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de la part de Sa Maj. Persanne, ont fait voir que par l'Assistance Divine, & par le concours des Grands du Roïaume de Perse, assemblés dans la grande Plaine située dans le Mougan, les jeunes & les vieux avoient, d'une voix unanime et sans aucune restriction, choisi pour l'ornement du Trône de leur Capitale le Très-Haut et Très-Généreux Prince, aussi brillant que la Lune, aussi éclatant que le Soleil, le gage précieux du Monde & de la Religion, le centre de la beauté du Musulmanisme & des Musulmans, le Monarque dont les Troupes égalent le nombre des Etoiles, celui qui est aujourd'hui assis sur le Trône de Cosroës & de Dgem; le Schah Nadyr, dont Dieu perpétue la gloire & la prospérité !

Sa Maj. Persanne, à l'exemple de ses glorieux Ancêtres, attachée au Hanésisme des vrais Musulmans, & ne pouvant souffrir la conduite blâmable de cette Nation, refusoit déjà d'accepter la Couronne, lorsque ces Peuples s'empressèrent à lui donner des preuves de leur aveugle soumission à ses ordres, en abandonnant les mauvais Principes qui jusqu'alors avoient servi de fondemens à leurs dérèglemens.

Les sentimens de religion & de générosité, profondément gravés dans le cœur de Sa Maj. Persanne, lui inspirèrent bientôt un véritable désir de mettre fin à tout ce qui pouvoit contribuer depuis si longtems à fomenter le feu de l'inimitié, & à aiguiser les traits de la vengeance entre la Turquie & la Perse.

Il envisagea comme un service insigne & important à ses Etats, à la Sublime Porte & à tous les Musulmans, de faire revivre parmi eux l'ancienne Union, qui avoit fait un tems leur bonheur.

Il écrivit dans ce dessein d'augustes Lettres au très-vertueux Empereur des Ottomans, pour remettre entre les mains de Sa Hautesse la gloire de couronner l'œuvre glorieuse & mémorable, qui faisoit le plus cher objet de ses vœux.

De cinq Articles qui composoient les Propositions de Sa Maj. Persanne, l'on applanit les difficultés sur trois, & on les accepta comme étant de pure politique, & dépendant absolument du bon plaisir de Sa Hautesse; mais la rigueur des Loix n'aïant été trouvée susceptible d'aucun tempérament pour les deux autres Articles, l'on représenta plusieurs fois à Sa Maj. Persanne, qu'on en appelloit à sa discrétion & à son équité.

Les Décrets éternels s'opposoient encore à l'exécution d'un projet, dont le succès étoit depuis si long tems désiré, et une fermeté mal entendue fomentoit encore l'animosité des Parties, lorsque Sa Maj. Persanne envoïa dernièrement à la Sublime Porte des Lettres, par lesquelles Elle témoignoit que ses vœux n'aïant pour but ni Possessions, ni biens, ni inimitié, ni guerre, il avoit sous ses augustes auspices ramené, & réüni dans la voie droite des vrais Musulmans tous les Habitans de la Perse, pour procurer au Peuple du Prophète le repos

& la tranquillité, en faisant succéder à une Guerre odieuse les avantages d'une heureuse Paix.

Ces Lettres contenoient, à la vérité, quelques Propositions nouvelles concernant les Limites, mais comme elles étoient conçues en forme d'insinuations, & dans les termes les plus ménagés, & que Sa Maj. Persanne, bien loin d'appuïer sur sa demande, en remettoit entièrement le refus ou l'acceptation à l'équitable choix de Sa Maj. Khalifale, celle-ci, sensible à cette façon de traiter amicale, se détermina à entrer en Négociations pacifiques.

Sa Maj. Impériale, l'Ombre de Dieu, écrivit, en conséquence, une Lettre Impériale pour faire part à Sa Maj. Persanne que, par le résultat d'un grand Conseil tenu à la Sublime Porte de Félicité, il avoit résolu de vérifier & de soussigner en tout point entre les deux Puissances le Proverbe de Præteriit quod præteriit. Qu'à l'égard de sa nouvelle demande aïant été regardée comme contraire aux Loix & aux Canons, il convenoit pour la bonne union des Parties que Sa Maj. Persanne voulût bien s'en désister, pour donner son auguste & heureux consentement à un Traité, entièrement dépouillé de tout point susceptible de tâche & de deshonneur pour la Maj. des Hauts Contractans, proposant pour base de ce Traité celui qui avoit été arrêté & conclu pour les Confins & Limites sous le règne de l'Empereur Sultan Murad Khan IV, qui jouït en l'autre Monde du printemps du Paradis; qu'au reste Sa Maj. Persanne devoit être assurée qu'à cette Condition, rien ne pourroit désormais ébranler les fondemens & les arcboutans de l'Amitié de l'Union réciproques, tant qu'il auroit en mains les Rennes de la Félicité, & qu'il auroit le pied dans le brillant Etrier de la Fortune, & non seulement sous son glorieux Règne, mais encore sous celui de ses Descendans & de ses Successeurs.

Sa Maj. Impériale, l'Ombre de Dieu, me députa à cet effet en qualité d'Envoïe, me chargeant d'une agréable Lettre Impériale, qui accordoit au Très-puissant, Très-clément & Très-magnifique Ahmed Pacha, Gouverneur de Bagdad & Bassora, & Séraskier de ce Département, le pouvoir spécial pour entamer & terminer les opérations de cette Négociation dans la forme ci-dessus, & je fus pareillement honoré pour moi d'une Lettre dans le même sens. Ahmed Pacha me donna pour adjoint l'Effendi de son Divan, le Très-éclairé Vely Effendi, avec lequel je me rendis en Perse. Aussi-tôt que nous fûmes heureusement arrivés au Camp Roïal de Sa Maj. Persanne, entre Tharan & Casbin, j'eus l'honneur de lui présenter la Lettre Impériale de l'auguste asyle du Khaly fat, en lui représentant avec tout le respect dû à Sa Maj. tout ce qui m'avoit été recommandé & ordonné, et Sa Maj. aïant témoigné le penchant et le désir sincère qu'Elle avoit de terminer & de conclure ce Traité selon les intentions & les inspirations

de S. Hautesse, Elle nomma quelques personnes de sa Cour pour conférer avec nous sur l'œuvre pieuse de cette Pacification, dont nous parvinmes à la conclusion dans une seule Conférence, en établissant une Base, une Condition, trois Articles & un Appendice, qui font tout le contenu de ce Traité; & sur le compte qu'on en rendit à Sa Maj. Persanne, Elle permit d'en dresser & d'en signer l'Acte de part & d'autre.

On verra ci-après la teneur de la Base, de la Condition, des trois Articles & de l'Appendix de ce Traité, depuis si longtems désiré pour l'union & la tranquillité du Peuple du Prophète, & conclu en conséquence du pouvoir spécial, dont j'ai été muni & honoré dans la forme ci-dessus par l'Empereur, l'asyle du Musulmanisme, le Monarque miroir de la Justice, le Prince des Princes, l'Ombre de Dieu, le possesseur des Troupes qui égalent le nombre des Etoiles, le Dépositaire du Khalifat, le Serviteur des deux sacrées & nobles Villes, le Maître des deux Terres & des deux Mers, le Sultan Fils du Sultan, le Très-puissant, Très-redoutable, Très-magnanime & Très-généreux Empereur Sultan Mahmoud le Conquérant, Fils du Sultan Moustafa le Conquérant, dont Dieu illustre le Règne & prolonge les jours!

Base du Traité.-On observera de part & d'autre sans altération, changement, ni diminution, les Confins & Limites qui ont jusqu'à présent été observées, & qui ont été réglées dans la dernière Paix prise aujourd'hui pour modèle, & conclue autre fois sous le Règne glorieux du Très-puissant Empereur Sultan Murad Khan IV, qui jouït dans l'autre Monde du printems du Paradis.

Condition.-En accordant & en observant envers les deux Parties, dans la forme convenable, tout ce qui est dû à leur honneur & à leur gloire, l'on évitera soigneusement tout ce qui peut être réciproquement susceptible de distinction de Religion & de deshonneur.

ART. I. Quand les Pèlerins de Perse iront à la Mecque, par la voïe de Bagdad et de Damas, les Gouverneurs, les Juges & Emirhaggs, qui se trouveront sur ces routes, donneront toute leur attention pour protéger, & soutenir en toute occasion ces sortes de Pèlerins, & pour les faire arriver sains & saufs.

II. Pour manifester au Public la bonne intelligence & l'union des deux Cours, la Sublime Porte enverra une personne pour résider à la Cour de Perse, & celle-ci pareillement en enverra une pour résider à la Porte de Félicité, & ces Chargés d'Affaires seront défraïés & raisonnablement entretenus comme les hôtes des Cours où ils résideront, & seront changés tous les trois ans.

III. On élargira de part & d'autre les prisonniers respectifs; on ne pourra les vendre ni les acheter, & on ne s'opposera point à leur

départ dans les endroits où ils ne voudront pas rester, quand ils demanderont à se repatrier.

Appendice.-Comme les Confins & Limites sont réglés selon la teneur ci-dessus, conformément au Traité conclu sous le Règne du Sultan Murad IV, les Gouverneurs des Confins réciproques observeront avec exactitude tout ce qui se pratiquoit anciennement, & se donneront bien de garde de contrevenir en rien à la Condition de ce Traité, dans les Affaires qui pourront survenir concernant les Confins.

Puisque par un effet de la Grâce divine, les Habitans de la Perse ont entièrement renoncé aux Maximes illicites innovées sous les Sophis, qu'ils sont rentrés dans le giron du Musulmanisme, en acceptant les anciens Dogmes des Sunnites ou vrais Musulmans, & qu'ils chantent les louanges & les éloges des Khalifes Rachidins, & des autres illustres Compagnons sur qui soit la Bénédiction de Dieu, les Pèlerins, qui iront dans la suite à la Mecque, à Médine, & dans tous les Etats Musulmans, seront traités avec tous les égards possibles, comme tous les autres Musulmans, & l'on se donnera bien garde de les inquiéter & les molester, & d'exiger d'eux la moindre chose sous le nom de Dérirmé.

Quand les Marchands des deux Nations auront païé, selon l'exigence des lieux, la Doüane des Marchandises qu'ils apporteront dans les Etats respectifs, on ne pourra les molester par aucune autre exaction.

Lorsqu'il viendra de Perse à la Mecque & à Médine, & aux Tombeaux situés à Bagdad, des Pèlerins, qui, attirés par la seule dévotion de Pèlerinage, n'auront point avec eux des Marchandises, les Juges & autres Officiers ne pourront exiger d'eux aucun droit, ni les inquiéter en aucune façon sans raison légitime.

Si après la date du présent Traité, quelqu'un des Sujets & des Rayas des deux Cours venoit à se réfugier dans les Etats respectifs, il ne sera accordé aucune protection à de pareils fugitifs; ils seront au contraire rendus aux Chargés d'Affaires réciproques sur la demande qu'ils en feront.

Tant que l'on observera exactement de part & d'autre les Articles ci-dessus, on ne négligera rien pour perpétuer cette heureuse Paix, même sous le règne des Descendans & des Successeurs des Hauts Contractans, sans autre borne que la volonté de l'Etre suprême.

Conclusion.-La Paix étant enfin conclue dans la forme ci-dessus par l'assistance du Très-Haut, il a aussi été arrêté que vers le premier jour de la nouvelle Année de l'Egire 1160, les deux Cours s'enverront des Ambassadeurs Extraordinaires du même rang, avec la Ratification du Traité, & le Très-puissant & Très-magnifique Hassan-Aly-Khan, l'un des plus illustres Khans de la Perse, nous aïant remis, en vertu de ses

Pleins-pouvoirs, l'Ecrit scellé portant le consentement de Sa Maj. Persanne à la Base, à la Condition, aux trois Articles & à l'Appendice ci-dessus, nous l'avons reçu & accepté, vu qu'il est conforme à nos instructions, & avons pareillement présenté & remis en échange à Sa Maj. Persanne le présent Ecrit, signé & scellé par le susdit trèspuissant & très-clément Ahmed Pacha, & par moi en vertu de nos Pouvoirs.

Fait le 19 de la Lune de Chabon, l'an de l'Egire 1159, ou vers le commencement de Janvier, 1746.

No. 3.-Treaty. (Peace.)

January, 1747.*

Traité de Paix entre Nader Chah, Empereur de Perse, & le Sultan Mahmoud, Empereur des Turcs.

GLOIRE soit à Dieu, qui a plongé dans le sommeil les yeux de la commotion, en éveillant les cœurs des monarques; qui a fait découler la fontaine de la paix parmi le genre humain, en arrêtant le cours de la rivière de la discorde entre les Rois, & les puissans Sultans; qui a rétabli par leur amicable agrément le désordre des affaires des fidèles croyans; qui a dépouillé leurs cœurs de tout ressentiment, afin de pouvoir guérir l'âme blessée de son peuple ; qui a déraciné toute haine & inimitié de leur sein, & leur a ordonné de garder inviolablement leurs Traités, ainsi que dit le livre à jamais glorieux: O vous qui croyez, gardez vos Conventions!

Puisse à présent le Très-Haut être gracieux envers son Prophète Mohammed, dont le siège est exalté; envers sa Famille & ses Compagnons, & particulièrement ses successeurs, les Califes, qui marchent dans la voie droite, & qui usent d'une extrême diligence, pour maintenir la vraie Religion!

Après ces prémises, il suit: Dans les vastes plaines de Mogan, le peuple de l'Iran désira, que nous acceptassions le diadême royal; mais voyant les troubles que les hérésies de Chah Ismail avoient suscités dans la Perse, & l'inimitié qu'elles avoient causée entre les Turcs & les Persans; considérant aussi, que la secte des Sunnis étoit suivie par nos nobles ancêtres, & grands progéniteurs, nous refusâmes leur proposition. Mais après plusieurs instances réitérées, nous consentimes de régner sur eux, sous condition, qu'ils abjureroient de coeur & de bouche leurs anciennes erreurs, & reconnoitroient la légitime succession

Wenck. Vol. 2. Page 305.

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