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Montagne, & de celle de Tour & de Sués. Les modernes placent Tourplus fud, que Sinaï d'un degré, ils rangent fur le même paralelle le Caire & Sués; ils font commencer à Tour le Golphe d'Elan. Vous aurez une Carte de tous ces lieux, je l'ai dreffée après les avoir mefurés moi-même, elle vous fera connoître, que les derniers Geographes ne font point venus drefler ici eux-mêmes leurs plans, & qu'ayant été obligés de s'en rapporter à d'autres, ils ont été trompés, & ont trom pé enfuite ceux qui les ont fuivis.

Devant que de finir ce petit recit, que je vous fais du Mont Sinai, je vous rapporterai ce que nous avons obfervé à l'égard de deux Monumens ficelebres dans nos faints Livres, & dont on ne peut aflez établir la verité, furtout à l'égard du premier, qui

eft une preuve fenfible de la bonté & de la toute - puissance de Dieu.

Le premier objet de nos obfer." vations fut le Rocher, dont l'eau fortit avec abondance, fitôt que Moyfe, par l'exprès commandement de Dieu, l'eût frappé de La verge.

Le guide qui nous conduifoit au Rocher, nous fit prendre la route par Nord eft. Nous fui vîmes le valon Raphidin, laiffant à notre gauche l'ancienne grotte de faint Onuphre.

Nous fîmes environ deux mille de chemin, au bout defquels nous nous trouvâmes au lieu, que Moyfe nomma Tentatio, & c'est celui,où fe fit cet illuftre prodige dont je vais vous parler. Il eft fi évident qu'il n'y a point d'Athée, qui en confidérant attentivement ce que nous avons vû, ne soit for

cé de reconnoître un Etre fou verain & tout-puiflant, feul capable d'opérer une fi grande merveille.

Vers le milieu du valon Raphidin, & à plus de cent pas du Mont Qreb, on découvre en marchant par un grand chemin affez frayé une haute Roche entre plufieurs autres plus petites, laquelle a été par la fucceffion des tems détachée des Montagnes voisines : cette Roche est une grosse masse d'un granit rouge, fa figure est prefque ronde d'un côté, & elle eft plate de celui, qui regarde Qreb. Sa hauteur eft de douze pieds avec pareille épaiffeur, elle eft plus large que haute; fon circuit eft d'environ cinquante pieds, elle eft percée de vingt. quatre trous, qu'on compte ailément; chaque trou a un pied de Longueur,& un pouce de largeur,

la face plate du Rocher contient douze de ces trous, & la ronde qui lui eft oppofée en a autant; ils font placés horisontalement à deux pieds du bord fupérieur du Rocher, & ne font éloignés les uns des autres, que de quelques travers de doigts, peu s'en faut, qu'ils ne foient rangés fur la même ligne.

Les trous d'une face ne communiquent point avec ceux de l'autre face, ils ne font pas même vis-à-vis les uns des autres. Il eft important de remarquer que cette Roche & les autres font dans un terrain très-fec & fterile, & que dans tous les environs de ces Roches, on n'y découvre pas même l'apparence d'aucunes fources, ou de quelqu'autre eau fauvage.

La fituation de ce Rocher ainfi expliquée, venons aux circonftances, qui prouvent manifeste

ment le miracle de l'Auteur de la nature.

1o. On remarque aifément un poliment, qui regne depuis la lévre inférieure de chaque trou jufqu'à terre.

20. Ce poliment ne fe fait voir, que le long d'une petite rigole creusée dans la furface du Rocher, & qui fuit la rigole d'un bout à l'autre.

3o. Les bords des trous & des rigoles font, pour ainfi parler, tapiffés d'une petite mouffe verte & fine, fans qu'il paroiffe dans nulle autre partie du Rocher une feule herbe, fi petite qu'elle puiffe être toute la furface du Rocher, aux bords près des trous & des rigoles, eft pure pierre.

Cestrois obfervations faites, je demande, que nous fignifient ce poliment des lévres inférieures des trous, ces rigoles également

polies

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