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mée par d'autres mots. Il fournit même (à propos du no 1861) une définition qui contredit ses autres interprétations, mais que j'approuve en la faisant volontiers mienne : « oyokaotixò vaut tous nos certificats d'enseignement secondaire et supérieur, de bachelier à docteur; et dans toutes les facultés, lettres ou droit >>.

Ajoutons et médecine. Par là nous en revenons aux excursions des groupes médicaux, que nous avions momentanément laissés de côté.

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L'un de nos λxotizol s'intitule lui-même cyoλatındę iatp~ (no 1402) : le signe abréviatif correspond à la finale -ès d'un adjectif dont nous connaissons deux autres exemples (no 1058 :..... ρικὸς Θρᾷξ[σχολ]αστικὸς εἶδον ; n° 1861 : Ἐλπίδιος Ἐλπιδίου, σχολαστικὸς εἰστορικὸς, ̓Αλεξανδρεὺς, ἱστορήσας ἐθαύμασα). Le dernier, texte très net, montre qu'il faut lire larp(xòs), plutôt que ixp(s) suggéré par M. Baillet. Mais la question par lui posée reste la même. Ces personnages, qui mentionnent une spécialité dans leurs études, sont-ils des professeurs, ou des étudiants? Des professeurs, dit notre savant commentateur. Des étudiants, dirais-je plutôt, en me fondant sur trois remarques. La première est que les adjectifs de ce type accolés à coλactixò, ou bien ne signifient rien de spécial quant au grade du personnage dans la « Faculté » et alors nous n'en pouvons rien tirer, ou bien marquent une nuance, qui est celle de la possession ou de la recherche d'un diplôme. Ceux qui accolent ce signe à leur épithète, plus générale, d' « Universitaire », sont, en fait, bien moins nombreux dans la caravane. A cause de cette proportion même (un sur cinq ou sur huit), il me paraît que ce sont plutôt des étudiants, que ni leurs occupations, ni leur fortune, ni peut-être leurs goûts ne poussent beaucoup à voyager avec leurs maîtres. — La seconde raison n'a qu'une valeur accessoire. Le visiteur qui se dit ooλactxòg izspinós fait sur son nom de famille, Portetorche, un jeu de mots que j'ai déjà relevé. Cette plaisanterie me paraît mieux convenir à un étudiant. Pourtant il se peut que je m'exagère la gravité des professeurs antiques pendant leurs voyages de vacances; et je reconnais qu'un raisonnement du même genre appliqué à des modernes serait sans doute bien fragile. Mais la troisième raison est solide et peremptoire. Σχολαστικὸς ἰατρικός ne veut pas dire professeur de médecine, parce qu'il y a pour exprimer ce titre un autre terme, qui est ixrpopiλécopos (no 1298).

Je suis persuadé que ce vocable composé signifie théoricien médical, et correspond parfaitement à la situation de l'agrégé qui chez nous occupe une chaire professorale, mais n'exerce pas la pratique de son art. M. Bail

let préfère reconnaître le conférencier qui fait des tournées de propagande ou de vulgarisation. Les arguments qu'il avance sont intéressants; et l'on peut ajouter que les médecins beaux parleurs, qui font des rapports dans les Congrès, seraient en effet assez dans le ton de la caravane que nous présentons ici. Quoi qu'il en soit, l'iz-popiλbooços, distingué ou non de l'iatposopisths, n'est pas un étudiant. L'étudiant est donc l'autre; et ceux qui s'intitulent tout uniment iarpès sont les professionnels ordinaires.

voya

Les listes minutieuses dressées par M. Baillet ne révèlent qu'un seul geur qui ait consenti à se déclarer sophiste. Mais il a réuni une demi-douzaine de rhéteurs, trois grammairiens, une trentaine de philosophes appartenant à diverses écoles: beaucoup de platoniciens; quelques cyniques; un seul péripatéticien; pas de stoïciens ni d'épicuriens. Même en se bornant aux évaluations les plus modestes et les plus sûres, on constate dans les Syringes les signatures d'une centaine d'intellectuels, comme nous dirions aujourd'hui.

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Ce pourcentage de 6 % est à la fois minime et considérable. Je ne crois pas qu'on l'atteindrait, à beaucoup près, si l'on recueillait de nos jours les signatures de tous les touristes qui parcourent l'Égypte. La visite hivernale des rives du Nil est à notre époque une question de mode, de loisirs et de fortune. Les anciens n'y voyaient, semble-t-il, ni la douceur du climat, puisqu'ils venaient en toute saison, ni le charme des paysages, dont ils n'ont jamais parlé, ni la joie d'un repos qu'ils ne prenaient point ou d'un confort raffiné qui est une invention récente. Ceux qui s'aventuraient en Haute Égypte avaient d'autres buts que la distraction d'une tournée en lointain pays, d'autres préoccupations spirituelles que la nécessité factice de collectionner les vues et les kilomètres. C'est-à-dire qu'ils n'étaient point des touristes qui voyagent pour le plaisir de circuler; mais des voyageurs, qui circulent pour le profit de visiter.

Je ne cherche point à exalter les anciens aux dépens des modernes. Beaucoup de ceux qui ont écrit sur les murs autre chose qu'un simple nom qui les laisse dans l'oubli, ont trop souvent ajouté des choses d'où il résulte qu'ils n'étaient pas très intelligents. Je ne me suis pas fait faute de le dire, et j'aurais pu multiplier les exemples. Mais à quoi bon? Si on pouvait examiner et classer les touristes modernes, la proportion serait-elle plus flatteuse? En ce qui concerne les intellectuels, je veux dire les gens instruits, les professionnels en n'importe quel ordre de science, serait-elle plus nombreuse, ou même équivalente? Et si l'on invoque comme explica

tion ou comme excuse les nécessités ou les duretés de la vie actuelle, le motif est-il en faveur des modernes ?

C'est à la lumière de semblables réflexions que grandiront, j'imagine, les sympathies, de prime abord assez faibles peut-être, que nous pouvions ressentir pour tant de touristes antiques qui, grâce à la curiosité des archéologues nos contemporains, n'auront pas fait ceuvre entièrement inutile, ni enfantine, en écrivant leurs noms dans les Tombeaux des Rois.

GEORGES SEURE.

NOUVELLES ET CORRESPONDANCE

NOUVELLES DÉCOUVERTES A CYRÈNE

LE TEMPLE D'lsis.

Nous avons déjà eu l'occasion de signaler ici l'importance de découvertes épigraphiques faites récemment à Cyrène : stèle portant la traduction grecque d'édits d'Auguste et oracles d'Apollon formant une sorte de code religieux 1. Le tome IV du Notiziario archeologico2, publié par le Ministère des Colonies italien, nous apporte, avec le texte et le commentaire de ces remarquables inscriptions, qui retiendront l'attention des épigraphistes et des historiens, le compte rendu d'autres trouvailles, qui éveilleront l'intérêt des archéologues : deux statues d'Aphrodite nue viennent s'ajouter à celle dont s'enorgueillit le Musée des Thermes et un satyre portant Dionysos enfant paraît être une réplique d'un original de bronze, datant de l'époque hellénistique. Mais la part du lion est réservée dans ce volume à un sanctuaire des divinités alexandrines qu'a mis au jour, sur l'acropole de la ville, M. Ghislanzoni et qui est, pensons-nous, le plus riche qui ait été fouillé depuis la découverte des trois Serapieia de Délos illustrés par M. Roussel. Son importance n'est pas due à la grandeur de l'édifice, qui n'est guère qu'une modeste chapelle, ni à son antiquité, car il paraît avoir été construit ou plus probablement recon

1. Journal des Savants, 1927, p. 126.

2. Ministero delle Colonie. Notiziario archeologico, Fasc. IV, Rome et Milan, 1927, p. 243, et pl. XXIII.

truit à la faveur de la réaction païenne qui marqua le règne de Julien l'Apostat. Mais ce petit temple était littéralement farci de statues et le mélange des images qu'on y avait placées est un indice nouveau du syncrétisme des derniers païens : Zeus ou Sérapis, la triple Hécate, Cybèle trônant entre ses lions, Aphrodite, Eros, Mithra, les trois Grâces, la Libye avec des attributs isiaques y formaient un panthéon disparate. Il s'y ajoutait encore deux prêtresses d'Isis, portant en écharpe une épaisse guirlande, un beau portrait de jeune femme, qui sans doute pourra être identifiée, un sphynx aptère, en outre deux fragments d'hymnes à Isis, dont l'un, en vers iambiques, est daté de l'an 103 ap. J.-C. Une dédicace des Éphèbes à Hermès et à Héraklès, de l'année 224, a probablement été apportée d'un gymnase lors de la reconstruction du sanctuaire.

Mais l'intérêt de ces sculptures et de ces textes s'efface devant celui qu'offre une œuvre d'une valeur singulière, à laquelle l'exégèse de M. Ghislanzoni s'est plus longuement attachée. C'est une statuette, d'un type tout nouveau et d'une polychromie merveilleusement conservée, dont la libéralité obligeante du Comm. Rodolfo Micacchi nous a permis de donner ici une reproduction (fig. 1). Elle nous montre une jeune femme, debout, dans une attitude hiératique, les pieds presque joints, les mains symétriquement ramenées contre la poitrine. Un chiton vert de fine toile la couvre tout entière du cou jusqu'aux pieds; il est entouré par un strophium rouge, qui soutient la gorge, et orné au-dessus d'un disque blanc. Audessous, le corps est étroitement moulé, comme dans une gaine, par une étoffe blanche, que serrent des bandelettes croisées en losange, et sur l'abdomen se détache un disque vert entouré de signes énigmatiques 3. Sur les épaules, est passé un manteau rouge, qui pend de chaque côté en plis symétriques et recouvre les mains; celles-ci tiennent deux tiges vertes recourbées, mutilées au bout et dont la nature n'a pu être déterminée".

La tête est ceinte d'un diadème rouge, qui est surmonté par une verte couronne de laurier et qui soutient par devant, dans un croissant lunaire, le disque solaire avec l'uraeus, insigne bien connu d'Isis.

1. Dans cet hymne, comme dans trois autres bien connus (I. G., XII, 5, nos 14 et 737; Diodore, I, 27), la déesse parle à la première personne, célébrant elle-même ses mérites: 'Eyo τύραννος Εἰσις αἰῶνος μόνη, etc.

2. H. 115 avec la base, haute de 6 cm.

3. Peut-être l'objet qui surmonte le disque est-il un gouvernail, qui appartient à Isis, à la fois déesse de la navigation et de la Fortune; mais la photographie ne permet pas d'en décider.

4. La couleur verte semble indiquer une plante et l'on songe naturellement à deux fleurs de lotus, comme en portent les dieux égyptiens, mais les tiges, si j'en juge par les reproductions, sont aplaties et non arrondies, et s'élargissent au sommet. Elles ne peuvent donc guère appartenir à un végétal.

La sagacité de M. Ghislanzoni a reconnu que la gaine de toile, enserrée par des bandelettes, figurait le maillot d'une momie. Les rapprochements qu'il a établis avec

Fig. 1.

Statuette découverte à Cyrène.

d'autres figures égyptiennes ne laissent subsister à cet égard aucun doute. Mais cette constatation n'a pas laissé que de l'embarrasser, car si Osiris, dieu mort et ressuscité, est parfois représenté sous la forme d'une momie, il n'en est pas de même d'Isis, à qui jamais, que nous sachions, on n'a prêté l'aspect d'un cadavre emmailloté. Cet excellent archéologue a donc recouru à l'hypothèse qu'une tête d'Isis aurait pu être fixée sur un corps qui ne lui appartenait pas, conjecture vraiment désespérée, l'unité de la polychromie suffisant à rendre inséparables les deux parties de la statue.

Mais cette jeune femme est-elle vraiment une Isis? Elle tient, nous l'avons dit, des attributs incertains de ses deux mains recouvertes par son manteau 1. Or, ce rite des mains voilées nous est connu par de nombreux monuments des mystères alexandrins, et il a passé du culte égyptien dans la liturgie chrétienne, où il est encore en usage, par exemple pour le prêtre qui tient l'ostensoir2. Il a pour but d'empêcher qu'un objet sacré ne soit souillé par un contact impur. Entre lui et la peau polluée par des attouchements malpropres, moite de sueur, on interpose une étoffe préservatrice. C'est ainsi que dans les cérémonies isiaques le célébrant qui porte le vase contenant l'eau divine du Nil a les mains enroulées dans les pans de son manteau, absolument comme notre figure de Cyrène 3. Celle-ci ne représente donc Isis pas car une déesse a les mains pures et elle ne doit pas les envelopper - mais bien une servante d'Isis, et le visage, qui n'a pas le type idéal prêté par les Grecs à la grande divinité égyptienne, paraît bien être un portrait.

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1. Il est possible qu'entre le manteau et les mains, on ait glissé un linge blanc, dont les plis paraissent retomber sous les mains fermées, à moins que cette couleur ne soit celle de la doublure du manteau.

2. Dieterich, Der Ritus der verhüllten Hände, mémoire inachevé inséré dans ses Kleine Schriften, 1911, p. 440 ss. Cf. Garrucci, Storia dell'arte cristiana, I, p. 146.

3. Bas-relief du Vatican. Procession isiaque: Amelung, Skulpturen des Vatic., t. II, p. 142.

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