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deleine en cette manière : Va trouver mes frères, et leur dis Je vais monter à mon père et à votre père, à mon Dieu et à votre Dieu (1) : où il explique distinctement la fraternité des apôtres avec JésusChrist, comme elle peut convenir à de purs hommes.

Mais d'où vient que dans tous les Evangiles il ne se sert que cette fois seulement de cette expression: Dites à mes frères ? si ce n'est que David ayant exprimé la résurrection de Jésus-Christ par ces mots : Je raconterai votre nom à mes frères; le même Jésus-Christ a voulu nous faire entendre que lorsqu'il a dit, Dites à mes frères, c'étoit précisément cette prophétie qu'il avoit dessein d'accomplir. Si donc David lui fait dire au même verset, Je vous louerai au milieu de l'Eglise par l'Eglise où il loue le nom de Dieu, nous devons entendre l'assemblée des apôtres, qui une fois s'est augmentée, comme dit saint Paul (2), jusqu'à cinq cents frères et au-delà, à qui Jésus-Christ ressuscité a annoncé la gloire de son père. Qui peut parler de cette sorte, sinon celui qui a dit dans l'Apocalypse: J'ai été mort, et je suis vivant (3) ?

Je ne veux pourtant pas nier que la signification de ce mot, frères, dans la prophétie de David, N. 23, ne comprenne les Juifs, qui aussi étoient frères de Jésus-Christ, selon que dit saint Paul (4), que Jésus-Christ est sorti d'eux; et à qui il a annoncé le nom de son père par le ministère de ses apôtres. Mais en ce sens Jésus-Christ est toujours regardé comme vivant, puisqu'il est regardé comme l'auteur véritable de la prédication des apôtres,

(1) Joan. xx. 17.— (3) 1. Cor. xv. 6.—(3) Apoc. 1. 18.— (4) Rom. ix. 5.

à cause qu'elle est faite, non-seulement par son ordre, mais encore par le Saint-Esprit, qu'il envoie actuellement du plus haut des cieux, conformément à cette parole: Si je ne m'en vais, le Paraclet ne viendra point; mais si je m'en vais, je vous l'enverrai (1); ainsi l'envoi du Saint-Esprit est une preuve que Jésus-Christ est vivant, et même vivant dans les cieux; puisqu'il est par cet Esprit l'auteur de la prédication apostolique. Mais elle ne devoit pas se borner aux Juifs; et la gloire annoncée à ce peuple élu devoit bientôt après être portée aux Gentils. C'est ce que David nous expliquera distinctement et par ordre, comme nous allons voir. Mais à présent il faut reprendre le texte.

. 24. Louez le Seigneur, vous qui le craignez : races de Jacob, glorifiez-le partout où vous êtes étendues : craignez-le, o vous tous qui composez la postérité d'Israël.

. 25. Parce qu'il n'a point méprisé, ni dédaigné la modestie (l'humilité, l'humble prière) du pauvre ( du délaissé, du dépouillé ) : et il ne lui a point caché sa face; et quand il crioit à lui, il l'a exauce.

Quoi donc, celui qui se plaint avec tant de larmes de n'être point exaucé, invite maintenant les Israélites sous ces deux titres, races de Jacob, et postérité d'Israël, à rendre grâces à Dieu d'avoir exaucé sa prière? c'est visiblement que les choses sont changées : le dépouillé, le délaissé ne l'est plus : abandonné une fois à la mort, il est ressuscité à jamais; et il entre par ce moyen dans sa gloire: c'est

(1) Joan. XVI. 7.

ce qui devoit être annoncé à toute la race d'Israël, selon les paroles du Psalmiste. C'est ce qui le fut en effet par cette déclaration de saint Pierre Sache toute la maison d'Israël, que Dieu a fait Seigneu et Christ, ce Jésus que vous avez crucifié (1).

:

Par ce moyen les Israélites sont en effet invités, tant par David que par les apôtres, à croire que le même qui avoit été délaissé, étoit maintenant élevé au comble de la gloire, puisqu'il étoit fait Seigneur et Christ. Les Gentils viendront à leur tour: mais il falloit commencer par les Juifs, à qui le salut devoit être premièrement annoncé. Or voici ce qui devoit encore arriver selon le Psalmiste.

. 26. Ma louange sera devant vous dans la nombreuse ou grande Eglise (on y publiera la louange que je dois à votre immense bonté): pour m'avoir rendu la gloire que j'avois devant vous avant la constitution du monde. La grande ou la nombreuse Eglise signifie naturellement la grande assemblée de tout le peuple; mais dans cet endroit du Psaume, il y a une raison particulière d'employer ce terme, comme s'il disoit L'Eglise aura bientôt toute sa grandeur, quand elle aura enfermé dans son sein la gentilité convertie mais, en attendant, il faut comprendre que l'Eglise de Jésus-Christ n'a commencé d'être vraiment nombreuse, même parmi les Juifs, qu'après son crucifiement; conformément à cette parole qu'il avoit lui-même prononcée: Lorsque vous aurez élevé de terre le Fils de l'homme, vous connoítrez qui je suis (2): car alors, dès la première prédication, trois mille hommes furent convertis, qui

(1) Act. 11. 36. - (2) Joan. VIII. 28.

furent

furent aussitôt après suivis de cinq mille autres (1), et saint Jacques dit à saint Paul: Vous voyez, mon frère, combien de milliers de Juifs ont cru (2).

Voilà donc parmi les Juifs une grande et nombreuse Eglise elle aura parmi les Gentils un bien autre accroissement, comme on va voir : mais il falloit avant toutes choses, expliquer ce qui devoit arriver aux Juifs; et le voici.

vie

:

. 26. Je rendrai mes vœux en la présence de ceux qui craignent Dieu (3). Il ne s'agit pas de David: c'est toujours le crucifié et le ressuscité qui parle, c'est lui qui rend ses vœux. Rendre ses vœux, selon l'Ecriture, c'est offrir à Dieu un sacrifice d'action de grâces ou d'Eucharistie, quand on a obtenu ce qu'on demandoit comme si Jésus-Christ crucifié et ressuscité eût dit: Je me suis dévoué moi-même pour le genre humain : j'ai fait vou d'immoler ma pour le monde, afin d'en effacer les péchés : Dieu qui avoit déclaré qu'il n'agréoit point les holocaustes et les victimes pour le péché, m'a reçu seul à la place de toutes les autres hosties: je me suis offert moi-même à la croix, et j'ai obtenu le salut des hommes que reste-t-il donc aujourd'hui, sinon que pour avoir obtenu l'effet de mes vœux, je lui offre le sacrifice qui soit principalement d'action de grâces? c'est ce qu'a fait Jésus-Christ après sa résurrection et parce que le propre de ce sacrifice est de se tourner en banquet sacré, le Prophète le désigne aussi par ce caractère.

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27. Les pauvres (selon l'hébreu, de mot à mot : Ceux qui sont doux et humbles de cœur: mites,

(1) Act. VIII. 28.—(2) Ibid. XXI. 20.

BOSSUET. III.

(3) Ps. XXXIX. 7.

5

pauperes): mangeront et seront rassasiés : ceux qui cherchent le Seigneur le loueront; votre cœur vivra à jamais. Il indique ici le sacrifice de l'Eucharistie, qui commença alors d'être célébré dans l'Eglise naissante en simplicité de cœur; et on sait que c'est JésusChrist qui le célèbre toujours, puisqu'il se fait nonseulement en son nom, mais par ses propres paroles : comprenons donc que les pauvres, les humbles de cœur, mangeront: que mangeront-ils? si ce n'est, selon la coutume, les chairs immolées dans le sacrifice de l'Eucharistie, qui sont en effet celles de Jésus-Christ : car il n'y a plus pour nous d'autre victime que celle-là. Et ils seront rassasiés : de quoi? sinon des opprobres, des souffrances de Jésus-Christ, et de ses humiliations; mais ils ne doivent pas pour cela murmurer, ni se rebuter de ce sacrifice; puisque c'est par les opprobres de Jésus-Christ que nous devons avoir part à sa vie et à sa gloire, et qu'en effet le Psaume leur dit sous le nom de Jésus-Christ: Vos cœurs vivront aux siècles des siécles et vous aurez part à la nourriture dont j'ai prononcé : Qui me mange vivra pour moi, et il ne mourra ja

mais (1).

. 28. Toutes les extrémités de la terre se ressouviendront du Seigneur, et se convertiront à lui: et toutes les familles des Gentils l'adoreront.

*.

. 29. Parce que le règne appartient au Seigneur: et il dominera sur les Gentils.

. 3o. Tous les riches et puissans de la terre (mot à mot les gras de la terre) ont mangé et adoré devant sa face: tous ceux qui se réduisent en pous(1) Joan. vi. 55, 58.

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