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divin amour. Cette vertu, qui est la reine de toutes les autres, qui en est l'âme et la forme, il faut l'entretenir par la prière, le recueillement et la méditation de la loi du Seigneur; il faut encore l'exercer par des actes extérieurs, sur-tout par ceux de la charité fraternelle et par la pratique des œuvres de miséricorde.

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S. NARSÈS, ÉVÊQUE, ET SES COMPAGNONS, MARTYRS.

Quatrième siècle.

LA quatrième année de la grande persécution excitée par Sapor II, Narsès, évêque de Sciaḥarcadat, capitale de la province de Beth-Germa, en Perse, fut arrêté avec Joseph, son disciple, lorsque le Roi était dans cette ville. On les conduisit l'un et l'autre devant le prince. Sapor adressant la parole à Narcès, lui dit : « Je suis touché de votre air vénérable et de vos cheveux blancs, ainsi que >> de la bonne mine de votre jeune pupille. Vous êtes les » maîtres de conserver votre vie. Adorez le soleil, et je vous comblerai de biens et d'honneurs; car, je vous le répète, vous m'inspirez un vif intérêt. Vos caresses, répondit le bienheureux Narsès, ne peuvent que nous affli»ger, elles sont un piége; elles ont pour objet de nous attacher à un monde perfide. Vous même, qui jouissez

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» de tous les avantages de ce monde, et qui les promettez aux autres, qu'en pensez-vous? sont-ils autre chose

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qu'un songe qui s'évanouit? Ne ressemblent-ils pas à la rosée du matin, qui est séchée en un instant? Quant à >> moi, qui suis plus qu'octogénaire, et qui sert le vrai » Dieu depuis mon enfance, je conjure ce même Dieu de ne pas permettre que je lui devienne infidèle en ado

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rant le soleil, qui est l'ouvrage de ses mains. Si vous ne

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» m'obéissez pas sur-le-champ, dit le Roi avec colère, je vais vous livrer aux bourreaux. Eussiez-vous, répliqua » Narsès, le pouvoir de nous faire souffrir plusieurs morts, nous ne pouvons vous obéir. » Alors le Roi prononça la sentence, et les deux martyrs furent remis entre les mains des bourreaux. Une multitude innombrable de peuple les suivit au lieu du supplice. Narsès, ayant jeté les yeux autour de lui, Joseph lui dit : « Voyez comme ce peuple vous regarde ; il attend que, suivant la coutume, vous lui don» niez la permission de s'en aller, et que vous vous retiriez » dans votre maison. » L'évêque répond à son disciple en l'embrassant : « Que vous êtes heureux, mon cher Joseph, d'avoir évité les piéges du monde, et d'être entré avec joie par la porte étroite qui conduit au royaume céleste. » Joseph et son bienheureux maître furent décapités le 10 de la lune de Novembre en 343.

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Plusieurs autres chrétiens souffrirent vers le même temps. Jean, évêque de Beth-Séleucie, fut mis à mort dans le château de Beth-Hascita, par l'ordre d'Ardascirus, prince de Perse, et qui était peut-être fils de Sapor. Isaac, prêtre de Hulsar, fut lapidé hors des murs de Beth-Séleucie, par l'ordre du président d'Adatgusnasaph. Le prince Ardascirus, étant vice-roi d'Adiabène, fit mettre à mort Papa, prêtre d'Helmine, dans le château de Gabal. Le même prince ordonna à des femmes de Beth-Séleucie, qui avaient apostasié, de lapider un jeune ecclésiastique, nommé Uhanam. Guhsciatazades, eunuque du palais d'Ardascirus, ayant refusé de sacrifier au soleil, Vartranes, prêtre apostat, eut ordre de le massacrer de sa propre main. Mais celui-ci se sentit tellement saisi de frayeur à la vue du martyr, qu'il fut un temps considérable sans oser le frapper. Le Saint lui dit : « Comment, vous qui êtes prêtre, venez" Vous pour m'ôter la vie? Mais je me trompe, en vous donnant la qualité de prêtre. Remplissez votre commission;

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» mais pensez à votre apostasie, et à la fin tragique de Ju» das. » Vartranes, d'une main tremblante, lui porta enfin un coup mortel. Les martyrs, dont nous allons rapporter les noms, étaient laïques. Sazanes, Marès, Timée et Zaron versèrent leur sang pour la foi dans la province des Huzites. Bahuta, qui était une femme de qualité de Beth-Séleucie, fut mise à mort par l'ordre du président : Tècle et Danacha, vierges de la même ville, souffrirent le martyre peu de temps après. Tatona, Mama, Mazachia et Anne, aussi vierges de Beth-Séleucie, furent exécutées hors des murs de Burchata. Sapor fit massacrer trois autres vierges de la province de Beth-Germa, savoir, Abiata, Hatès et Mamlacha.

Voyez les actes sincères de ces martyrs, ap. Steph. Assemani, Act. Martyr. Orient. t. I, p. 97.

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S. SAPOR, ÉVÊQUE DE BETH-NICTOR; S. ISAAC, ÉVÊQUE DE CARCHA; SS. MAHANÈS, ABRAHAM ET SINÉOM,

MARTYRS.

L'AN 339.

LA trentième année du Roi Sapor II, les mages accusèrent les chrétiens auprès de ce prince. « Bientôt, lui di>> rent-ils, on n'adorera plus le soleil, ni l'air, ni l'eau, » ni la terre, car les chrétiens les méprisent et les insul» tent. » Sapor irrité renonça à un voyage qu'il avait dessein de faire à Aspharèse, et publia un édit par lequel il était ordonné de mettre en prison tous les chrétiens dont on pourrait se saisir. Mahanès, Abraham' et Siméon furent les premiers qu'on arrêta. Le lendemain les mages dirent au Roi : « Sapor, évêque de Beth-Nictor, et Isaac, évêque » de Beth-Séleucie, bâtissent des églises et séduisent beau

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» coup de monde (1). J'ordonne, répondit le Roi transporté de colère, qu'on fasse une recherche des coupa>>bles dans tous mes états, et qu'on les interroge sous trois jours. » On fit partir des cavaliers qui coururent nuit et jour, et emmenèrent ceux sur-tout que les mages avaient accusés. On les renferma dans la même prison que les confesseurs qu'on avait déjà arrêtés. Le lendemain de l'arrivée de ces nouveaux chrétiens, Sapor, Isaac, Mahanès, Abraham et Siméon furent conduits devant le Roi, qui leur dit : « Ne savez-vous pas que je suis issu du sang des dieux? Je » sacrifie cependant au soleil, et je rends au feu les honneurs divins. Vous autres, qui êtes-vous pour désobéir » à mes lois, pour mépriser le soleil et le feu ? Nous ne >> connaissons qu'un seul Dieu, et nous n'adorons que lui, répondirent les martyrs tout d'une voix. Est-il, répliqua » le Roi, un dieu meilleur que Horsmidate, et plus fort qu'Aramane irrité? Et qui d'ailleurs ignore qu'on doit >> adorer le soleil (2)? Nous ne connaissons qu'un seul Dieu

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(1) Le mot beth, qui est chaldaïque, signifie montagne. Les deux villes dont il s'agit étaient bâties sur des montagnes situées en Assyrie.

(2) Les actes de nos saints martyrs, et ceux de quelques autres martyrs de Perse, prouvent qu'indépendamment du bon et du mauvais principe, les anciens Perses de la secte des Mages, adoraient comme des divinités inférieures les quatre élémens, et surtout le feu. Ils doivent servir à rectifier les inexactitudes et même les faussetés qui se trouvent dans l'histoire de la religion de ce peuple, donnée par Prideaux, Samuel Clarck et Ramsay.

Le docteur Hyde a donné un ouvrage rempli d'érudition sur la Religion des anciens Perses. On y voit de quelle manière Zoroastre la purgea de ce qu'elle avait de grossier. C'est la plus ancienne idolâtrie qu'on connaisse. On y admettait l'unité et l'immensité d'une divinité suprême. Le feu, qu'on avait adoré grossièrement jusqu'à Zoroastre, n'était regardé que comme un ministre et un instrument de la divinité. Zoroastre retint un culte du feu, mais plus raffiné. Il voulait qu'on adorât Mythras ou Myhir, le feu céleste du soleil : il laissa aussi subsister le feu

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qui a créé toutes choses, reprit le saint évêque Sapor: " nous adorons aussi Jésus-Christ son Fils. » Le Roi ordonna de le frapper sur la bouche: ce qui fut exécuté avec tant de cruauté, qu'on lui fit sauter toutes les dents; en

perpétuel; mais il abolit plusieurs des rites qu'on avait observés jusqu'alors dans le culte de cet élément.

On convient que les Guèbres de Perse, qui forment un peuple pauvre et méprisé, descendent des mages. On donne aussi la même origine aux Parsis ou anciens Perses qui, pour se soustraire à la fureur des Mahometans, s'enfuirent dans l'Inde. Ils prétendent avoir encore leur ancienne religion, quoiqu'ils vivent au milieu des Indiens idolâtres. Ils se sont dispersés jusqu'au voisinage de Surate et de Bombay. On appelle Dustoors leurs principaux moghs ou mages, qui sont préposés aux cérémonies religieuses.

M. Grose, dans son Voyage aux Indes orientales, imprimé à Londres en 1757, nous apprend que la religion ou réforme de Zoroastre, ne satisfit ni la grossièreté du peuple, ni la cupidité des Dustoors, et qu'elle s'éloigna dans la suite de sa pureté originelle. Suivant le même auteur, qui parle d'après les Parsis, tous les livres de Zoroastre sont perdus, sans qu'on sache comment ils ont disparu. Ce peuple n'a plus que le Zend ou Zendavastaw, écrit en ancien persique, et qu'on prétend avoir été compilé de mémoire par Erda-Viraph, un des principaux mages. Il y en a un extrait ou une traduction en persique moderne, dont l'auteur est le fils de Melik-Shadi, qui vivait il y a environ 250 ans, et qui est intitulé Saud-dir, ou les cent Portes. M. Grose assure qu'Erda-Viraph fit des changemens et additions considérables à la doctrine primitive de Zoroastre. On doit conclure des observations qu'il fait à ce sujet, que Hyde et Beausobre s'appuient trop sur les coutumes et les dogmes des descendans des mages. Si le sentiment de M. Grose est vrai, on espère en vain découvrir parmi les Guèbres des Indes, le Zend original écrit par Zoroastre lui-même.

Suivant le docteur Hyde, le Zend existe dans les Indes. Il est en langue persique et en caractères anciens Le Pé-Zend ou commentaire sur le Zend, est dans une langue moins ancienne, et écrit avec des caractères qui sont aussi moins anciens. Suivant M. Grose, le Zend qui existe est un ouvrage moderne, et ne représente point la véritable doctrine de Zoroastre. Il n'est pas possible de décider lequel des deux a raison. Le point n'est pas encore suffisamment éclairci; il faut de nouvelles lumières, et on ne peut les attendre que du temps.

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