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présenté le même état; il étoit adhérent à toutes les parties environnantes, pâle au-dehors, parsemé de petits tubercules lymphatiques, semblables à ceux de la surface des intestins; sa membrane interne étoit saine, ainsi que le pylore et l'œsophage; le foie étoit adhérent, par sa convexité, au diaphragme, et par sa concavité aux viscères qu'il recouvre, sa substance étoit saine, son volume ordinaire, la vésicule du fiel médiocrement remplie d'une bile de couleur vert foncé. La rate, le pancréas, les reins et la vessie étoient sains. L'épiploon et le mésentère, dépourvus de graisse, étoient remplis de tubercules lymphatiques, semblables à ceux dont il a été parlé. De pareilles tumeurs étoient disséminées dans l'épaisseur du péritoine, recouvrant la face intérieure du diaphragme : ce muscle étoit sain.

Les poumons adhéroient, par toute leur surface, à la plèvre, an diaphragme et au péricarde; leur substance étoit saine et sans tubercules: il y en avoit seulement quelques-uns aux environs de la trachée artère et de l'œsophage. Le péricarde contenoit la quantité ordinaire de sérosité; le cœur étoit pâle, mais dans l'état naturel.

Le cerveau et ses dépendances étoient dans la plus parfaite intégrité.

Tous les désordres dont nous venons de donner le détail, sont évidemment l'effet d'un vice scrophuleux, existant depuis long-temps, et auquel on doit attribuer la mort de l'enfant.

Le présent procès-verbal a été fait et clos à Paris, au lieu susdit, par les soussignés, à quatre heures et demie de relevée, les jour et an que dessus.

Signé, J. B. E. Dumangin, P. J. Pelletan,

P. Lassus, N. Jeanroy,

,

Le 10 juin, à huit heures et demie du soir, deux commissaires civils et le commissaire de police de la section du Temple se transportèrent à la tour du Temple, pour en vertu d'un arrêté du comité de sûreté générale, enlever le corps de Louis Capet: ils le trouvèrent découvert ; et, en leur présence, il fut mis dans un cercueil de bois, et transporté de suite au cimetière de Sainte-Marguerite rue du même nom, faubourg Antoine, où il fut inhumé.

Le 18 du même mois, divers citoyens d'Orléans présentèrent l'adresse suivante à la convention nationale.

<«< Citoyens Représentans,

<«< Tandis que vous avez rompu les fers de tant de malheureux, victimes d'une politique ombrageuse et cruelle, une jeune infortunée, condamnée aux larmes, privée de toute consolation, de tout appui, réduite à déplorer ce qu'elle avoit de plus cher, la fille de Louis XVI, languit encore au sein d'une horrible prison.

«Orpheline si jeune, encore abreuvée de tant d'amertume, de tant de deuil, qu'elle a bien douloureusement expié le malheur d'une si auguste naissance! Hélas ! qui ne prendroit pitié de tant de maux, de tant d'infortunes, de son innocence, de sa jeunesse !

<< Maintenant que, sans craindre le poignard des assassins et la hache des bourreaux, on peut enfin ici faire entendre la voix de l'humanité, nous venons solliciter son élargissement et sa translation auprès de ses parens: car qui, d'entre vous, voudroit la condamner à habiter des lieux encore fumans du sang de sa famille ? La justice, l'humanité, ne réclament-elles pas sa délivrance?

Et que pourroit objecter la défiance la plus inquiète, la plus soupçonneuse?

<«< Venez, entourez tous cette enceinte, formez un cordon pieux, vous Français sensibles, et vous tous qui recûtes des bienfaits de cette famille infortunée; venez, melons nos larmes, élevons nos mains suppliantes, et réclamons la liberté de cette jeune innocente; nos voix seront entendues : vous allez la prononcer, citoyens représentans, et l'Europe applaudira à cette résolution, et ce jour sera pour nous, pour la France entière, un jour d'allégresse et de joie. >>

Tous les jours, un détachement nombreux se rendoit au Temple pour garder les jeunes prisonniers : après la mort du fils de Louis XVI, la garde a été moins nombreuse des commissaires des différentes sections se relevojent tour-à-tour, et veilloient sur la jeune prisonnière. Enfin, le 30 juin (12 messidor), Treilhard obtient la parole à la Convention nationale, au nom des comités de salut public et de sûreté générale; il dit que la république étant affermie, et par les victoires de nos armées, et par la volonté de tous les Français, l'Assemblée pouvoit s'occuper du sort de la fille de Capet : les raisons politiques qui avoient commandé la réclusion de tous les membres de cette famille ont cessé, et la France peut aujourd'hui, par un acte d'humanité, préparer un grand acte de justice.

Quatre représentans du peuple, deux ambassadeurs et un ministre de la république ont été livrés à l'Autriche, par une insigne trahison; c'est à cette puissance à voir si elle préférera ce que lui commandent les affections de famille, les liens du sang, au plaisir inutile de prolonger une coupable vengeance.

Les comités ont pensé qu'il n'étoit besoin d'aucune

négociation à cet égard; il suffira que les intentions de l'Assemblée soient communiquées aux généraux Autrichiens par nos généraux.

Le rapporteur présente un projet de décret qui est adopté, ainsi qu'il suit :

<< La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de ses comités de salut public et de sûreté géné– rale, déclare qu'au même instant où les cinq représentans du peuple, le ministre, les ambassadeurs français, et les personnes de leur suite, livrés à l'Autriche, ou arrêtés et détenus par ses ordres, seront rendus, et parvenus aux limites de la république, la fille du dernier roi des Français sera remise à la personne que le gouvernement autrichien déléguera pour la recevoir; et que les autres membres de la famille des Bourbons, actuellement détenus en France, pourront aussi sortir du territoire de la république.

« La Convention nationale charge le comité de salut public de prendre toutes les mesures nécessaires, pour la notification et l'exécution du présent décret :

<«< Collationné. Signé, J. B. Louvet (du Loiret), président; J. Mariette, Delecloy, secrétaires. Ce décret fut envoyé au général Pichegru, avec ordre de le communiquer au comte de Clairfayt: ce qui ent lieu par l'entremise du baron de Stein, commandant les troupes du cercle de Souabe. M. le général Clairfayt ayant à son tour transinis ledit décret à sa majesté impé riale, reçut la note suivante :

Note de l'Empereur.

« Mon conseil aulique de guerre m'a rendu compte de votre rapport du 15 juillet, et de la pièce qui a été

remise au général Stein par le général Pichegru, relativement à la princesse Marie-Thérèse, fille de Louis XVI, ma cousine, et aux autres princes et princesses de la famille des Bourbons.

<< Dans toute autre circonstance, les conditions dont on veut faire dépendre la liberté des membres de cette famille infortunée, qui sont restés en France, auroient dû être regardées comme entièrement inadmissibles; mais puisqu'il n'est que trop vrai qu'au milieu des violentes catastrophes qui se succèdent les unes aux autres dans la révolution française, je ne dois consulter que ma tendre affection pour ma cousine et mon vif intérêt pour les princes et princesses de la famille des Bourbous, et ne songer qu'aux dangers dont ils n'ont cessé d'être environnés, mon intention est que vous fassiez connoître au général français que je veux bien accéder quant au fond, à la proposition qui vous

a été faite.

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<«< Mais il est une autre proposition que je juge à propos de lier à celle que renferme la pièce remise au général Stein; elle a pour objet l'échange respectif des nombreux prisonniers de guerre, dont, nonobstant mes demandes réitérées, on a toujours opiniâtrément refusé de s'occuper.

«Quelques soins que, malgré le traitement peu favorable de mes soldats prisonniers en France, j'ai ordonné de prendre des prisonniers français dans mes états, quoiqu'ils soient placés dans des provinces où les vivres sont aboudans, qu'on les paie exactement en numéraire, et qu'on leur donne tous les secours de la religion, de l'humanité, et tous ceux qui sont dus à l'infortune, ils n'en éprouvent pas moins une foule de maux qui sont inséparables de leur état, et auxquels se joint encore cette idée qu'ils sont abandonnés dans

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