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Voyez Tillemont, t. II, p. 162; Ceillier, t. I, p. 598; Wake; Pagi, ad an. 100, n. 2; Schelestrate, Ant. illustr. Diss. 3, c. 2, p. 340; Adnotatores in Anastas. Bibl. t. II, p. 55, edit. an. 1723; Orsi, t. I, 1. 2. Stolberg, Gesch. der Rel. Jesu, VII, 271. Il faut lire aussi ee qu'Edouard Herzog a écrit sur S. Clément de Rome et sur son épître aux Corinthiens, Breslau 1825.

L'AN 100.

SAINT CLÉMENT, fils de Faustin, était Romain de naissance, mais Juif d'extraction: du moins il se dit lui-même de la race de Jacob (1). Il fut converti à la foi par saint Pierre et saint Paul. Son attachement à ces apôtres fut si constant, et il les assista dans leur ministère avec tant de zèle, que saint Jérôme et d'autres Pères lui donnent le titre d'homme apostolique. Saint Clément d'Alexandrie l'appelle apôtre (2). C'était, suivant Rufin (3), presque un apôtre.

Quelques auteurs prétendent que sa conversion ne doit être attribuée qu'à saint Pierre, qu'il trouva à Césarée avec saint Barnabé. Quoi qu'il en soit, il suivit saint Paul à Philippes, en 62, et y partagea les souffrances de cet apôtre. Nous apprenons de saint Chrysostôme (4), qu'il fut en plusieurs occasions, ainsi que saint Luc et saint Timothée, le compagnon des voyages, des travaux et des dangers de

(1) Ep. I, ad Cor.

(2) Strom. 1. 4.

(3) De adulter. lib. Orig.

(4) Prol. in. I Tim. et Hom. 13 in Phil.

saint Paul. Cet apôtre (5) l'appelle son coopérateur, et le met au nombre de ceux dont les noms sont écrits dans le livre de vie; privilége bien supérieur au pouvoir de commander aux démons (6).

Saint Clément suivit saint Paul à Rome. Il y entendit aussi prêcher saint Pierre, et il fut instruit à son école, au rapport de saint Irénée (7) et du Pape Zozime. Tertul lien dit (8) que saint Pierre l'ordonna évêque. Quelquesuns entendent par-là qu'il fut fait évêque des nations, pour aller prêcher l'Evangile en différentes contrées. D'autres pensent avec saint Epiphane (9), que saint Pierre le fit son vicaire à Rome, et qu'il lui conféra le caractère épiscopal, afin qu'il pût le remplacer, lorsque ses fréquentes missions l'obligeraient de s'absenter. D'autres enfin croient qu'il pût être d'abord évêque de l'église des Juifs qui étaient à Rome.

Saint Pierre et saint Paul ayant terminé leur vie par le martyre, saint Lin fut mis sur le siége de Rome, et gouverna l'Eglise pendant onze ans. Saint Clet lui succéda. On plaça saint Clément sur la chaire apostolique, en 89, ou plutôt en 91. Il siéga, suivant le calendrier de Libère, neuf ans, onze mois et vingt jours.

Il y eut de son temps, parmi les fidèles de Corinthe, une division qu'il appelle lui-même impie et détestable, et qui ressemblait à celle que saint Paul avait appaisée dans la même église. Il se forma un parti qui se révolta contre des prêtres saints et irréprochables, et on en vint jusqu'à les déposer. Clément leur écrivit une lettre, au nom de l'Eglise de Rome, et il paraît que ce fut en 96, peu de

(5) Phil. IV, 3.
(6) Luc, X, 17.
(7) L. 3, c. 3.
(8) Præsc. c. 32.
(9) Hær. 27, c. 6.

temps après la mort de Domitien (10). On faisait, dans les premiers temps du christianisme, une estime singulière de cette lettre, et Eusèbe (11) la qualifie d'ouvrage admirable. On la mettait immédiatement après les livres canoniques de l'Écriture sainte, et on la lisait dans les églises (12).

Saint Clément, au commencement de sa lettre, se sert des expressions les plus propres à lui concilier la bienveillance des Corinthiens. Il s'excuse sur ses malheurs de n'avoir pas plus tôt fixé son attention sur leur demande et leur funeste division (13); puis il leur rappelle l'édification que donnait leur conduite, lorsqu'ils étaient sans orgueil, qu'ils aimaient mieux obéir que gouverner, donner que recevoir; lorsque, contens de l'état où la Providence les avait placés,

(10) Voyez Patricius Junius, Annot. in ep. Clem.; Cotelier, p. 82; Ceillier, etc. Cependant Dodwel, Append. ad c. 6, Dissert. ad Pearson, p. 319; Cave, Hist. Lit. t. I, p. 28; Wake, p. 12, 13, etc. Grabe, in Spicil. p. 245, etc. pensent que saint Clément écrivit cette lettre pendant la vacance du siége de Rome, après le martyre de saint Pierre et de saint Paul, et que ce fut pour cela qu'il écrivit au nom de l'Église romaine. Ils ajoutent, pour appuyer leur opinion, que le Saint, au commencement de sa lettre, c. I, parle de troubles qui paraissent avoir rapport à la persécution de Néron; qu'il donne comme récent le martyre de saint Pierre et de saint Paul, c. 5; qu'il fait mention c. 41, du service lévitique dans le temple des Juifs, comme subsistant encore, et qui fut aboli en 70. Enfin, continuent-ils, il est dit dans la même lettre, c. 59, que Fortunat, qui vint apporter à Rome la nouvelle du schisme, était un ancien disciple du temps de saint Paul. I Cor. XV, 16. (11 Hist. 1. 3, c. 16. Voy. saint Irénée, ap Euseb. 1. 5, c. 6; saint Jérôme, in Catal. c. 15; Photius, col. 126.

(12) On trouve cette lettre dans l'ancien manuscrit de la Bible, dit Alexandrin, que Cyrille Lucar envoya à Jacques I, Roi d'Angleterre. Patricius Junius, garde de la bibliothèque de ce prince, la fit imprimer à Oxford en 1633.

(13) Edouard Herzog fait remarquer à ce sujet, dans l'écrit que nous avons cité plus haut, p. 13, qu'il résulte de cela que les fidèles de Corinthe écrivirent à l'Église de Rome, le centre de toutes les Églises (Note de l'édit. allem. )

orthodoxes.

ils écoutaient avec soin la parole de Dieu, et que brûlans de zèle pour faire le bien, les dons du Saint-Esprit se répandaient sur eux avec plénitude. Il témoigne la douleur qu'il ressent de ce qu'ils ont abandonné la crainte du Seigneur, pour se livrer à l'orgueil, à la jalousie, au schisme, et il les exhorte de la manière la plus pathétique à quitter ces vices, parce que ceux qui en sont infectés, n'appartiennent point à Jésus-Christ; ce divin Sauveur ne s'étant pas montré avec faste sur la terre, mais avec humilité. Il leur met devant les yeux la douceur et la patience du Créateur envers les êtres qu'il a tirés du néant; la docilité de ces mêmes êtres à sa volonté ; la soumission avec laquelle les cieux, la terre, l'océan et les mondes qui sont au-delà (14), exécutent les ordres du souverain Seigneur. Si nous considérons, dit-il, combien Dieu est proche de nous, et qu'aucune de nos pensées ne lui est cachée, nous devons éviter de faire ce qui est contraire à sa volonté, et honorer ceux qu'il a placés au-dessus de nous. Nous devons modérer notre langue, et l'assujettir par l'amour du silence. « Elevez vos enfans dans ces sèntimens; ayez, » soin de leur apprendre quel est le pouvoir de l'humilité et » de la charité auprès de Dieu, et quelle est l'excellence de » la crainte du Seigneur. » Ce qui lui semble montrer que quelques Corinthiens avaient de la peine à croire la résurrection. Le Saint montre qu'elle est facile à la toute-puissance divine; ce qu'il éclaircit par divers exemples tirés de la nature. Il cite la résurrection du phénix en Arabie, qui est reconnue depuis long-temps pour fabuleuse : mais on la croyait alors, sans en excepter même les plus beaux

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(14) Les anciens appelaient nouveaux mondes, les Iles Britanniques, et les autres lieux séparés de leur continent par de grandes distances et de vastes mers.

génies (15). Il était donc permis de faire usage de cette opinion, pour donner plus de jour à un raisonnement. Au reste, quelle qu'ait été la façon de penser de saint Clément sur ce sujet, il n'est point assez important pour qu'on s'y arrête (16). Le Saint veut qu'on évite la paresse et la négligence, parce qu'il n'y a que celui qui travaille qui ait droit de vivre. « Nous devons donc faire avec zèle toutes » sortes de bonnes œuvres, car le Créateur et le Seigneur » de toutes choses se plaît dans ses propres ouvrages. »

La dernière partie de la lettre de saint Clément contient une exhortation pathétique à l'humilité, à la paix et à la charité. «Que chacun, dit-il, garde l'ordre et le rang où

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il a été placé par le don de Dieu; que celui qui est fort » prenne soin du faible; que le faible respecte le fort; que » le riche assiste le pauvre, et que le pauvre bénisse » Dieu de ce qu'il veut bien pourvoir à ses besoins. Que » l'homme sage fasse paraître sa sagesse, non en paroles, >> mais en bonnes œuvres. Que celui qui est humble, ne parle jamais de lui-même, et ne fasse point montre de ses actions..... Que celui qui est chaste, n'en conçoive point d'orgueil, sachant que ce n'est pas de lui-même qu'il a le don de continence (17). Les grands ne peuvent >> subsister sans les petits, ni les petits sans les grands.... » Dans le corps humain, la tête ne peut rien sans les pieds, >> ni les pieds sans la tête. Le corps ne peut se passer du » service des plus petits membres (18). » Ainsi le saint Pape enseigne que ceux qui occupent les dernières places dans l'Eglise, peuvent être les plus agréables à Dieu (19).

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(15) V. Corneille-Tacite, Annal. 1. 6, n. 28, etc.

(16) V. Teutzelius, Dis. Select. de Phænice, p. 33; et n. 16, p. 45. (17) Ep. I, ad Cor. n. 38.

(18) Ibid. n. 37.

(19) Epitecte, philosophe païen, fortifie la vérité de cette maxime

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