ils font for tis auffi-tôt qu'ils ont vu la premiére éclose en état de se mettre à leur tête: 2o. que s'il s'en trouve en plus grand nombre dans les autres Effaims, c'eft que, comme je le difois il n'y a qu'un inftant, les œufs de Reines, qui font pondus de fuite, fe trouvant éclos pref qu'en même temps, doivent conféquemment s'y faire voir en plus grand nombre que celles qu'on apperçoit ordinairement vers le fommet de ces Effaims, font probablement les derniéres écloses, & par cette raison, n'y font regardées que comme des Reines poftiches, forcées de céder le pas à l'ancienne, que le Corps de la Nation a reconnu pour Souveraine, & qui, en

:

cette qualité, en occupe

en occupe le centre. C'eft ainfi que Mr. de Réaumur, & les autres Auteurs que j'ai cités, ont parlé de la fécondité de la Reine, & de la maniére dont elle dépofe fes œufs; mais l'Auteur du Traité de la République des Abeilles, Mr. Simon, pense fi différemment à cet égard, & les Mémoires de la Haute-Luface, dont il a été donné un Extrait dans le Mercure de Décembre 1769, & autres Ouvrages périodiques, fourniffent des expériences fi finguliéres, que je ne peux me difpenfer de les rapporter. Les objections que j'oppoferai aux uns & aux autres mettront mes Lecteurs en état de juger du dégré de confiance qu'on doit y avoir, & d'en conftater eux-mêmes la réalité ou l'illufion, par des expériences plus certaines que celles qu'ils nous annoncent. Ce fera la matiére des deux Paragraphes fuivans.

§. 9.

Sentiment de Mr. Simon, Auteur du Traité de la République des Abeilles, fur leur génération, & la fécondité de la Reine: réfutation de fon fyftême. Monfieur Simon, dont le Traité

n'a pour objet que les Ruches de paille ordinaires, & la méthode de les tailler ou dégraiffer avec une ferpette, eft d'un fentiment tout-à-fait oppofé à celui de Mr. de Réaumur, fur la génération des Abeilles, & la fécondité de la Reine.

19. Il ne peut fe perfuader, dit-il, qu'une feule Abeille, dans chaque Ruche, foit deftinée à perpétuer les différentes fortes d'Abeilles qu'on y remarque, & qu'elle puiffe pondre jufqu'à trente à quarante mille oeufs.

20. Il croit bien plus probable qu'il y a des Mâles & des Fémelles dans chaque espèce; enforte que la Reine a, dit-il, fon Roi; les Bourdons leurs Fémelles, & ainfi des Abeilles Ouvriéres.

30. Il appuie fon fentiment fur ce

qu'il a remarqué, dans les unes & les autres, des Abeilles plus groffes, & d'autres plus menuës: d'où il opine que celles qui ont le ventre long & grêlé font les mâles, & celles qui l'ont plus gros font les fémelles.

40. Ce qui l'a confirmé dans cette idée, eft qu'en preffant le ventre d'un grand nombre de Bourdons, il a remarqué, dit-il encore, dans les uns, ce qui caractérise les mâles, & n'a point apperçu la même chofe dans plufieurs autres.

5o. Il penfe que ces Bourdons peuvent être regardés comme faifant l'office de Couveufes dans la Ruche, non parce qu'ils en couvent effectivement les œufs; mais parce que la chaleur que leur grand nombre y augmente confidérablement fert à les faire éclore.

60. Enfin il finit par affurer qu'il a vu distinctement fur un tas d'Abeilles communes, plufieurs d'entr'elles féconder les autres; d'où il conclut, qu'il y a parmi elles des mâles & des fémelles.

Je réponds d'abord à Mr. Simon, que ce n'eft point par des préfomptions qu'on doit fe décider fur la cer

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