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fier l'extrait du procès-verbal des séances de la convention nationale, des 15, 19 et 20 janvier. » Le secrétaire du conseil lui en a fait lecture. Louis a pris la parole, et nous a dit, sinon dans les mêmes termes, mais au fond, ce qui est écrit sur un papier qu'il tira de son porte-feuille, qu'il nous remit, et que je tiens à la main. J'ai répondu que les membres, avant de prendre en considération les demandes de Louis, alloient se retirer pour délibérer. Nous nous sommes en effet retirés, mais nous n'avons voulu prendre aucune délibération sans en référer au conseil. Le conseil, après nous avoir entendus, a arrêté qu'il seroit du tout donné communication à l'assemblée nationale. Je demande si elle desire entendre la lecture du papier que Louis m'a remis. La voici :

«

<< Je demande un délai de trois jours pour pouvoir me préparer à paroître en présence de Dieu; je demande pour cela de pouvoir voir librement la personne que j'indiquerai aux commissaires de la commune, et que cette personne soit à l'abri de toute crainte et de toute inquiétude, pour cet acte de charité qu'elle remplira auprès de moi.

«Je demande d'être délivré de la surveillance perpétuelle que le conseil général a établie depuis quelques jours.

Je demande dans cet intervalle à pouvoir voir ma famille quand je le demanderai, et sans témoins. Je desirerois bien que la convention nationale s'occupât tout de suite du sort de ma famille, et qu'elle lui permît de se retirer librement et convenablement où elle le jugeroit à propos.

« Je recommande à la bienfaisance de la Nation toutes les personnes qui m'étoient attachées; il y en a beaucoup qui avoient mis toutes leurs fortunes dans. leurs charges, et qui, n'ayant plus d'appointemens,

doivent être dans le besoin; et même de celles qui ne vivoient que de leurs appointemens. Dans les pensionnaires, il y a beaucoup de vieillards, de femmes et d'enfans qui n'avoient que cela pour vivre.

Fait à la Tour du Temple, le 20 janvier 1793.

« Signé, LOUIS. >>

Aú moment où nous nous retirions, Louis a remis à l'un des commissaires de la commune une note d'une autre écriture que la sienne, qui porte le nom de cet homme de charité; c'est M. Edgeworth, ou Fermon, no. 483, rue du Bac.

Après avoir entendu le ministre, la convention nationale a décrété qu'il étoit libre à Louis d'appeler tel ministre du culte qu'il jugeroit à propos, et de voir sa famille sans témoins.

Elle a autorisé le conseil exécutif à lui répondre que la nation, toujours grande et toujours juste, s'occuperoit du sort de sa famille.

Sur la réclamation relative aux créanciers de sa mai

son, elle passe à l'ordre du jour, motivé sur ce qu'ils ont le droit de se présenter pour demander leur paiement ou de justes indemnités.

Enfin, elle passe à l'ordre du jour sur la demande faite par Louis, qu'il fût sursis pendant trois jours à l'exécution du jugement.

A tout ce que nous venons de dire sur les derniers momens de Louis XVI, nous croyons devoir ajouter les détails suivans qui nous ont été transmis par un témoin oculaire, et qui nous paroissent beaucoup plus circonstanciés.

Le même jour 20. Après qu'on eut notifié à Louis son jugement, il demanda à être seul; et il resta seul en effet pendant quelques heures; mais on le voyoit :

il demeura debout, et en contemplation à peu près une demi heure; il rompit ce silence par un coup de pied contre le plancher, en signe d'impatience. Il se promena ensuite dans sa chambre, en rêvant, et manifestant des inquiétudes......

Parmi les officiers municipaux à la garde desquels il étoit confié, se trouvoit Mercereau, ce fameux tailleur de pierres, qui, avec son tablier de maçon, son chapeau à trois cornes rabattu sur le devant, présida le conseil général de la commune. Il sortit enfin de sa chambre, et vint dans celle des commissaires qui étoit vis-à-vis; il y entra d'un pas grave et lent: il s'y promena en divers sens, sans donner à ses pas aucune direction suivie. Ses regards se portèrent de tous les côtés; il se fixa enfin sur la déclaration des droits de l'homme; et en indiquant du doigt l'article 8, il dit à Mercereau si on avoit bien suivi cet article, on auroit bien évité du désordre. Il est vrai, lui répondit Mercereau....... Après s'être promené quelque temps dans sa chambre, il dit qu'il alloit monter chez sa femme pour la voir, la voir, ainsi que ses enfans; mais jusqu'alors, il n'y avoit aucun ordre pour qu'il pût y aller : Mercereau s'y opposa. Louis crut être fondé à prouver qu'il avoit ce droit, et il le prouva en effet, car on lui avoit permis auparavant de voir sa famille; mais l'on n'avoit point désigné le lieu où il la verroit. Mercereau résista à tout ce que put lui dire Louis, et lui refusa la permission de monter chez sa femme comme il le desiroit,

Ce fut entre sept et huit heures, que Marie-Antoinette, sa sœur et ses enfans, descendirent dans l'appartement de Louis..... Ils y étoient annoncés d'avance; et ils prouvèrent, en entrant, qu'ils savoient le malheur dont ils étoient frappés..... Il leur témoigna qu'il les attendoit, qu'il étoit disposé à les recevoir.... Marie-Antoinette, en

et

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Derniere entrevue de LOUIS XVI, avec sa?,

Famille, 20 janvier 1793, a Sept heures du Soir.

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