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Molière, par M. le marquis de Fortia d'Urban, à la suite de la troisième édition de sa Dissertation sur le passage du Rhône et des Alpes, par Annibal, Paris, novembre 1821, pag. 131 et suiv.)

Nous avons dit que Madeleine Béjart était aussi àgée que Molière. Elle ne pouvait être plus jeune, puisqu'elle donna le jour, le 3 juillet 1638, à la fille qu'elle eut de son commerce avec le comte de Modène, et qui depuis fut confondue avec la femme de Molière, comme nous aurons occasion de le dire. ( Dissertation sur Molière par M. Beffara, pag. 13.)

(29) Ce fauteuil était, au mois de ventôse an vII, en la possession du sieur Astruc, officier de santé de Pézenas. Ce fait est consigné dans une lettre adressée par un habitant de cette commune, le sieur Poitevin de Saint-Cristol, à Cailhava, qui l'a insérée dans ses Études sur Molière, page 307. Nous avons donné les termes mêmes de la lettre.

M. de Jouy ajoute dans son Hermite en Province: «Plusieurs hommes célèbres, passant par cette ville, ont tenu à grand honneur de s'y asseoir. Dans un séjour de peu de durée que fit ici M. Picard, et pendant lequel les habitans de Pézenas lui donnèrent une fête, on lui offrit à table le grand fauteuil; mais M. Picard se refusa modestement aux vives instances qui lui furent faites d'occuper ce siège vénérable. »

Deux faits qui sont également rapportés dans la lettre dont nous venons de parler prouvent l'intérêt que le prince de Conti portait à Molière. Il écrivit aux consuls de Pézenas pour leur ordonner d'envoyer des charrettes à Marseillan, afin de transporter de là à la Grange-des-Prais Molière et sa troupe. On voit aussi dans les archives de Marseillan, qu'il fut établi une contribution sur les habitans de ce bourg pour indemniser Molière qui était allé avec sa troupe y jouer la comédie.

(30) Tous les historiens du théâtre ont dit, et dans notre première édition nous avions répété d'après eux, qu'en 1654 Molière s'était rendu auprès du prince de Conti, qui tenait les États de Languedoc à Béziers, et que ce fut là qu'il fit représenter pour la première fois le Dépit amoureux. En 1654 le prince de Conti ne tint pas d'autres

États que ceux ouverts à Montpellier le 7 décembre. Les États de Béziers ne furent tenus que le 17 novembre 1656 par M. de Bezons (voir la Gazette de France à ces deux époques). Le Dépit amoureux aura donc été représenté à Montpellier, et non pas à Béziers.

(31) Outre ces cinq farces, Molière passe encore pour avoir composé les suivantes, dont les titres se trouvent sur les registres de sa troupe. Voici ces titres et les dates des représentations.

Le 14 septembre 1661, Le Fagotier;

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Il est à présumer que le Fagotier, le Fagoteux et le Médecin par force sont des farces qui ont servi de prélude au Médecin malgré lui; Molière donnait souvent lui-même à cette dernière pièce le titre du Fagoteux ; que Gorgibus dans le sac est l'idée d'une des scènes des Fourberies de Scapin, et que le grand Bénét de fils a pu servir d'esquisse au portrait comique de Thomas Diafoirus. Voir l'Histoire du Théatre français par les frères Parfait, tome X, pages 108 et suivantes.

(32) L'auteur d'un recueil de prose et de vers, l'Anonymiana, Paris, Pepie, 1700, prétend que Molière était épris des charmes de la fille de son ami, mariée depuis à M. de Feuquières. Nous n'avons découvert aucun passage d'auteur contemporain qui puisse venir le moins du monde à l'appui de cette assertion. On sait seulement qu'elle fut marraine du troisième et dernier enfant de Molière.

(33) La troupe de Molière jouait sur ce théâtre les mardi, jeudi et samedi, et les Italiens les autres jours. La troupe de l'hôtel de Bourgogne ne jouait non plus que trois fois par semaine, excepté lorsqu'il y avait des pièces nouvelles. (Voltaire, loc. cit. page lv.)

Richer donne la description de cette salle, tome IV du Mercure Français, pag. 9 et 10, année 1614; elle est rapportée par les frères Parfait dans leur Histoire du Théâtre Français, tome VIII, pag. 239,

note.

(34) C'est à tort que les frères Parfait ont dit que Du Croisy se réunit à la troupe de Molière en province. Il n'en fit partie que le 25 avril 1659.

Après la mort de Molière, Du Croisy, étant goutteux, se retira à Conflans-Sainte-Honorine, bourg près de Paris où il avait une maison. Il s'y fit distinguer par les vertus d'un honnête homme, et s'attira particulièrement l'affection de son curé, qui le regardait comme un de ses plus estimables paroissiens. Il y mourut en 1695. Le curé fut si fort touché de cette perte, qu'il n'eut pas le courage de célébrer lui-même la cérémonie funèbre, et pria un ecclésiastique de remplir pour lui ce ministère. (Histoire du Théatre-Français, par les frères Parfait, tome XIII, page 295.)

La Grange mourut le 1er mars 1692, rue de Bussy, sur la paroisse Saint-André-des-Arcs. Cette date n'est pas sans intérêt, puisqu'elle fait connaitre l'époque à laquelle fut perdue la presque totalité des manuscrits de Molière, ainsi que nous l'avons dit page 108. La Grange avait épousé la fille de Ragueneau, acteur subalterne de la troupe de Molière. Elle en faisait elle-même partie; mais on n'est pas d'accord sur l'époque à laquelle elle y entra. Elle avait été, avant son mariage, femme-de-chambre de mademoiselle De Brie, et n'était connue alors que sous le nom de Marotte. Sa coquetterie et sa laideur lui avaient attiré l'épigramme suivante :

Si, n'ayant qu'un amant, on peut passer pour sage,

Elle est assez femme de bien:

Mais elle en aurait davantage,

Si l'on voulait l'aimer pour rien.

(Histoire du Théatre-Français, par les frères Parfait, tome XIII, page 299.)

(35) L'hôtel de Rambouillet, si souvent cité dans nos mémoires et dans les lettres de madame de Sévigné, était situé rue

des Fossés-Montmartre. Les maisons aujourd'hui numérotées 1 et 3 ont été construites sur le terrain de cet hôtel ( V. le Courrier des Tribunaux du 27 mai 1827.)

(36) L'auteur des Maximes aimait avec passion les romans de la Calprenède et autres.

On lit dans le Longueruana, 1754, tome I, page 104: « La comédie des Précieuses ridicules décrédita les romans et ruina le pauvre Joly (libraire ), qui venait de traiter avec Courbé (autre libraire) pour son Fonds romanesque, dont l'impression de Pharamond, déjà fort avancée, et qui parut l'année suivante, faisait une partie considérable. Ce Pharamond vint au monde sous cette mauvaise étoile, et fut un enfant mort-né. M. de La Rochefoucauld a été toute sa vie fidèle aux romans. Tous les après-midi il s'assemblait avec Segrais chez madame de La Fayette, et on y faisait une lecture de l'Astrée. » Voir aussi une lettre de madame de Sévigné à madame de Grignan, du 12 juillet 1671.

(37) Ménage dit dans l'édition qu'il a donnée des Poésies de Malherbe (Observations sur le livre 5):

« Ce mot d'Arthénice, que Malherbe fit pour madame de Rambouillet, lui est demeuré; car c'est ainsi que tous les écrivains l'ont depuis appelée dans leurs ouvrages; et elle s'est elle-même ainsi appelée dans ces vers qu'elle fit pour son épitaphe, quelque temps

avant sa mort :

Ici gît Arthénice, exempte des rigueurs

Dont la rigueur du sort l'a toujours poursuivie;

Et si tu veux, passant, compter tous ses malheurs,
Tu n'auras qu'à compter les momens de sa vie.

que

cette

C'était au reste une personne d'un mérite extraordinaire madame la marquise de Rambouillet. Voiture l'a traitée de divine. Voici ce qu'en dit Segrais : « Madame de Rambouillet était admirable; elle était bonne, douce, bienfaisante et accueillante, et elle avait l'esprit droit et juste : c'est elle qui a corrigé les méchantes coutumes qu'il y avait avant elle: elle s'était formé l'esprit dans la lecture des bons livres italiens et espagnols, et elle a en

seigné la politesse à tous ceux de son temps qui l'ont fréquentée. Les princesses la voyaient, quoiqu'elle ne fût pas duchesse; elle était aussi bonne amie et obligeait tout le monde. Le cardinal de Richelieu avait même beaucoup de considération pour elle. Il lui envoya une fois Bois-Robert pour lui demander son amitié, mais à une condition trop onéreuse pour elle, qui ne savait ce que c'était de prendre parti, et de rendre de mauvais offices à personne; car Bois-Robert lui dit que le cardinal la priait en amie de lui donner avis de ceux qui parlaient de lui dans les assemblées qui se tenaient chez elle. Elle répondit qu'ils étaient si fortement persuadés de la considération et de l'amitié qu'elle avait pour son Éminence, qu'il n'y en avait pas un seul qui eût la hardisse de parler mal de lui en sa présence, et ainsi qu'elle n'aurait jamais occasion de lui donner de semblables avis. Comme elle était entendue en toutes choses, excepté dans les affaires de sa maison, c'est elle qui a introduit les appartemens à plusieurs pièces de plain-pied, de sorte que l'on entrait chez elle par une enfilade de salles, d'antichambres, de chambres et de cabinets. (Segraisiana, 1721, 1re partie, p. 26 et 27.)

(38) « Les Précieuses, dit l'abbé Cotin, s'envoyaient visiter par un rondeau ou une énigme, et c'est par-là que commençaient toutes les conversations.» Aussi Cotin donna-t-il en 1648 un recueil d'énigmes, et l'année suivante un recueil de rondeaux.

(39) Boileau composa ses Héros de roman en 1710; mais ils ne furent publiés qu'en 1713, deux ans après sa mort.

(40) Angélique-Claire d'Angennes, autre fille de madame de Rambouillet et première femme de M. de Grignan, lequel épousa en secondes noces Marie-Angélique du Pui-du-Fou, et devint en troisièmes noces gendre de madame de Sévigné.

(41) Le prix du parterre fut porté de to sous à 15. (Lettre sur Molière insérée au Mercure de France, mai 1740.) Le prix des autres places fut doublé. ( Préface de l'édition des OEuvres de Molière, 1682, par La Grange.) La Grange, et après lui presque tous les littérateurs qui ont écrit sur Molière, ont dit que le prix des places avait été doublé, sans faire d'exception pour le parterre. C'est une erreur, comme le constate la première autorité citée, et comme ces vers de

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