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progrès de sa défaite nous est marqué dans ces trois temps qu'on vient de voir. Car à la fin du premier temps, qui étoit celui de la première persécution, ses deux grands organes, la bête et le faux prophète, sont jetés dans l'étang de feu et de soufre (1): là il paroît enchaîné, afin que l'Eglise règne plus tranquillement, à couvert des persécutions universelles, jusqu'aux environs des derniers temps. A la fin de ce second temps, Satan sera déchaîné et plus furieux que jamais; ce qui fera le troisième temps, court dans sa durée, mais terrible par la profondeur de ses illusions lequel étant écoulé, Satan ne sera plus enchaîné comme auparavant pour un certain temps, mais à jamais; et sans rien avoir à entreprendre de nouveau, plongé dans l'abîme, où étoient déjà la bête et le faux prophète, autrefois ses deux suppôts principaux, et les deux premiers instrumens des persécutions universelles.,

Que si l'on veut commencer l'enchaînement de Satan au temps où nous avons vu que saint Jean nous a marqué, en un certain sens, le règne de Jésus-Christ et celui de ses martyrs sur la terre, par la gloire qu'ils y ont reçue dans toute l'Eglise, on le peut; et les temps peut-être seront plus distinctement marqués : ce qui n'empêchera pas qu'en un autre sens, l'enchaînement de Satan ne commence, selon la remarque de saint Augustin que j'ai suivie (2), dès la prédication et dès la mort de Jésus-Christ, qui en effet est le moment fatal à l'enfer, encore que toute la suite de (1) Chap. XIX. 20. - (2) Voyez Chap. xx. ỳ. 2. BOSSUET. III.

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XXXIV. La suite tou

ce premier coup ne paroisse que long-temps après. Voilà donc toute l'histoire de l'Eglise tracée jours visible dans l'Apocalypse, avec ses trois temps, ou ses de l'Eglise trois états; et ce que je trouve de plus instructif, c'est que saint Jean a été soigneux de nous marquée dans quer la suite toujours visible de l'Eglise. Dans l'Apocalyp- la première persécution, rien ne peut faire taire

très claire

ment mar

se.

:

ses deux témoins; c'est-à-dire, ou son clergé et son peuple, ou en quelque sorte qu'on le veuille entendre, le témoignage éclatant qu'elle rend à la vérité et lorsque le monde pense l'avoir fait périr entièrement, loin d'avoir été détruite par les tourmens, comme on pensoit, elle paroît un moment après plus forte et plus glorieuse que jamais. Que si elle étoit contrainte de cacher son culte, ce qui quelquefois la faisoit paroître au monde qui la haïssoit, comme entièrement opprimée, elle y avoit ses pasteurs comme autrefois les Israélites durant leur pélerinage, avoient Moïse et Aaron; et comme sous Antiochus, les Juifs avoient Mathatias et ses enfans. Elle y alloit comme à un lieu préparé de Dieu pour sa retraite, qui lui étoit bien connu, et où les persécuteurs savoient bien eux-mêmes qu'elle étoit, puisqu'ils l'y alloient chercher pour la tourmenter davantage (1). Après cet état elle règne (2), et sa gloire est portée jusqu'au ciel durant mille ans, c'est-à-dire, durant tout le temps que le monde dure; et si elle est à la fin encore opprimée, elle n'en est pas moins visible, puisque toujours attaquée, elle soutient toutes les attaques (5). Ce (1) Chap. x1. (2) Ibid. x11. —

- (3) Ibid. xx. 2, 7•

n'est pas une troupe d'invisibles dissipés de -çà et de-là, sans se connoître; c'est une cité bienheureuse qui a son gouvernement; c'est un camp bien ordonné qui a ses chefs (1); et lorsque ses ennemis paroissent en état de l'anéantir par leur grande et redoutable puissance, ils sont euxmême consumés par le feu venu du ciel, où la cité enfin est transportée pour être éternellement hors de toute atteinte.

XXXV.

La Trinité

calypse.

J'ajouterai en finissant, que le perpétuel objet de l'amour et de l'adoration de l'Eglise, un seul annoncée Dien en trois personnes, est célébré dans l'Apo- dans l'Apocalypse. Le Père, qui est assis dans le trône, y reçoit les hommages de toutes les créatures: le Fils qui y porte aussi le nom du Verbe (2), sous lequel saint Jean a marqué sa divinité, reçoit les mêmes honneurs, et il est, comme on a vu, traité d'égal avec le Père le saint Esprit est montré comme celui qui est l'auteur des sacrés oracles, et qui parle dans tous les cœurs avec une autorité souveraine; les Eglises sont invitées par sept fois à entendre ce que dit l'Esprit (3); l'Esprit prononce souverainement que les travaux de ceux qui meurent au Seigneur sont finis (4); l'Esprit parle dans tous les cœurs pour appeler Jésus-Christ (5); cet Esprit qui parle est toujours unique en son rang, et toujours incomparable; un comme le Père et le Fils, intime coopérateur de l'un et de l'autre, et consommateur de leur ouvrage : ce qui confirme,

(1) Chap. xx. 8.. (2) Ibid. xix. 13.— (3) Ibid. 11, III.— – (4) Ibid.

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1. 13.— (5) Ibid. 'xx11. 17.

XXXVI.
Economie

clusion de

à la suite.

en passant, que les sept Esprits, au nom desquels les Eglises sont saluées (1), ne sont pas cet Esprit égal au Père et au Fils, à qui le caractère de l'unité est attribué partout; mais des anges, à qui aussi le nombre de sept est attribué dans tout le livre.

On peut entendre maintenant toute l'éconode l'Apoca- mie de l'Apocalypse. Saint Jean va d'abord à ce lypse. Conqui étoit le plus proche et le plus pressant, l'Explica qui étoit le commencement de l'Eglise, et ses tion. Passage premières souffrances. Il s'y attache partout aux événemens les plus grands, aux caractères les plus marqués, aux circonstances les plus importantes, et les plus particulières. Chaque chose a son caractère : ce qui est long, est marqué par un grand nombre; ce qui est court, est marqué comme court; et la brièveté dans cet ouvrage se prend toujours à la lettre. Ce qui est marqué comme devant arriver bientôt, commence en effet à se déployer incontinent après le temps de saint Jean. Le livre n'est pas scellé, comme s'il devoit demeurer long-temps fermé; parce que l'accomplissement de ses prédictions devoit éclater bientôt. C'est ce que j'ai cru devoir ajouter à cette explication de l'Apocalypse, pour la remettre toute entière, comme en un moment sous les yeux; et afin que le lecteur attentif en imprimant dans sa mémoire tous les caractères marqués par S. Jean, commence à y reconnoître les principes dont nous allons nous servir pour la conviction des protestans.

(1) Chap. 1. 4.

AVERTISSEMENT

AUX PROTESTANS,

SUR LEUR PRÉTENDU ACCOMPLISSEMENT DES PROPHÉTIES.

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