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+S. MOYSE ET S. MAXIME, PRÊTRES, MARTYRS ET

PLUSIEURS AUTRES CONFESSEURS A ROME, SOUS Dèce.

Vers l'an 251.

MOYSE et MAXIME, prêtres de l'Eglise romaine, sous le pontificat de saint Fabien, furent arrêtés pour la foi avec plusieurs autres chrétiens, dont les principaux étaient Nicostrate et Rufin, diacres, Célérin, Urbain, Sidoine, Macaire, surnommé aussi Célérin, Calphurne et Augende. Ils restèrent long-temps en prison, et quelques-uns d'entre eux confessèrent généreusement Jésus-Christ. On voit par leurs lettres à saint Cyprien, et par celles que S. Cyprien leur écrivit alors, qu'ils avaient une union intime avec cet illustre évêque. Dans une lettre qu'il adresse à S. Moyse, à S. Maxime et aux autres confesseurs à Rome, il les félicite de leur captivité, il s'étend sur la gloire du martyre, et les loue de la fermeté qu'ils montrent à observer la discipline. « C'est confesser le Seigneur, » dit-il, « c'est mériter le titre » de martyr de Jésus-Christ, que de demeurer dans toutes >> les circonstances inviolablement fidèle à ses promesses. >> Car vouloir témoigner contre le Seigneur et travailler à

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détruire les préceptes du Seigneur; vouloir se servir de » la grâce que l'on a reçue comme d'une arme contre celui qui l'a donnée, et se révolter en quelque sorte contre » lui, c'est confesser Jésus-Christ et renier l'Evangile (1). » Les confesseurs de Carthage sollicitant avec trop de vivacité la réconciliation des chrétiens qui étaient tombés dans la persécution, ceux de Rome leur représentèrent

(1) Epist. XXV.

que leur charité n'était pas assez éclairée, et qu'elle portait une atteinte préjudiciable à la discipline de l'Eglise. S. Cyprien les remercia de leur zèle.

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Ce Père de l'Eglise reçut des chrétiens tombés une lettre dans laquelle ils ne rougissaient pas de déclarer au nom de l'Eglise, qu'ils insistaient sur leur réconciliation. Le saint évêque leur fit une réponse pleine de dignité. « Notre Seigneur » dit-il, « dont nous devons suivre les pré»ceptes et les avis, en déterminant la dignité de l'évêque et la constitution de son Eglise, s'exprime en ces termes : » Et moi aussi je vous dis que vous êtes Pierre, et que sur cette pierre je bátirai mon Eglise; et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle. Et je vous don» nerai les clefs du royaume des cieux ; et tout ce que vous lierez sur la terre sera aussi lié dans les cieux; et tout ce que vous délierez sur la terre sera aussi dé» lié dans les cieux (2). Depuis cette époque, l'Eglise a toujours reposé sur ses évêques et a été dirigée par eux. » Et cela étant fondé sur la parole divine, je suis surpris » de l'audace de quelques-uns d'entre vous (savoir les >> chrétiens tombés), qui m'écrivent au nom de l'Eglise, » tandis que l'Eglise se compose de l'évêque, du clergé et » des fidèles. Que la miséricorde et la toute-puissance de » Dieu ne permettent pas, qu'un petit nombre de chrétiens » tombés soit appelé l'Eglise, tandis qu'il est écrit : Dieu

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n'est pas un Dieu des morts, mais des vivans (3). Nous » souhaitons que tous redeviennent vivans, et nous appe>> lons leur réhabilitation de nos prières et de nos soupirs. Mais si quelques hommes tombés prétendent être l'Eglise, » si l'Eglise est chez eux et en eux, que nous reste-t-il à

(2) Matth. XVI, 18, 19.

(3) Matth. XXII, 32.

>> faire que de les implorer de daigner nous recevoir dans » leur communion? » Il les exhorte ensuite à l'humilité, à la paix et à la modestie, et, en mémoire de leurs transgressions, à ne plus écrire au nom de l'Eglise, convaincus que c'est à l'Eglise qu'ils écrivent. Il leur raconte que quelques autres chrétiens tombés lui avaient écrit récemment, mais avec humilité, avec douceur et dans la crainte du Seigneur; que ces hommes avaient auparavant accompli de grandes choses dans l'Eglise, et qu'ils ne s'en étaient jamais vantés devant Dieu, parce qu'ils s'étaient rappelés ces paroles qu'il avait prononcées : Lorsque vous aurez accompli tout ce qui vous est commandé, vous direz: Nous sommes des serviteurs inutiles; nous n'avons fait que ce que nous étions obligés de faire (4); que ces mêmes chrétiens, quoique munis de billets des martyrs, lui avaient cependant écrit, qu'ils reconnaissaient profondément leur transgression, qu'ils en éprouvaient un repentir véritable, qu'ils accompliraient leur pénitence, qu'ils n'insisteraient pas avec audace et impatience sur la réconciliation, mais qu'ils attendraient son retour. « Dieu m'est témoin, ajoutet-il, combien ces sentimens me font éprouver de joie, » Dieu qui daigne montrer dans l'humilité de ces hommes

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ce que de semblables serviteurs peuvent obtenir de sa grâce. Je fais des vœux, mes très-chers frères, pour que votre santé soit toujours bonne, et qu'après cette cor>> rection que vous inflige le Seigneur, vous viviez en paix et en repos. Adieu (5).

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Cependant il reçut une lettre des prêtres Moyse et Maxime, des diacres Nicostrate et Rufin et des autres martyrs de Rome, qui languissaient avec eux dans les cachots. Ils y

(4) Luc. XVII, 10.

(5) Epist. XXVII. Stolberg, Geschichte der rel. Jesu. IX, 87 et 88.

protestent avec chaleur de leur admiration, de leur estime et de leur amour, tant à cause de toute sa conduite en général, que par l'inébranlable fermeté avec laquelle il avait arrêté les impatientes sollicitations des chrétiens tombés, et s'était opposé à la présomption de quelques prétres, qui de leur autorité privée les avaient reçus dans la communion de l'Eglise (6).

Saint Cyprien reçut aussi, peu de temps après, du clergé romain deux lettres pleines de douceur fraternelle et de dignité apostolique. Dans une lettre subséquente adressée au saint prélat, on lit entre autres : « Qu'il soit loin de l'E

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glise romaine de perdre ses droits par une lâche indul» gence, et de détruire la dignité de la foi en brisant les » liens de la sévérité. » Après avoir justifié par la force des circonstances la rigueur dont il usait dans ce moment, il ajoute : « Ranimons-nous, veillons sur nous, armons-nous réciproquement par la prière ! Prions pour ceux qui sont tombés, afin qu'ils se relèvent; pour ceux qui sont » debout, afin qu'ils ne se laissent pas entraîner à tomber ! >> Prions pour que les tombés, apercevant l'énormité de >> leur transgression, acquièrent la conviction qu'il ne leur » convient pas de solliciter un remède précipité. Qu'ils frappent à la porte, mais qu'ils ne la forcent pas ! Heureux s'ils savent donner de la modestie à leur prière, » de la pudeur à leurs sollicitations; s'ils savent pratiquer une humilité nécessaire et une patience active! Si le Seigneur est miséricordieux, en revanche il est sévère. » Il est écrit: Je vous ai remis tout ce que vous me de» viez, parce que vous m'en avez prie (7); mais il est » écrit aussi : Quiconque me renoncera devant les hom

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(6) Epist. XXVI.

(7) Matth. XVIII, 32.

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mes, je le renoncerai aussi moi-même devant mon Père,

qui est dans les cieux et devant ses saints anges (8).

» Dieu a fait le ciel, mais il a fait aussi l'enfer (9). »

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Enfin la liberté fut rendue à nos saints confesseurs. Mais quelques-uns eurent le malheur de se laisser séduire par les discours artificieux de Novat, le principal auteur du schisme formé par Novatien contre le saint Pape Corneille. Maxime, Nicostrate, Urbain, Sidoine et Macaire devinrent schismatiques. Moyse, qui resta constamment attaché à l'unité, fut arrêté de nouveau, et souffrit le martyre vers l'an 251. Il est nommé le 25 Novembre, dans le martyrologe romain.

Les confesseurs tombés dans le schisme ouvrirent enfin les yeux, d'après les lettres qu'ils reçurent de S. Denys d'Alexandrie et de saint Cyprien le dernier leur adressa son livre de l'Unité de l'Eglise, pour achever de les éclairer. Ils reconnurent leur faute, et obtinrent le pardon qu'ils sollicitaient, avec l'abolition de tout le passé. Le Pape Corneille convoqua son clergé, ainsi que cinq évêques présens à Rome, et l'on délibéra dans un concile sur leur demande en réadmission. On introduisit ensuite les confesseurs, qui étaient le prêtre Maxime, Urbain, Sidoine et Macaire, avec plusieurs autres qui s'étaient joints à eux; ils abjurèrent solennellement leur erreur, et demandèrent humblement leur pardon et l'oubli du passé.

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Corneille fit part au peuple du retour des confesseurs, et aussitôt on vit accourir un grand nombre de frères en présence desquels les premiers s'exprimèrent en ces termes : « Nous savons que Corneille a été élu par Dieu et » par Jésus-Christ évêque de la sainte Eglise catholique.

(8) Matth. X, 33; Marc. VIII, 38, et IX. Luc. 26. (9) Epist. XXXI; Stolberg, loc. cit. 90 et 91.

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