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Province

de Koei

Les villes militaires font diftinguées en fept claffes; on en compte fix cent vingt-neuf de la premiere, cinq cent theou. foixante de la feconde, trois cent onze de la troifieme, trois cents de la quatrieme, cent cinquante de la cinquieme, cent de la fixieme, & trois cents de la feptieme. Quelques-unes de ces villes militaires fervent à loger les foldats, auxquels on affigne dans le voifinage une certaine quantité de terres pour feur entretien. Les frontieres & les côtes font défendues par quatre cent trente - neuf châteaux tenus en bon état & très-bien fortifiés. On compte en outre, le long de ces mêmes côtes, deux mille neuf cent vingt bourgs, dont un grand nombre égale en grandeur & en population plufieurs villes murées. Quant aux bourgs & aux villages répandus dans l'intérieur des terres, on affure qu'ils font innombrables, la plupart riches, commerçans, & bien peuplés.

Les établiffemens publics répondent à la grandeur & à l'étendue de l'Empire: on compte onze cent quarante-cinq hofpices royaux, ou lieux de logement, deftinés à l'ufage des Mandarins, des Préfets des Provinces, des Officiers de la Cour, des

Province dr Koci: tcheou:

les

Courriers, & de tous ceux qui voyagent
aux dépens de l'Empereur. Les tours,
arcs de triomphe, & les autres monumens
publics élevés à la gloire des bons Rois
& à celle des Hommes illuftres, font au
nombre de onze cent cinquante - neuf.
Les vertus des femmes, comme celles
des hommes, ont droit à la Chine aux
honneurs publics on y voit deux cent
huit monumens confacrés à la mémoire
d'un certain nombre d'entre elles, qui,
par leur modestie, leur pudeur, & leut
attachement aux devoirs de leur fexe
ont mérité l'eftime & la vénération de
leurs concitoyens. Deux cent foixante-
douze bibliotheques célebres font conti-
nuellement ouvertes aux Savans & aux
Lettrés; les gymnafes ou colléges, éta-
blis
par Confucius, & ceux qu'on a fondés
en fon honneur, font auffi multipliés que
les cités & les bourgs.

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LIVRE I I.

DE LA TARTARIE CHINOISE.

LA Tartarie Chinoise est bornée au nord par la Sibérie; au levant, par le golfe de Kamtchatka & par la mer orientale; au midi, par la Chine; & au couchant, par les Tartares Kalmouks, établis entre la mer Cafpienne & Cafghar. Les différens peuples qui l'habitent aujourd'hui, étoient autrefois compris fous le nom général de Tartares Moungales ou Moungous, nation terrible & belliqueufe, qui, d'une part, conquit l'Indoftan, fous la conduite du fameux Zinghiskan, & de l'autre foumit la Chine. Ce fut au treizieme fiecle que les Moungales s'emparerent de ce dernier Empire; mais après y avoir régné pendant cent ans, ils en furent chaffés par les Chinois en 1368. Les fugitifs prirent différentes routes; les uns allerent s'établir vers la mer orientale, entre la Chine &

la riviere Saghalien; les autres tournerent au couchant vers leur premier pays, où s'étant mêlés aux Moungales qui y étoient reftés, ils reprirent bientôt la même maniere de vivre que leurs anciens compatriotes. Ceux qui s'établirent à l'orient, ayant trouvé le pays prefque défert & fans habitans, y conferverent les mêmes mœurs qu'ils avoient apportées de la Chine. Ainfi ces deux nations Moungales different aujourd'hui par le langage, par leur gouvernement, leur Religion, & leurs ufages. Ceux de l'occident ont retenu leur ancien nom de Tartares Moungales ou Moungous; les autres font connus fous le nom de Mantcheoux ou Tartares Orientaux. La Tartarie Chinoise, fe divife donc en deux parties, l'orientale & l'occidentale.

ARTICLE PREMIER.

Tartarie Chinoife orientale.

CETTE partie s'étend du midi au fep

Tartarie tentrion, depuis le 41° degré de latitude Chinoife bientale. feptentrionale, jufque vers le 55° degré; & de l'occident à l'orient, environ de-.

puis le 137 degré de longitude, jusqu'à la mer orientale. Elle eft bornée au nord Tartarie Chinoife orientale.

par la Sibérie; au midi , par le golfe de Leao-tong & la Corée; à l'orient, par la mer orientale; & à l'occident, par le pays des Moungous.

Les Tartares qui s'y retirerent après leur expulfion de la Chine en 1368, fe mirent d'abord à bâtir des villes, des bourgs, des villages, & à cultiver les terres, à l'exemple des Chinois parmi lefquels ils avoient vécu : ainfi la plupart ont des demeures fixes, & font beaucoup plus civilifés que le refte de la nation Moungale. Ils furent d'abord gouvernés par des Kans particuliers, indépendans les uns des autres; mais depuis que celui de Ningouta, qui étoit le plus puiffant d'entre eux, s'eft emparé de la Chine, vers le milieu du fiecle dernier, l'Empereur, qui eft encore un de fes defcendans, à foumis à fa domination tous les autres Kans de cette partie de la Tartarie. Ce Prince la gouverne immédiatement par lui-même, & y envoie des Préfets & des Officiers comme dans les autres Provinces de l'Empire.

Le pays des Tartares Mantcheoux fe

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