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Et fur la Tombe au deffous il y a ces mots : Hic jacet Joan. Baptifta de Santeul, hujus abbatiæ Canonicus Regularis & Subdiaconus, qui facros hymnos, piis aquè ac politis verfibus, ad ufum Ecclefia concinnavit. Obiit die 5. Augufti, Anno R. S. 1697. ætatis 66.

PORTRAIT DE M. DE SANTEUL, Sous le nom de THEODAS, par M. DE LA BRUYERE Edition de Paris 1714. Tome 1. : page 466...

V

Oulez-vous quelque autre prodige; concevez un homme facile, doux, complaifant, traitable, & tout d'un coup violent, colere, fougueux, capricieux; imaginez-vous un homme fimple, ingenu, credule, badin, volage, un enfant en cheveux gris; mais permettez lui de fe recueillir, ou plutôt de fe livrer à un genie, qui agit en lui, j'ofe dire, fans qu'il y prenne part, & comme à fon infçu; quelle verve! quelle élevation ! quelles images! quelle latinité! Parlez-vous d'une même perfonne? me direz vous; oui, du même, de THEODAS, & de lui feul. Il crie, il s'agite, il fe roule à terre, il fe releve, il tonne, il éclate ; & du milieu de cette tempête il fort une lumiere qui brille & qui réjouit; difons-le fans figure, il parle comme un fou, & penfe comme un homme fage; il dit ridiculement des chofes vrayes,

& follement des chofes fenfées & raifonnables; on eft furpris de voir naître & éclore le bon fens du fein de la bouffonnerie, parmi les grimaces & les contorfions : qu'ajoûterai je davan tage, il dit & il fait mieux qu'il ne fçait; ce font en lui comme deux ames qui ne fe connoiffent point, qui ne dependent point l'une de l'autre, qui ont chacune leur tour, ou leurs fonctions toutes féparées. Il manqueroit un trait à cette peinture fi furprenante, fi j'oubliois de dire qu'il eft tout à la fois avide & infatiable de loüanges, prêt de fe jetter aux yeux de fes critiques, & dans le fond affcz docile pour profiter de leur cenfure. Je commence à m'appercevoir moi même que j'ai fait le portrait de deux perfonnages tout differens: il ne feroit pas même impoffible d'en trouver un troifiéme dans THEODAS; car il eft bon homme, il eft plaifant homme, & il eft excellent homme.

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JUGEMENT DES SCAVANS

*SUR M. DE SANTEUL.

VICTORI AUG. DE MAILLY,

SANCTI VICTORIS PARIS.

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fcriptions n'eft pas borné dans les limites étroites de ces fortes de Pieces. 11 eft trop fecond pour fe renfermer, & fe contraindre toûjours. Ainfi l'on peut juger que fi dans ces petits Ouvrages il a trouvé l'art de faire briller tant d'efprit, il fait des merveilles dans un Poëme, où il peut donner plus d'effor à fa Mufe & plus d'étendue à fes pensées. En effet ceux qui liront ce Panegyrique qu'il a compolé pour Monfieur l'Evêque de Lavaur, Chanoine de s. Victor comme lui, ne manqueront pas de remarquer qu'il fait revivre le bon goût& l'élegance de la Poëfie Latine. On regrettera pourtant que fa profeffion & fon fujet, l'ayent empêché de rélever fon éloge des fleurs & des fictions dont le parent les Poëtes Latins. Les Mules qui font un peu coquetes, & qui aiment un peu à être parées & ajuftées n'ont pas les mêmes avantages avec les modeftes ornemens de la pieté. Cependant l'on fentira toûjours un beau tour de Vers, & une douceur qui coule agreablement. S'il veut loüer la prudente jeuneffe, & la mo*Hiftoire des Ouvrages des Sçavans, par M. Banage Sept..

1688, art. XI.

deration de Monfieur l'Evêque de Layaur dans les premieres places de fon ordre où fa vertu l'élevoit, fans entonner la trompette, il ne laiffe pas de faire fonner bien haut les louanges de ce Prelat.

Vix rectoris eget, qui fe virtute magistrá
Qui fociâ ratione regit...

Non rugis femper, non femper fronte fenili

Illa fedet, longè antevenit, neque computat annos..`
Ille novo clarus titulo, non fe altior effert,

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Se cunctis facilem, fe cunétis prabet amicum, ́Illaså femper morum gravitate ferenus... ¿c.

L

Journal des Sçavans. 1694.

ne faut pas le plaindre que Monfieur de SANTSUL s'occupe encore à des fujets profanes aufquels il fembloit avoir renoncé quand il a confacré fa Poéfie à l'office de l'Eglife, & qu'il a compofé des Hymnes qui: fervent, dans la plupart des Dioceles du Royaume, à publier les grandeurs de Dieu, à célebrer la Sainteté des myiteres, à exciter & à nourrir la Foi & la dévotion des Peuples. Ces productions de fa jeuneffe, bien loin. de devoir être defavouées dans un âge plus avancé peuvent faire honneur à tous les tems de fa Vie. Les defleins en font bien choifis & bien traitez. Ce font des Traductions de plufieurs Pieces de feu Monfieur CORNEILLE, des Odes, dès Elegies, des Eclogues fur les Victoires du Roi, des Infcriptions fur les Fontaines, fur les Portes, & fur les Arcs de Triomphe, des Panegyriques, des Epitaphes, & quantité d'autres petits Ouvrages qui confervent toute l'élégance & toute la noblefle des expreffions de Virgile..

Que fi Monfieur DE SANTIUL avoit fouffert que les Libraires les euffent imprimés fans fa participation,. ils auroient été défigurés par l'ignorance des Copiftes; au lieu que les ayant rélus avec foin & retouchés en plu

fieurs endroits, il nous les donne avec de nouvelles beautés.

* AD LECTORE M.

Multi conqueruntur de illo carmine elegiaco, (Bibliotheca Huetiana p.29c.Tomi I.)quòd naturâ fuâ "natum fit potiùs ad lacrimas excitandas, quàm ad Satiram faciendam. Feci, fateor, quafi aliud meditans, nec mihi propofueram tantum opus; fed ut plerifque convivis contingit, qui oblatos cibos fupremis labris vix attingunt, qui pofteà ex ipfâ ciborum ingluvie famem fibi provocant, & amiflam reftituunt: novâ argumenti lepiditate recreatus tentavi carmen, fed in dies fcribenti mihi crefcebat, occurrebat femper aliquid novi, & quâdam calami prurigine in quoflibet peffimos Authores, quibus abundamus, debachabar, fervato femper nominis honore; non paucos laudavi, & jure quos nomine appellavi damnari aliquos, quorum famæ peperci, nec, ut opinor, provocati tacebunt, quod facilis condonabo, fi rectè admonuerint; & illis jam obvius applaudo notis, quas relcire aveo, fed interim illis favere nequeo, etiam periculo famæ meæ ; fuo judicio, per me licet, fapiant, femper defipient meo.

Editis in lucem Hymnis, quos præter fpem meam penè omnes Ecclefiæ Galliarum fecêre fuos, parvi pendebam ea vulgare carmina, que è fabulofo fuperftitiofæ Antiquitatis penu deprompta fuerant. Pudebat enim Chriftianuni Poëtam ad hæc. Veterum commenta def cendere, juxta effatum divi Paulini ad Aufonium. Non patent Apollini Sacrata CHRISTO pectora.

* Ceci est tiré de l'Avertiffement que Monfieur de SANTEUL mit à la tête de fon Recueil qu'il donna en 1694.

Je trouve auffi à la tête de

l'édition de 1698. Je ne le rapporte point tout entier parceque j'ai fait ufage dans Ï'Ouvrage de ce qui précede ce que je mets ici,

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