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du Théatre-Français, par M. Lemazurier; tom. I, p. 149 et suiv.) Pour Gautier-Garguille, Gros Guillaume et Turlupin, voir ci-après la Note 18 de ce livre.

(8) Armand de Bourbon, prince de Conti, frère du grand Condé né le 11 octobre 1629, mort à Pézenas, le 21 février 1666. IÍ épousa Anne Martinozzi, nièce du cardinal Mazarin. De protecteur de Molière il devint détracteur violent des spectacles. Il composa contre eux un ouvrage intitulé Traité de la comédie et des spectacles selon la tradition de l'Église, Paris, 1667, in-8°. Il est auteur de plu

sieurs autres écrits.

(9) François Bernier, né à Angers, écrivit des ouvrages de philosophie qu'on ne lit plus. Mais on trouve encore de l'intérêt à ses Voyages contenant la description des États du Grand Mogol, de l'Indoustan, du royaume de Cachemire. Le Roi lui demandant à son retour quel était de tous les pays qu'il avait vus celui qu'il aimerait le mieux habiter: La Suisse, Sire, répondit Bernier avec trop de sincérité.

(10) Claude-Emmanuel LHUILLIER CHAPELLE, maître des comptes, naquit en 1626 près Paris, au village de la Chapelle dont il prit le nom. Il est connu par son Voyage fait en commun avec Bachaumont, et par quelques pièces fugitives qui ont été recueillies en un volume. Il mourut à Paris en 1686.

(11) Jean Hesnaut, auteur du fameux Sonnet de l'Avorton. Voici celui qu'il composa contre Colbert, lors du procès de Fouquet :

Ministre avare et lâche, esclave malheureux,

Qui gémis sous le poids des affaires publiques;
Victime dévouée aux chagrins politiques,

Fantôme révéré sous un titre onéreux;

Vois combien des grandeurs le comble est dangereux,
Contemple de Fouquet les funestes reliques,

Et tandis qu'à sa perte en secret tu t'appliques,
Crains qu'on ne te prépare un destin plus affreux.

Sa chute quelque jour te peut être commune;
Crains ton poste, ton rang, la cour et la fortune;

Nul ne tombe innocent d'où l'on te voit monté.

Cesse donc d'animer ton prince à son supplice,

Et, près d'avoir besoin de toute sa bonté,

Ne le fais pas user de toute sa justice.

Effrayé de l'inflexible rigueur avec laquelle fut traité le surintendant, Hesnaut s'empressa de détruire tous les exemplaires qu'il en put retrouver. Colbert, à qui l'on parla de ce sonnet injurieux, demanda si le Roi y était offensé. On lui dit que non. « Je ne le suis donc pas, » répondit le ministre avec une modération de parade. Il y a plus de vérité dans le mot de Charles II. Voyant un homme au pilori, ce prince demanda quel était son crime: «< Sire, lui diton, il a composé des libelles contre vos ministres. Le grand sot! répondit Charles; que ne les écrivait-il contre moi? >> Une partie de ses OEuvres diverses a été recueillie en un volume in-12, Paris, 1670. Il mourut en 1682.

le

(12) Cirano de Bergerac donna en 1653, deux ans avant sa mort, une tragédie d'Agrippine, qui fut froidement accueillie. Il disait de Montfleuri père, comédien de l'hôtel de Bourgogne très-largement constitué: « A cause que ce coquin-là est si gros qu'on ne peut bâtonner tout entier en un jour il fait le fier.» Ayant eu querelle avec cet acteur, il lui avait défendu de sa propre autorité de monter sur le théâtre. « Je t'interdis, lui dit-il, pour un mois. » A deux jours de là, Bergerac se trouvant à la comédie, Montfleuri parut, et vint faire son rôle à son ordinaire. Bergerac, du milieu du parterre, lui cria de se retirer en le menaçant, et il fallut que Montfleuri, crainte de pis, se retirât. ( Ménagiara, édit. de 1715, t. III, p. 240.)

(13) Grimarest a dit que Molière fut obligé de faire le voyage à cause du grand âge de son père. L'assertion est inexacte: le père de Molière ne pouvait avoir alors plus de 46 ans, puisque ses père et mère se marièrent le 11 juillet 1594. ( Dissertation sur Molière, par M. Beffara, pag. 25 et 26.)

(14) Voici le passage de la comédie d'Élomire hypocondre, acte IV,

scène 2:

En quarante et quelque peu devant,

Je sortis du collège, et j'en sortis savant;
Puis venant d'Orléans, où je pris mes licences,
Je me fis avocat au retour des vacances;

Je suivis le barreau pendant cinq ou six mois,

Où j'appris à plein fond l'ordonnance et les lois.
Mais, quelque temps après, me voyant sans pratique,

Je quittai là Cujas, et je lui fis la nique :

Me voyant sans emploi, je songe où je pouvais
Bien servir mon pays des talens que j'avais;
Mais ne voyant point où, que dans la comédie,
Pour qui je me sentais un merveilleux génie,
Je formai le dessein de faire en ce métier

Ce qu'on n'avait point vu depuis un siècle entier,
C'est-à-dire, en un mot, ces fameuses merveilles
Dont je charme aujourd'hui les yeux et les oreilles.

(15) Voici ce que dit Tallemant des Réaux, en terminant la revue des acteurs qu'il avait vus jouer : « Il faut finir par la Béjart; je ne l'ai jamais vue jouer, mais on dit que c'est la meilleure actrice de toutes. Elle est dans une troupe de campagne. Elle a joué à Paris; mais c'a été dans une troisième troupe, qui n'y fut que quelque temps. Un garçon, nommé Molière, quitta les bancs de la Sorbonne pour la suivre. Il en fut long-temps amoureux donnait des avis à la troupe, et enfin s'en mit et l'épousa. Il a fait des pièces où il y a de l'esprit, mais ce n'est pas un merveilleux acteur, si ce n'est pour le ridicule. Il n'y a que sa troupe qui joue ses pièces. Elles sont comiques,

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On voit qu'il est difficile d'être plus mal instruit que Tallemant des Réaux. Il confond Madelaine Béjart, l'actrice de l'Illustre theatre, avec Armande-Grésinde-Claire-Élisabeth Béjart, sa jeune sœur, que le garcon nommé Molière épousa. Celle-ci était à peine née, lors de la prétendue sortie de Molière de la Sorbonne.

Dans le sixième volume de sa nouvelle édition des OEuvres de La Fontaine, Paris, Lefèvre, 1827 (page 480, note), M. Walckenaer, sans réfuter aucun des argumens que nous avons opposés à Tallemant des Réaux, s'étonne de ce qu'on n'a pas accueilli son témoignage. Nous ne pouvons que répéter ce que nous avons dit :

Est-il probable que les parens de Molière eussent fait recevoir leur fils valet-de-chambre du Roi s'ils avaient voulu le faire prêtre? Comment ne pas s'en rapporter à la triple autorité de La Grange, de Boulanger et de Grimarest, plutôt qu'à celle de Tallemant seul, qui, n'étant ni l'ami ni l'ennemi de Molière, n'avait pas le même intérêt à bien étudier sa vie, et l'étudia si mal que son assertion se trouve accolée à un fait faux? Enfin, quand Molière anrait-il pu étudier la théologie, puisqu'il ne revint des Pyrénées qu'à la fin de 1642, alla étudier le droit à Orléans, revint à Paris se faire recevoir avocat, suivit les représentations et prit les leçons de Scaramouche, se mit à la tête de la troupe de l'Illustre théâtre, et partit à la fin de 1645 ou au commencement de 1646 pour courir la province avec sa troupe?

(15) Cette tradition se trouve consignée dans le quatrain placé au bas du portrait de Scaramouche:

Get excellent comédien

Atteignit de son art l'agréable manière;

Il fut le maître de Molière,

Et la nature fut le sien.

(Le Poète sans fard, ou Discours satiriques, par le sieur G. (Gacon), Cologne, 1696, p. 162, in-12).

(17) Le nom de MOLIÈRE avait déjà été porté par l'auteur d'un roman en un volume in-8°, publié en 1620, intitulé la Semaine amoureuse (par François Molière, sieur d'Essertines), et par celui d'un autre roman ayant pour titre Polixène, publié en trois volumes dans la même année, et réimprimé plusieurs fois, notamment en 1635, en deux volumes. On lit dans la Vie de Molière, par Voltaire, et dans plusieurs Dictionnaires et Histoires du ThéâtreFrançais, que ce dernier homonyme de notre auteur était comédien, et qu'il fit une tragédie intitulée Polixène; comme on n'y mentionne pas son roman du même titre, il nous paraît constant qu'il y aura eu erreur de la part de ces historiens, qui auront fait un tragique de ce romancier. Cette opinion est celle de M. Beuchot. (Voir l'article MOLIÈRE (d'Essertines) dans la Biographie universelle.)

que

Les contemporains de notre auteur l'ont tantôt nommé Molière, tantôt de Molière. On trouve aussi l'un et l'autre sur le titre et dans les privilèges des éditions originales de ses pièces; mais dans aucune des signatures que l'on possède de lui, il n'a fait précéder son nom de la particule nobiliaire; et dans l'Impromptu de Versailles, il nomme sa femme Mademoiselle Molière. Il est à remarquer dans tous les actes de l'état civil le concernant, faits pendant sa vie, qui nous sont parvenus, on ne l'a appelé que Molière simplement, et que ce n'est qu'à partir de son acte de décès qu'on l'a gratifié de la particule. Il y a même à la Bibliothèque du Roi une quittance d'arrérages de rente, donnée par sa veuve, où il est appelé Poquelin SIEUR DE Molière, désignation qui n'appartenait qu'aux gentilshommes tout au moins écuyers. Il est évident que ces différences ne doivent s'expliquer que par la vanité de mademoiselle Molière. La Fontaine fut mis à l'amende pour avoir également pris une qualité qui ne lui appartenait pas; mais on ne peut guère supposer au Bonhomme le même mobile qu'à la femme de son ami.

(18) Les frères Parfait disent dans leur Histoire du Théatre-Francais, tom. IV, p. 238 : « Gros-Guillaume jouait à visage découvert, et ses deux camarades Gautier-Garguille et Turlupin toujours masqués. Il eut la hardiesse de contrefaire un magistrat à qui une certaine grimace était familière, et il le contrefit trop bien; car il fut décrété, lui et ses compagnons. Ceux-ci prirent la fuite; mais Gros-Guillaume fut arrêté et mis dans un cachot: le saisissement qu'il en eut lui causa la mort; et la douleur que GautierGarguille et Turlupin en ressentirent les emporta aussi dans la même semaine. »

Gautier-Garguille composa des chansons qui furent imprimées en 1634, et réimprimées en 1658. Le privilège du Roi qui les accompagne est trop curieux pour que nous ne le citions pas ici, du moins en partie : « Notre cher et bien-aimé Hugues Guéru, dit Fléchelles, l'un de nos comédiens ordinaires, nous a fait remontrer, qu'ayant composé un petit livre intitulé, les nouvelles Chansons de Gautier-Garguille, il le désirait mettre en lumière et faire

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