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Pline fe trompe quand il affure dans le livre cité ci-deffus, que le Nil agit dans les Salines du Natron, comme la Mer dans celles du Sel, c'est-à dire que la production du Natron dépend de Beau douce, qui innonde ces Lacs; point du tout, les deux Lacs font inacceffibles par leur fituation haute & fupérieure aux innondations du Fleuve. Il eft far pourtant, que la pluye, la rofée, la bruine & les brouillards font les veritables peres du Natron, qu'ils en hâtent la formation dans le fein de la terre, qu'ils le multiplient & le rendent rou ge; cette couleur eft la meilleure de toutes on en voit auffi du blane, du jaune & du noir.

Quand on a coupé & tiré le Natron, on le charge tout d'uns tems fur des chameaux ou autres› bêtes de fomme, fans aucune:

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déterfion, dépuration, lixivation, ou autre forte de préparation : le Nitre fort de fa mine net & parfait.

Celui du grand Lac est voituré au Bourg de Terrané fur le Nil, on le met en piles & à l'air jufqu'à ce qu'on le vende. Celui de Nebidé eft tranfporté à Damanchour, où l'on le renferme dans des magazins.

On fçait affez l'ufage du Natron; il fert pour blanchir le cuivre, le fil, le linge ; il est employé par les Teinturiers, les Verriers & les Orfèvres; tes Boulangers en enflent le pain en le mêlant avec la pâte, les Rotiffeurs en attendriffent la viande,

Je dirai en paffant, que les Payfans du diftrict de Terrané, font obligés de transporter tous les ans du grand Lac quarante mille quintaux de Natron; cette

corvée leur tient lieu de la taille, pour leurs terres enfemencées.

Les Payfans d'autour de Nebibé, font chargés pareillement. d'apporter de leur Lac trentedeux mille quintaux par an, & à leurs frais à Damanehour. Les deux Lacs rendent chaque année au fils d'Ibrahim Bey, qui en eft Seigneur, près de cent bourses, dont il eft tenu d'en donner quarante, c'est-à-dire vingt mille écus au Grand Seigneur.

Outre le Natron, on recueille dans certains quartiers des deux Lacs, du Sel ordinaire & fort blanc, on y trouve auffi du Sel gemme, qui vient en petits mor ceaux d'une figure piramidale; c'est-à-dire quarrée par le bas, & finiffant en pointe. Ce der nier Sel ne paroît qu'au Prin

tems.

REMARQUES

SUR LE SEL ARMONIAC

A

Je remarquerai fur le Sel Ars moniac, 1°. la matiere, 2°. les vafes qui la contiennent, 3°. la difpofition des fourneaux, 40. la lá façon du travail, 5o. la quantité & l'ufage de ce Sel.

10. La matiere n'eft que de là fuïe, mais une fuïe qu'on racle des cheminées, où l'on brûle des mottes de frantes d'animaux pai tries avec de la paillé, ces mottes empreintes de Sels Alkalis & Urineux, impriment à la fuïe certaine qualité, qu'elle n'acquerre. roit jamais de la fumée du bois & du charbon, qualité pourtant indifpenfable pour la production du Sel Armoniac, nommé Ne chaber en Arabe.

20. Les vafes qui contiennent la matiere, reflemblent parfaite

ment à des bombes : ce font de grandes bouteilles de verre, rondes d'un pied & demi de diamétre, avec un col de deux doigts de haut. On enduit ces bombes de terre graffe, on les remplit: de fuïe jufqu'à quatre doigts près de leur col, lequel demeure vuide & ouvert; il y entre environ quarante livres de fuïe, qui rendent à la fin de l'opération à peu près fix livres de Sel Armoniac; la fuïe d'une excellente qualité fournit plus de fix livres; celle qui eft moindre en fournit moins,

30. Les fourneaux font difpofés comme nos fours communs, excepté que leurs voutes font en tre-ouvertes par quatre rangs de fentes en long; fur chaque fente ily a quatre bouteilles qu'on ran ge proprement, de telle forte que le fond de la bouteille étant enfoncé & exposé à l'action de

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