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la Rose d'or, que le grand Innocent III prononça en ce jour, dans la basilique de Sainte-Croix-en-Jérusalem. Au moyen âge, quand le pape résidait encore au palais de Latran, après avoir béni la Rose, il partait en cavalcade, la mitre en tête, avec tout le sacré collége, pour l'église de la Station, tenant cette fleur symbolique entre ses mains. Arrivé à la basilique, il prononçait un discours sur les mystères que représente la rose, par sa beauté, sa couleur et son parfum. On célébrait ensuite la messe, et quand elle était terminée, le pontife revenait, avec le même cortége, dans le palais de Latran, toujours en cavalcade, et traversait l'immense plaine qui sépare les deux basiliques, portant toujours dans sa main la fleur mystérieuse dont l'aspect réjouissait le peuple de Rome.

XLIV

Désolé par la promulgation de lois impies dans les États sardes, par les violences exercées contre les catholiques suisses, polonais et scandinaves, par les odieuses spoliations accomplies dans les deux Amériques, le cœur du vénérable Pie IX se réjouissait en apprenant que la reine d'Espagne, affranchie pour quelques années du joug des progressistes, rentrait dans une voie de justice et s'attachait à cicatriser de profondes blessures infligées par la révolution à l'Église d'Espagne si longtemps persécutée : des ordonnances royales, arrachées depuis quelques années à la faiblesse d'Isabelle II, pour dépouiller l'épiscopat de ses droits, pour provoquer, à l'égard des ordres

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LE CATHOLICISME EN HONGRIE.

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religieux et du clergé, un système de persécution et d'oppression, disparaissaient l'une après l'autre, et faisaient place à des mesures de réparation.

En Hongrie, en face des menaces de la révolution mal assoupie, on venait de procéder à la dédicace solennelle de la basilique de Gran. Cette église s'élève au lieu même où naquit le roi apostolique de Hongrie, saint Étienne, et c'est là qu'après avoir reçu le baptême et le sceptre, il planta l'étendard de la croix, Sous lequel il rangea tout son peuple. Il y avait autrefois dans ce même lieu un temple dédié à la bienheureuse vierge Marie, la grande reine des Hongrois, et au bienheureux Adalbert, le père spirituel du premier roi de Hongrie. Les rois apostoliques avaient une grande vénération pour ce temple, et il s'y faisait un grand concours de peuple. Il fut renversé en 1543 par les Turcs, qui avaient envahi la Hongrie, et resta longtemps enseveli sous ses propres ruines. Enfin, après avoir écarté tous les obstacles qui s'opposaient à la réédification de cette église métropolitaine, le cardinal- archevêque, prince-primat de Hongrie, Alexandre Rudnay, entreprit, en 1822, de restaurer ce monument religieux d'une manière digne de l'antique piété des Hongrois et de l'ardeur de son zèle pour la gloire de Dieu, en en faisant comme un ornement éternel de ce lieu sacré.

Malgré le zèle et les efforts de Mgr Rudnay et de son successeur, Mgr Joseph Kopacsy, cette œuvre si considérable, et qui nécessitait de grands frais, ne put être achevée par les fondateurs. Cette gloire était réservée au cardinal et prince-primat Jean-Baptiste

Scitowzky, qui gouverne actuellement l'archevêché de Gran ce fut lui qui compléta la décoration intérieure de la basilique; par ses soins et à ses frais, les autels furent construits; l'or, les peintures les plus élégantes, le marbre sculpté revêtirent le temple,et il a eu la joie d'en faire solennellement la consécration et la dédicace au Dieu tout-puissant, sous la double invocation de l'immaculée Mère de Dieu, dans son assomption glorieuse, et du bienheureux évêque et martyr Adalbert, puis de l'ouvrir au peuple fidèle et d'y célébrer le culte divin. L'empereur François-Joseph, entouré des cinq archiducs Albert, gouverneur général de la Hongrie, CharlesFerdinand, Guillaume, Ernest et Maximilien, voulut rehausser la solennité par sa présence. En même temps que l'empereur, une foule considérable de personnages considérables de tout état et de tout ordre s'y était rendue de toutes les parties du vaste empire d'Autriche. Il s'y trouvait le cardinal-archevêque de Vienne, le cardinal-archevêque d'Agram, les archevêques de Lemberg, de Posen, d'Udine, d'Erlau, de Colocza et des Méchitaristes, seize évêques diocésains, divers évêques in partibus, un grand nombre d'abbés, prévôts et chanoines, environ cinq cents membres du clergé tant séculier que régulier. Plusieurs généraux, des colonels, des majors et des officiers d'un rang inférieur représentaient l'armée. On y remar quait, en outre, trois ministres d'État, le comte Charles Buol - Schauenstein, le baron Alexandre Bach et M. Georges Joggenburg; d'autres dignitaires de l'empire, environ soixante magnats et une foule de nobles du royaume de Hongrie, de nombreuses députations

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301 de l'université de Pesth et de diverses villes, etc. On évalue à soixante mille le nombre des spectateurs accourus à cette magnifique cérémonie. C'est au milieu de cet immense concours, avec un ordre admirable, avec des témoignages d'une piété exemplaire, que s'accomplirent les rites suivis par l'Église dans la consécration des édifices sacrés.

Les catholiques, saintement émus au spectacle de ces pompes, ne devaient que trop tôt assister à d'autres triomphes, à d'autres manifestations: de nouvelles épreuves étaient réservées à la papauté et à l'Église.

LIVRE VINGT-NEUVIÈME.

DÉVELOPPEMENT de la situation, en france et a l'étranGER, DEPUIS LA GUERRE DE CRIMÉE JUSQU'A LA GUERRE D'ITALIE (1856-1858).

I

La question d'Orient et la question d'Italie, qui ne pouvaient être agitées ni résolues sans causer un ébranlement au monde, n'avaient pas seules, néanmoins, le privilége de préoccuper l'attention des peuples et l'action des gouvernements: chaque pays, en dehors de ces importants problèmes, continuait à vivre de sa vie propre, et le résumé que nous traçons serait trop incomplet si nous ne passions pas en revue le mouvement des esprits et les événements qui se produisaient, durant cette période, soit en dehors de la France, soit dans notre pays.

Pour fortifier dans la chambre des lords l'élément que l'on pourrait définir la science des jurisconsultes, et pour éviter, en même temps, d'accroître, outre mesure, le nombre des membres de la chambre haute, le gouvernement anglais avait eu l'idée de créer des pairs à vie, et ce titre fut conféré à sir James Parke. La chambre des lords se crut attaquée dans son essence même par le droit que revendiquait la cou

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