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ARTICLE X I I.

Province de Quang-tong.

LA Province de Quang-tong est la plus

Province confidérable des Provinces méridionales de Quang de la Chine; eft eft bornée au nord-est par le Fo-kien, au feptentrion par le Kiang fi, au couchant par le Quang-fi & le Royaume de Tong-king. Tout le refte eft baigné des eaux de la mer.

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Le pays eft mêlé de plaines & de montagnes; les terres y font fi fertiles, qu'elles produifent deux fois l'année. Le commerce & la fécondité du fol raffemblent dans cette Province tout ce qui peut contribuer aux délices de la vie ; elle fournit de l'or, des pierres précieufes, de la foie, des perles, du bois d'aigle, de l'étain, du vif-argent, du fucre, du cuivre, du fer, de l'acier, du falpêtre, de l'ébene, & quantité de bois de fenteur très-recherchés.

Outre une grande partie des fruits de l'Europe & de ceux qui croiffent dans les Indes, elle en a plufieurs qui lui font particuliers, tels que les Li-tchi, les Longy-ven, dont nous parlerons dans la fuite.

de Quang

tong.

Toutes les côtes font très-poiffonneufes; elles fourniffent une grande quantité d'huî- Province tres, d'écreviffes, de crabes, de tortues d'une groffeur extraordinaire. Les Chinois emploient les écailles de celles-ci pour fabriquer de très-jolis ouvrages.

Ön nourrit dans cette Province une multitude prodigieufe de canards domeftiques; les foins & l'induftrie particuliere avec laquelle les Chinois de cette contrée les élevent, les ont multipliés plus que par-tout ailleurs ; ils en font éclore les œufs dans un four ou dans du fumier, & ils ne tiennent point cette pratique de l'Egypte. Ils en chargent un grand nombre de petites barques, & les menent par troupeaux paître fur le bord de la mer, où, lorfque fes eaux font baffes, ces oiseaux trouvent des huîtres, des chevrettes, & autres coquillages femblables. Ces petites flottes vont ordinairement de compagnie, & bientôt tous les canards se mêlent fur le rivage: mais lorfque la nuit vient, il fuffit de frapper fur un baffin pour les raffembler; auffitôt toutes les bandes fe forment, & chacune retourne au bateau qui l'avoit amenée. Les Chinois ont le fecret de faler une grande quantité de chair de

canards, fans qu'elle perde rien de fa Province premiere faveur ; ils favent auffi en faler de Quang- les œufs, en les couvrant d'un enduir

Long.

d'argile mêlé de fel. La faumure dans laquelle on les laifferoit tremper, ne pénétreroit point à travers les pores de la coque: l'obfervation a fait connoître aux Chinois, que l'argile feule, chargée de fel, a cette propriété. Ces œufs falés font très-fains, & l'on en permet l'ufage aux malades.

Quoique le climat de cette Province foit très-chaud l'air Y eft pur & le peuple robufte & fain; il eft fur - tout très-induftrieux, & l'on ne peut lui refufer d'être éminemment doué du talent de l'imitation; il fuffit de lui montrer la plupart de nos petits ouvrages d'Europe, pour qu'il en exécute de femblables avec une jufteffe furprenante.

Quoique cette Province ait beaucoup fouffert durant les guerres civiles, elle eft aujourd'hui une des plus floriffantes de l'Empire; & comme elle est la plus éloignée de la Cour, fon gouvernement eft un des plus confidérables. Celui qui en eft le Vice-Roi, l'eft auffi du Quang-fi, & il réfide à Chao-king, afin d'être plus à portée d'expédier fes ordres dans l'une

& dans l'autre Province. Ce Gouverneur

a toujours un certain nombre de troupes dont il difpofe pour arrêter les courses des voleurs & des pirates, qui, fans cette précaution, fe multiplieroient assez pour interrompre ou molefter le commerce. C'est par la même raifon qu'on a conftruit le long des côtes & dans les terres, un grand nombre de fortereffes, dont la plupart font de grandes villes pourvues de nombreuses garnisons.

On divife cette Province en dix contrées, qui contiennent dix villes du premier ordre, & quatre-vingt-quatre du fecond & du troifieme.

Quang-tcheou-fou, que les Européens appellent Canton, eft la capitale de cette Province, & l'une des villes les plus peuplées & les plus opulentes de la Chine: elle est l'entrepôt de tout le commerce des Indes, & de celui que l'Europe entretient avec ce vaste Empire.

L'immenfe quantité d'argent que les vaiffeaux étrangers apportent journellement dans cette cité, y attire une foule continuelle de Marchands de toutes les Provinces; en forte qu'on eft sûr de trouver dans fes magafins les productions les plus rares du fol, & ce qui fort de plus

Province de Quang

tong.

tong.

précieux des Manufactures Chinoifes. Province Cette ville eft d'ailleurs fituée fur une de Quang belle riviere, qui communique à toutes les Provinces voifines par des canaux : on nomme fon embouchure Hou-man, c'est-à-dire, Porte du Tigre; fes bords, les campagnes qu'elle arrofe, les collines même qui la dominent, font cultivées & offrent le coup-d'oeil le plus agréable. » On commence, dit le P. de Prémare » à voir ce que c'eft que la Chine, quand » on est entré dans la riviere de Can"ton. Ce font, fur les deux bords, de grandes campagnes de riz, vertes » comme de belles prairies, qui s'éten" denta perte de vue, & qui font entre"coupées d'une infinité de petits canaux; » de forte que les barques qu'on voit "fouvent aller & venir de loin, fans » découvrir l'eau qui les porte, pa» roiffent gliffer fur l'herbe. Plus loin, » dans les terres, l'on apperçoit les "côteaux couronnés d'arbres & cultivés » le long du vallon; tout cela eft mêlé » de tant de villages, de fites champê» tres, & fi bien variés, qu'on ne se laffe point de regarder, & qu'on a regret » de paffer fi vîte «.

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On entre enfuite dans une grande ville,

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