Images de page
PDF
ePub

fia par le spectacle des plus éminentes vertus. Il engagea saint Honorat, son ami, qui voulait mener la vie solitaire, à se fixer dans son diocèse, et il lui désigna l'île de Lérins. Honorat y bâtit un monastère qui devint depuis trèscélèbre, et qu'il gouverna jusqu'au temps où il fut élu archevêque d'Arles.

Cassien, fondateur de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille, dédia ses dix premières conférences à Léonce de Fréjus, vers l'an 423. Quelques auteurs ont cru que les conférences de Cassien furent dédiées à un autre évêque, nommé aussi Léonce, mais différent de notre Saint. Ce sentiment ne paraît point appuyé sur des preuves solides (1).

On compte saint Léonce, de Fréjus parmi les evêques des Gaules, auxquels les Papes Boniface et Célestin I écrivirent pour des affaires importantes. La lettre du premier concernait les mesures à prendre dans la cause de Maxime de Valence, contre lequel on avait porté des plaintes graves au Saint-Siége. Il s'agissait dans celle de Célestin d'imposer silence aux semi-pélagiens, qui attaquaient la doctrine de saint Augustin sur la grâce,

Léonce mourut vers l'an 432; ainsi le Pape saint Léon ne peut avoir eu dessein de lui conférer la primatie dont il voulait dépouiller Hilaire d'Arles. La lettre d'ailleurs qu'il écrivit à ce sujet aux évêques de la province de Vienne, est de l'an 445 (2). Notre Saint est honoré en ce jour dans les diocèses de Fréjus et d'Apt. On lui a donné quelquefois le titre de martyr, mais sans aucun fondement (3). On

(1) Voyez M. Girardin, Hist. de la ville et de l'église de Fréjus, t. II, p. 63.

(2) Voyez Antelmi, de initiis ecclesiæ Forojuliensis. Il paraît prouver solidement que saint Léonce de Fréjus mourut vers l'an 432 ou 433. (3) Le P. Louis Dufoer, Jésuite, a donné un livre intitulé : S. Leontius, episcopus et martyr, suis Forojuliensibus restitutus, lequel fut imprimé T. XVIII. 13

l'a aussi confondu avec Léonce d'Arles, et avec d'autres évêques du même nom.

Voyez Tillemont, t. XII, p. 468; Baillet, sous le 1 Décembre; le Gallia. Christ. nova, t. I, p. 420; M. Girardin, Hist. de la ville et de l'église de Fréjus, t. II, p. 40 et suiv.

[ocr errors][merged small][merged small]

SAINT CONSTANTIEN, né en Auvergne, vécut dans une grande ferveur dès sa jeunesse. Ayant quitté son pays, il se retira dans le monastère de Micy, près d'Orléans. Il y trouva saint Frambourg, son compatriote, qui avait passé quelque temps dans la solitude d'Ivry, près de Paris (1). Le désir d'une plus grande perfection leur inspira depuis à l'un et à l'autre la résolution de chercher quelque désert écarté, où ils fussent inconnus au monde. Ils s'arrêtèrent dans la forêt de Javron, au pays du Maine. Saint Innocent, évêque du Mans, obligea depuis Constantien à recevoir les saints ordres, afin qu'il pût être utile aux habitans des villages voisins. Son zèle, sa douceur, ses exemples et ses prières opérèrent un grand nombre de conversions. Il continua ses missions sous saint Domnole, successeur de saint Innocent.

La réputation de sainteté dont il jouissait le fit connaître par toute la France. Clotaire I alla le visiter, et se re

à Avignon en 1636. Le titre seul annonce quel est le sentiment de l'auteur; il est cependant porté à croire qu'il y a eu deux évêques de Fréjus du nom de Léonce; d'autres savans ont pensé de même. Voyez M. Girardin, loc. cit. p. 45.

(1) Voyez sa vie sous le 15 Août.

commanda à ses prières, lorsqu'il passa par le Maine, en 560. Ce prince portait la guerre en Bretagne, où l'on appuyait la révolte de Chramme, son fils. Le saint lui prédit qu'il remporterait la victoire. Il employa les présens que lui fit le Roi, à fonder un monastère qui a subsisté long-temps, et qui est aujourd'hui un prieuré simple, dépendant de l'abbaye de Saint-Julien de Tours.

Il ne paraît pas que saint Constantien ait survécu longtemps à Clotaire, qui mourut en 562. On l'enterra dans l'église de Javron, et son corps y resta jusqu'aux incursions des Normands. On garde une partie de ses reliques dans l'abbaye de Breteuil, au diocèse de Beauvais. On l'honore dans le Maine le premier Décembre, qu'on croit être le jour de sa mort; mais sa fête ne se célèbre que le 2 du même mois dans le diocèse de Beauvais.

Voyez sa vie par un auteur presque contemporain, et écrite d'après la relation des disciples du Saint. Le père Le Cointe a publié cette pièce dans ses Annales. Voyez aussi Baillet, etc.

mmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmm

S. DOMNOLE, ÉVÊQUE DU MANS.

L'AN 581.

DOMNOLE (1), dont on ignore la patrie, était frère de saint Audouin, qui fut évêque d'Angers avant saint Lézin. On dit qu'il fut abbé de Saint-Laurent près de Paris (2). On lui a reproché de s'être attaché à Clotaire Roi de Soissons, du vivant même de Childebert, Roi de Paris et de Neustrie. Clotaire, pour le récompenser des services qu'il

(1) On ne sait pourquoi le vulgaire l'appelle saint Tannoley et saint

Ariolet.

(2) C'est aujourd'hui une des plus considérables paroisses de cette ville.

lui avait rendus, le fit proposer pour l'évêché d'Avignon; mais Domnole refusa de l'accepter. Quelque temps après, il fut élu pour succéder à saint Innocent, sur le siége du Mans. Il était alors à Rome. Pendant son absence, Siffroi, qui avait été chorévêque sous saint Innocent, s'empara du siége vacant; mais cet intrus fut chassé dès que Domnole parut. Les vertus qu'il fit paraître lui méritèrent la réputation d'un des plus grands évêques de son temps; et s'il avait donné de mauvaises impressions contre lui par son attachement à Clotaire, qui n'était point son souverain, sa vie édifiante les effaça bientôt. Il eut pour amis saint Germain de Paris, et plusieurs autres prélats recommandables par leur sainteté. Sa charité pour les pauvres était immense. Tous les momens que n'emportait point l'exercice des fonctions épiscopales, il les employait à l'étude ou à la prière. Il se faisait lire des livres de piété pendant ses repas. Il consacrait à l'oraison une partie des nuits, et macérait son corps par des jeûnes rigoureux; il avait une dévotion si tendre, sur-tout à l'autel, qu'il n'offrait point le saint Sacrifice sans répandre des larmes.

Il fonda l'abbaye de Saint-Vincent du Mans, où il mit des moines fervens, et il acheva celle de Saint-George, commencée par son prédécesseur. Il fonda encore un monastère et un hôpital entre Beaugé et la Sarthe, et il en donna la conduite à saint Pavin, qui était prieur de l'abbaye de Saint-Vincent. De temps en temps il faisait des retraites dans quelques-uns de ces monastères, principalement dans ceux de Saint-Vincent et d'Anille ou de Saint-Calais. En 566, il assista au second concile de Tours, célèbre par les beaux réglemens qu'on y fit. Deux ans après, il se trouva à la dédicace de l'église de Nantes.

Accablé d'infirmités, il choisit l'abbé Théodulphe pour le remplacer ; mais ce choix ne put avoir lieu. On lui donna malgré lui Baldégisile, maire du palais du Roi Chilpéric.

Il mourut quarante jours après, le 1 de Décembre 581, environ la trente-sixième année de son épiscopat. Il fut enterré, comme il l'avait demandé, dans l'abbaye de SaintVincent, et on y conservait ses reliques. On garde son chef dans l'église de Chaume, en Brie, et on y honore le saint évêque sous le nom de saint Dôme. On fait sa fête dans le Maine, le premier de Décembre et le 16 de Mai.

Voyez sa vie écrite par un auteur contemporain, et publiée avec des remarques par Papebroch, t. III, Maii; les actes des évêques du Mans donnés par Mabillon, Analect. t. III; le Corvaisier de Courteilles, Hist. des évêques du Mans; Baillet, etc.

[merged small][ocr errors]

S. AGIRIC, VULGAIREMENT S. AIRI ou S. AGRI,
ÉVÊQUE DE VErdun.

L'AN 588.

SAINT AGIRIC naquit dans le diocèse de Verdun, vers l'an 517. Il vécut dans le monde jusqu'à l'âge de trente ans : mais il y suivit avec fidélité les maximes de l'Évangile. Résolu de se donner entièrement à Dieu, il reçut la tonsure cléricale des mains de Désiré, successeur de saint Vanne, sur le siége de Verdun. Ayant été ordonné prêtre, il servit cette église avec autant de zèle que de fruit. Devenu évêque de Verdun après la mort de Désiré, il fit éclater toutes les vertus qui caractérisent un saint pasteur. Fortunat de Poitiers et saint Grégoire de Tours lui donnent les plus grands éloges. Il se rendit sur-tout recommandable par sa charité envers les pauvres, par la connaissance qu'il avait de l'Ecriture sainte, par son assiduité à instruire son peuple, par son zèle pour la décence du culte divin.

On lit dans saint Grégoire de Tours, qu'il découvrit l'opération du démon dans une femme qui séduisait le peuple

« PrécédentContinuer »