Ou troublé de Vapeurs, ou par le temps, ufé; Mais le feul Corps fouffre ces changemens. Ce Un mauvais Inftrument jamais ne sçauroit rendre, d'un Maître habile on auroit lieu d'attendre. Entre les mains d'un Arion fçavant, que Que le Lut foit brifé, les Cordes foient rompues, Bien le Chantre ait comme auparavant Cet Art que nous avons admiré fi fouvent. L'Ame eft unie au Corps, tant que le Corps refpire: Mais quand les Inftrumens, quand les Corps font gâtez, Sont épuisez d'efprits, troublez, déconcertez, Elle ne peut fur Eux exercer fon Empire. Dans un Corps périffant ne pouvant plus agir, Elle abandonne enfin l'inutile Machine, Qu'elle ne fçauroit plus régir. Souvent un Mal foudain cause la Défaillance, Son feu divin, fans paroître au-dehors, Nous femble enfeveli fous le débris du Corps; Mais elle ne perd pas fa veritable Effence; Que du Sein de Thetis, & du fond des Marais Que le vafte Horifon tout couvert de Tenebres, Abîme en ce Cahos les Etres confondus, ရာ Lorfque cet Aftre même au milieu de fa Courfe; Dira-t-on que fa flâme, & fi pure, & fi vive, ရာ N'avons-nous pas des Yeux dans une Nuit obfcure, Et de voir les Objets avons-nous le pouvoir ? Non, tant que l'obscurité dure, Tant qu'ils font dans la Nuit nous ne pouvons rien voir. Mais quoi des Maux du Corps l'Ame fe fent frapée! Qui produit ce Mélange, & de quelle maniere ရာ L'homme eft le compofé d'un Efprit & d'un Corps ; De tous les deux à part nous avons connoiffance, Nous en fçavons la difference, Et dans leur union nous cherchons quels rapports, Il faut donc établir fur ces deux fondemens Que l'un puiffe être meu, l'autre puiffe penser L'Ame fe doit intereffer A l'état de ce Corps par qui les Sens agillent'; Avoir des mouvemens dont l'Ame s'apperçoive, De la douleur, ou de la volupté, Le Corps fe meut au gré de la Pensée, Sur l'état de fon Corps l'Ame peut s'émouvoir; A l'égard l'un de l'autre employant ce pouvoir, L'impreffion que l'Esprit peut connoître. Par des Actes communs dans l'Homme fe raffemble, Par ces deux rapports neceffaires Nos Sentimens ont fait nos Craintes, nos Defirs. Même dès le Sein de nos Meres, Firent obfcurément des douleurs, des plaifirs. Mêmes impreffions, d'abord peu démêlées, Par le cours des Efprits se font renouvellées ; Le Cœur qui s'en laisse saisir, Se ferre à la douleur, fe dilate au plaisir. Notre Ame unje au Corps par cet Organe inftruite, Reffent la Crainte, ou forme le Defir, Portée Portée à la recherche, & portée à la fuite. Dans la fuite ont caufé toutes les paffions, Redoublant leurs impreffions, Deviennent dans l'Efprit, & l'Amour, & la haine. Ils reglent notre volonté, Sur ce qui nous paroît nuifible, ou convenable, Objets que l'Homme fuit, ou dont il est flatté Nous fentons nos Instincts, & nos Defirs contraires. Les Actes de l'Esprit font libres, volontaires. Le Corps foumis à d'autres Loix Se meut fans liberté, fans choix. Notre Ame par les Sens trop vivement touchée, Mais quand elle veut bien, elle en est détachée; Même les paffions de leurs défauts purgées En vertus fe trouvent changées, Et par les grands Objets qui leur font proposez, S |