Les reliques royales à Madagascar: source de légitimation et enjeu de pouvoir, XVIIIe-XXe siècles

Couverture
KARTHALA Editions, 1 janv. 2000 - 470 pages
Dans les sociétés sakalava de l'Ouest malgache, le culte des reliques est un système ancien, pratiqué dans un cadre familial, avant la formation des monarchies. Il évolue en culte dynastique au fur et à mesure de la constitution des dynasties. Dès lors, des reliques sont confectionnées à partir d'éléments prélevés sur le corps du roi défunt. Par leur médiation, l'ancêtre royal tient la même place protectrice que le saint médiéval pour les descendants royaux, mais aussi pour l'ensemble des sujets. La protection reconnue aux reliques se transforme, au XVIIIe siècle, en légitimation politique du rôle de la dynastie. Désormais, les restes du corps du roi sont conservés dans un reliquaire et jouent un rôle fondamental dans l'exercice du pouvoir. Si les reliques sont une condition du pouvoir, elles peuvent être objet de convoitise. Source de légitimation, source légitimante, elles ont un rôle déterminant lors de la perte d'indépendance des royautés de l'Ouest. Les conquérants sont d'abord merina, venus des Hautes-Terres à partir de 1810, soutenus par l'assistance anglaise, puis français à la fin du XIXe siècle. Les reliques entretiennent la fiction d'une continuité. Enfin, symbolisant les anciennes formes de pouvoir, elles restent un enjeu à l'époque coloniale et post-coloniale. Comment le religieux s'articule-t-il au politique dans le cadre colonial sécularisé, lorsque l'administration se met en place, lorsque le nationalisme malgache s'affirme dans les années 1930, lorsque se profile l'Indépendance vers 1956 ? Le culte des reliques permet aux autochtones de recréer et de rénover l'idéologie aristocratique, mais il justifie également les gouvernants en place qui tentent de récupérer la symbolique royale et qui interviennent dans la gestion des cultes dynastiques. Au terme de cet ouvrage, l'auteur s'interroge sur le rapport aux ancêtres royaux après l'Indépendance, à travers l'étude du procès qui déchire les deux branches dynastiques héritières des rois du Boina, région du nord-ouest de l'île, depuis 1957, et dont l'enjeu identitaire est la possession des reliquaires. Le procès permet d'analyser l'ambivalence entre pouvoir et religion et de mesurer la vitalité, dans le contexte local actuel, de ces anciens principes idéologiques.
 

Table des matières

Préface
7
Introduction
15
Carte de lexpansion sakalava
32
Genèse
33
Cartes des royaumes sakalava du Menabe et du Boina
38
Carte de la région dAnalalava
44
Émergence du système dans les premières constructions monarchiques
48
Le corps du roi
59
Lobjet dans le rite
127
Le Bain des reliques au sud de lAmbongo
139
Organisation de lespace social à Ampasy lors du fitampoha
141
Une certaine universalité du principe du bain royal
151
LExpansion merina sur la côte Ouest
161
Une domination merina fragile dans le Boeni
171
Une situation confuse à la veille de lintervention française
187
Lexpédition coloniale française et leffondrement des royautés
205

Hiérarchie dautorité dans les royaumes sakalava du Nord
70
Le pouvoir matérialisé
85
Doany et Mahabo
100
Plan schématique du doany de Majunga
106
Zomba royal chez les Bemihisatra du sud et doany de Majunga
113
Doany des Andriamisara de Bekalalo dans lAmbongo
122
La première guerre francomerina
217
Symbolique monarchique et administration coloniale
247
Luttes de pouvoir
271
Redéfinition de lespace sociopolitique dans les monarchies sakalava
322
Droits d'auteur

Autres éditions - Tout afficher

Expressions et termes fréquents

Informations bibliographiques