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grand nombre de ceux qui ne reftent Popula- chez eux que par intervalle; 12o. la protion de la fonde paix dont jouit l'Empire; 13°. la

Chine.

famines

qu'on y éprouve.

vie frugale & laborieufe, même des Grands; 14°. l'exemption du vain préjugé de méfalliance; 15°. la politique ancienne de diftinguer les hommes fans diftinguer les familles, en n'attachant la nobleffe qu'aux emplois & aux talens fans permettre qu'elle devienne héréditaire; 16. la décence des mœurs publiques, & l'ignorance des fcandales de la galanterie.

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Fertilité de la Chine; caufes des famines fréquentes qu'on y éprouve.

Tous les Voyageurs s'accordent dans

Fertilité leurs récits fur la fertilité de la Chine, de la Chine; fur l'étendue & la beauté de ses plaines. caufes des On n'y voit ni enclos, ni haies, ni foffréquentes fés, ni presque aucun arbre, tant le Cultivateur Chinois craint de perdre la moindre portion de fon terrein. Les plaines des Provinces feptentrionales produisent le froment; celles du midi portent du riz, parce que le pays eft plus bas &

Fertilité

de la Chine;

plus aquatique. Les terres, dans plusieurs Provinces, portent deux moiffons dans l'année; & même dans l'intervalle des deux récoltes, on y feme encore plu- famines fieurs fortes de petits grains & de légu- fréquentes

mes.

Mais comment concilier cette fertilité des terres avec ces famines cruelles & ces difettes générales qui défolent fi . fouvent la Chine? Comment arrive-t-il qu'un peuple fobre, actif, industrieux, qui habite les plus fertiles contrées de l'Univers, qui eft gouverné par des Princes dont la fageffe & la prévoyance font le principal caractere, fe trouve fi fréquemment expofé à ce fléau deftructeur; tandis qu'on voit en Europe des pays ftériles, habités par des peuples qui manquent de la plupart de ces avantages, n'éprouver prefque jamais les horreurs de la famine?

Ce problême paroît difficile à réfoudre à ceux qui n'ont qu'une connoiffance fuperficielle de la Chine; mais un coup-d'œil réfléchi fur le local des différentes parties de cet Empire & fur la police de fes grains, fuffit pour expliquer ce fait & diffiper le doute de la contradiction.

caufes des

qu'on y

éprouve.

de la Chine; caufes des famines

qu'on y éprouve.

Deux caufes concourent à produire

:

tels

Fertilité dans ce Royaume ces affreufes famines. 1°. Lorfque des accidens naturels, que la féchereffe, la grêle, les inonfréquentes dations, les infectes, font manquer les récoltes de l'année dans quelque difette abfolue que foit la Chine, non feulement elle ne peut tirer aucun fecours de fes voifins, mais elle fe trouve encore dans la néceffité.de leur en fournir. Qu'on obferve fes frontieres & les peuples limitrophes: en commençant par la Province d'Yun- nan & remontant enfuite vers le nord par les Provinces de Koei-tcheou, de Se-tchuen & de Chen-fi, jufqu'à la grande muraille, on ne trouvera que des montagnes affreufes, la plupart peuplées jufqu'ici des fauvages Miao-fe, dont nous avons parlé.

Au nord de la Chine, font les Tartares Mongoux; nation foumife, il eft vrai, mais extrêmement pareffeuse, qui ne feme du millet que pour fon ufage, & fait fa principale nourriture de la chair de fes troupeaux.

Au nord-eft, eft la Province de Leaotong, qui eft très-fertile, mais trop éloignée de Pe-king & du centre de l'Empire, pour y faire parvenir fes denrées.

de cette

de

Fertilité de la Chine;

caufes des

fréquentes qu'on y

D'ailleurs le tranfport en eft impraticable dans toute autre faifon que l'hiver : c'est le temps où l'on apporte contrée dans la capitale quantité de gi- famines bier & de poiffons glacés, ou habillés glace, felon l'expreffion Chinoife. éprouve. La Corée ne fournit point de grains à la Chine. Les Provinces de Kiang-nan & de Tche-kiang font bornées à l'orient par les mers du Japon; & quoique ces ifles ne foient éloignées du continent que de trois ou quatre journées, jamais aucun vaiffeau Chinois ne s'eft hafardé jufqu'ici à y aller chercher des vivres foit que le Japon, déjà trop peuplé, n'en ait point de fuperflus, ou que, depuis qu'il a fermé fes ports, les Marchands étrangers y foient expofés à trop

d'infultes.

La mer baigne au fud la Province de Fo-kien, qui a vis-à-vis d'elle l'ifle For mofe. Lorfque la difette regne dans celleci, c'est encore à la Chine à lui fournir de grains.

La Province de Quang-tong est également terminée la par mer, & n'a rien au fud que des ifles & des terres éloignées. Une année que le riz y étoit fort cher, l'Empereur fit appeler le P. Par

de la Chine;

caufes des

famines

renin, Miffionnaire Jéfuite, & lui deFertilité manda fi la ville de Macao ne pourroit pas fournir du riz à celle de Ĉanton jufqu'à ce que celui qu'il y faifoit conduire fréquentes des autres Provinces y fût arrivé. Mais il fut fort furpris d'apprendre que Macao n'avoit de fon fonds ni riz, ni blẻ, nị fruits ni herbes, ni troupeaux, & qu'elle tiroit généralement de la Chine tout ce qui lui étoit néceffaire pour fa fubfiftance.

qu'on y éprouve.

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Après avoir ainfi parcouru toutes les frontieres de ce vafte Empire, on voit que, dans les temps difficiles, il eft fans aucune reffource du côté de fes voifins. Ce qui empêche la famine de régner en Europe, eft la libre circulation du commerce, & la facilité qu'a chaque Province de tirer des grains de l'Etranger. Cet avantage manque à la Chine: ifolée à l'extrémité de l'Afie, ou entourée de peuples barbares, il faut qu'elle fe nourriffe elle-même, & qu'elle tire de fon propre fol de quoi faire fubfifter cette foule innombrable d'habitans que renferment fes Provinces. C'eft ce qui a fait auffi dans tous les temps l'objet des foins du Ministere public. La Chine a toujours eu des greniers & des magafins établis

dans

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