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AVERTISSEMENT

DE LA PREMIÈRE ÉDITION.

Le public, nous le savons, avait renoncé à lire les préfaces long-temps avant que les auteurs se fussent lassés d'en faire. Aussi lui ferions-nous grace de la nôtre, si elle n'était pour nous l'accomplissement d'un devoir.

Que MM. Walckenaer et Musset-Pathay, dont les excellentes Histoires de La Fontaine et de J.-J. Rousseau nous ont donné l'idée d'entreprendre le même travail sur Molière, trouvent ici l'expression de notre reconnaissance; que le biographe du fabuliste surtout, dont le plan avait des rapports plus directs avec le nôtre, reçoive l'assurance que son livre a été pour nous un guide que nous nous sommes fait une loi de suivre.

Que M. Beffara nous permette de révéler que, si quelque exactitude dans les détails historiques de notre ouvrage fait pardonner ses imperfections, c'est en grande partie à ses laborieuses recherches et à son inépuisable complaisance que nous devons cette sorte de compensation.

Comme nous tenons beaucoup à ce que cet acquit de conscience reçoive autant de publicité que possible,

nous ne ferons pas notre avertissement plus long, afin qu'il soit lu.

15 avril 1828.

Nous sommes heureux de pouvoir renouveler ici ce témoignage de gratitude. Mais aux dettes de reconnaissance que nous avions précédemment contractées, M. Beffara et M. Guérard, de la Bibliothèque du Roi, sont venus en ajouter de nouvelles. C'est à ce dernier, on le verra, qu'est due la récente découverte du lieu où naquit Molière.

Le savant traducteur d'Ovide, M. Villenave, a également eu l'obligeance de nous communiquer une lettre autographe, qui offre trop d'intérêt pour que nous ne la rapportions pas ici. On verra par ce précieux document si les reproches adressés à Grimarest par Boileau et J.-B. Rousseau avaient quelque chose d'exagéré.

A M. LE PREMIER PRÉSIDENT DELAMOIGNON.

MONSEIGNEUR,

Jв me donne l'honneur de vous envoyer l'article de la Vie de Molière qui regarde le Tartuffe, sur ce que M. de Fontenelle m'a dit que vous doutiez de la discrétion et du respect que je devais avoir en rapportant ce fait. Vous n'ignorez pas, Monseigneur, tous les mauvais contes que l'on a faits sur cet endroit de la vie de Molière. J'en ai approfondi la fausseté avec soin; mais plus de vingt personnes m'ont assuré que la chose se passa à peu près comme je l'ai rendue, et j'ai cru qu'elle était d'autant plus véritable que dans le Ménagiana, imprimé avec privilège en 1693, on fait dire à M. Mé

nage, en parlant du Tartuffe : Je dis à M. le Premier Président de Lamoignon, lorsqu'il empêcha qu'on ne le jouát, que c'était une pièce dont la morale était excellente, et qu'il n'y avait rien qui ne pút être utile ou public. Vous voyez, Monseigneur, que j'ai supprimé ce nom illustre de mon ouvrage, et que j'ai eu l'attention de donner de la prudence et de la justice à sa défense du Tartuffe par mes expressions. M. de Fontenelle, qui a la même attention que moi pour tout ce qui vous regarde, monseigneur, a jugé que j'avais bien manié cet endroit, puisqu'il a approuvé mon livre qui est presque imprimé. Cependant, si vous jugez que je n'aie pas réussi, ayez la bonté de me prescrire les termes et les expressions, je ferai faire un carton; le profond respect et le sincère attachement que j'ai depuis longtemps pour vous, Monseigneur, et pour toute votre illustre famille, ne me permettant pas de m'écarter un moment de ce que je lui dois. Lorsque j'ai eu en vue de composer la vie de Molière, je n'ai point eu intention de me donner une mauvaise réputation, ni d'attaquer personne, mais seulement de faire connaître cet excellent auteur par ses bons endroits. Si j'ai l'honneur de vous écrire, Monseigneur, au lieu d'aller moi-même vous rendre compte de ma conduite, que l'on vous aura peut-être altérée, c'est que je sais que vos momens sont précieux, et c'est pour vous donner le temps de réfléchir sur ce que je prends la liberté de vous mander, et lorsqu'il vous plaira je me rendrai auprès de vous pour recevoir vos ordres, que je vous supplie très-humblement de me donner le plus tôt qu'il vous sera possible à cause de l'état où est mon impression. Je vous demande en grâce, Monseigneur, d'être persuadé de l'envie que j'ai de vous témoigner dans des occasions plus essentielles que celle-ci que personne ne vous est plus attaché que je le suis, et que l'on ne peut être avec plus de respect que j'ai l'honneur de l'être,

MONSEIGNEUR,

Votre très-humble et très-obéissant serviteur,

DE GRIMAREST.

Je recevrai les ordres dont il vous plaira m'honorer dans la rue

du Faubourg-Saint-Germain.

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