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O Juifs, s'il s'agissait de quelque injustice, ou de quelque mauvaise action, je me croirais obligé de vous entendre avec patience; mais s'il ne s'agit que de contestations de doctrine, de mots et de votre loi, démélez vos différends comme vous l'entendrez, car je ne veux point m'en rendre juge. Il les fit retirer ainsi de son tribunal. Et tous ayant saisi Sosthène, chef d'une synagogue, le battaient devant le tribunal, sans que Gallion s'en mit en peine.

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La première épître aux Corinthiens ne fut écrite que trois ans après cet événement, c'est-à-dire en l'année 56; c'est ce qui a fait croire à quelques auteurs, que le comde saint Paul était plutôt le chef de la synagogue pagnon dont il est parlé au commencement de cette épître, que le disciple de Jésus-Christ, dont nous n'avons, au surplus, point d'autre connaissance que celle qu'Eusèbe nous en donne.

Les Grecs font sa fête le 8 Décembre et lui donnent le titre d'Apôtre. Ils le qualifiaient aussi premier évêque de Colophon, en Asie. Les Latins honorent sa mémoire depuis le neuvième siècle, comme il résulte des martyrologes d'Adon et d'Usuard. Le premier a marqué sa fête au 28 Novembre, où il le qualifie disciple des apôtres, et au 11 Juin, où il l'appelle disciple de saint Paul. Le martyrologe romain met aussi sa fête au 28 Novembre, en faisant remarquer, qu'il s'agit de celui qui avait été chef de la synagogue de Corinthe.

Voyez Tillemont, t. I, et Baillet en ce jour.

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Tiré de ses actes sincères, publiés par Surius et par Ruinart, et cités par saint Grégoire de Tours. Voyez Tillemont, t. III, p. 297; Calmet, Hist. de Lorraine, 1. 3, p. 130; Rivet, Hist. Litt. de la Fr., t. I, p. 306; Raynal, Hist. de Toulouse, 1759, in-4o, p. 16, et l'Histoire de Languedoc, par les PP. de Vic et Vaisset, t. I.

L'AN 250.

SAINT SATURNIN, vulgairement appelé saint Sernin, vint de Rome prêcher la foi dans les Gaules. Il y fut envoyé par le Pape saint Fabien, vers l'an 245, quelque temps après l'arrivée de saint Trophime, premier évêque d'Arles. Ce fut en 250, sous le consulat de Dèce et de Gratus, qu'il fixa son siége épiscopal à Toulouse, capitale des Tectosages, dont Jules-César avait fait une colonie romaine.

Nous apprenons de Fortunat (1) que saint Saturnin convertit un grand nombre de païens par ses prédications et ses miracles. C'est tout ce que nous savons de lui, jusqu'au temps de son martyre.

L'auteur de ses actes, qui écrivit environ cinquante ans après sa mort, rapporte qu'il assemblait son troupeau dans une petite église, et que le capitole, le principal temple des idoles, était sur le chemin qui conduisait de sa demeure à son église. C'était dans ce temple que se rendaient les oracles; mais la présence du Saint, qui passait parlà, rendit les démons muets. Les prêtres, persuadés que le silence de leurs dieux n'avait point d'autre cause, épiè

(1) L. 2, c. 9.

rent le moment où Saturnin passait, se saisirent de sa personne, et le conduisirent dans le temple, en lui déclarant qu'il fallait, ou qu'il sacrifiât pour réparer son impiété prétendue, ou qu'il l'expiât dans son sang. «< Que

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me proposez-vous, répondit le Saint avec une généreuse » liberté ? J'adore un seul Dieu, et je suis prêt à lui offrir un sacrifice de louange. Vos dieux ne sont que des » démons: ils sont bien plus jaloux du sacrifice de vos » âmes, que de celui de vos victimes. Pourrais-je les craindre, eux que je fais trembler devant un chrétien ? » Cette réponse excita la fureur des idolâtres. Ils firent souffrir au Saint toutes les indignités qu'un zèle aveugle peut inspirer. Enfin, ils l'attachèrent par les pieds à un taureau qu'on avait amené pour le sacrifice. L'animal qu'on avait irrité, traîna le martyr avec tant de violence, qu'on vit bientôt la cervelle sauter de la tête, et les entrailles sortir du corps. Mais son âme affranchie de ses liens, s'envola dans le royaume de paix et de gloire. Le taureau continuant de le traîner, ses membres se détachèrent, et les rues furent teintes de son sang. La corde s'étant rompue, le tronc du Saint resta dans la plaine, qui était hors des portes de la ville. Deux femmes chrétiennes ramassérent ce qu'elles purent retrouver de son corps; puis, l'ayant renfermé dans une bière, elles le mirent dans une fosse profonde, , pour le dérober plus sûrement aux insultes des païens. Les reliques de saint Saturnin restèrent en cet état Jusqu'au règne de Constantin-le-Grand.

Hilaire, alors évêque de Toulouse, fit bâtir une petite chapelle sur le corps de son saint prédécesseur. Sylvius, évêque de la même ville, vers la fin du quatrième siècle, jeta les fondemens d'une église magnifique en l'honneur du saint martyr; Exupère, son successeur, l'acheva, en fit la dédicace, et y transféra les reliques du saint apôtre de Toulouse. Ce précieux trésor s'y garde encore avec vénération.

Quelques-uns diffèrent le martyre de saint Saturnin jusqu'à la persécution de Valérien, en 257; et ils s'appuient sur ce qu'il est dit qu'il fonda une église nombreuse, et qu'il bâtit un temple au vrai Dieu. Mais nous répondons que tout cela put se faire dans l'espace de cinq ans. Nous ne pensons donc pas qu'on doive rejeter l'ancienne tradition de l'église de Toulouse, laquelle place le martyre de saint Saturnin sous le règne de Dèce, en 250 : tradition d'ailleurs confirmée par plusieurs écrivains estimables (2).

Le martyrologe romain fait mention d'un autre S. Saturnin en ce jour. Celui-ci fut décapité à Rome pour la foi, avec saint Sisinius, sous le règne de Dioclétien, en 304, et fut enterré à deux milles de la ville, sur la voie Nomentane.

L'esprit dont furent animés les premiers apôtres des différentes nations, nous donne l'idée d'un vrai disciple de Jésus-Christ. Qu'était-ce qu'un chrétien dans ces heureux temps? C'était un homme vivement pénétré du sentiment de son néant, courageux cependant et magnanime dans son humilité; un homme que son détachement des choses créées élevait au-dessus du monde; qui maîtrisait ses sens par la mortification, et qui était mort à lui-même; qui n'avait d'autre intérêt que celui de la gloire de Jésus-Christ; qui était doux et affable, patient, rempli de tendresse et de charité pour le prochain, brûlant de zèle pour la religion, toujours prêt à voler dans les régions les plus éloignées, pour porter la lumière de la foi aux infidèles, et à verser son sang pour la défense de la vérité du christianisme. De telles dispositions, constamment soutenues par une vie qui y était conforme, sont quelque chose de plus grand et de plus étonnant encore que les signes extérieurs et les miracles. Quelle merveille, si les hommes que nous

(2) Voyez l'Histoire de Languedoc, par D. Devic et D. Vaisset, note 30, p. 621.

venons de dépeindre, ont converti un monde idolâtre, ont soumis au joug de l'Evangile des cœurs attachés à la terre, et plongés dans toutes sortes de vices, ont enfin fait aimer et pratiquer une religion qu'ils prêchoient encore plus efficacement par leurs actions que par leurs discours!

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S. BRANDON, ABBÉ EN IRLande.

SAINT BRANDON OU BRENDAN, fondateur du monastère de Birre, dans le comté de King, ne doit point être confondu avec saint Brendan, fils de Findloga, qu'on honore le 16 Mai. La confusion serait d'autant plus facile, qu'ils furent l'un et l'autre disciples de saint Finian de Cluainiraird.

Saint Brendan de Birre était lié d'une étroite amitié avec saint Colomkille. On dit que ce fut par le conseil du premier, que le second choisit pour sa retraite l'île de Hy."

Saint Adamnan rapporte, dans la vie de saint Colomkille (1), que cet abbé, étant en prières dans son monastère de Hy; fut instruit par une vision du moment où saint Brendan mourait en Irlande, et qu'il ordonna à Dormit, son disciple, de tout préparer, afin qu'on célébrât la messe pour la nativité de l'abbé Brendan. Il entendait par le mot de nativité le passage de notre Saint à la vie éternelle. « La nuit dernière, ajouta-t-il, j'ai vu les cieux s'ouvrir tout à coup, et les chœurs des anges venir au-devant » de son âme avec une lumière si éclatante, que toute la » terre en était remplie. »

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Saint Brendan est patron titulaire de la cathédrale d'Ardfert (2), dans le comté de Kerry. Il était né dans ce pays,

(1) L. 3, c. 15.

(2) Ert, évêque de Kerri, siégait probablement à Ardfert. C'était le principal siége de ce pays, quoiqu'il ait été tenu en commende avec

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