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fi on la mêle avec de l'eau trouble, elle Herbes & la purifie & l'éclaircit en précipitant au plantes méfond du vafe toutes les faletés qu'elle contient. C'est l'eau de ce puits qu'on emploie pour faire le Ngo-kiao, qui n'est rien autre chofe qu'une colle de peau

dicinales de la Chine,

d'âne noir.

On tue cet animal, & l'on enleve fa peau, qu'on fait tremper pendant cinq jours dans de l'eau tirée de ce puits. On la retire au bout de ce terme, pour la nettoyer & la ratiffer; on la découpe enfuite en petits morceaux, qu'on fait bouillir à petit feu dans l'eau de ce même puits, jufqu'à ce qu'ils foient réduits en colle, qu'on paffe toute chaude par une toile, pour en féparer toutes les parties groffieres qui n'ont pu être fondues. Dès que cette colle s'eft refroidie & a pris de la confistance, on la façonne pour la diftribuer. Les Chinois en forment communément des tablettes, fur lesquelles ils impriment des caracteres, des armoiries, ou les enfeignes de leurs boutiques.

Ce puits eft le feul de fon efpece à la Chine; il est toujours fermé, & fcellé du fceau du Gouverneur du lieu, jusqu'au jour où l'on a coutume de l'ou

plantes mé

vrir pour faire la colle de l'Empereur. Cette opération tient ordinairement de- Herbes & puis les récoltes d'automne jufqu'au com- dicinales de mencement du mois de Mars. Pendant la Chine. ce temps, les peuples voifins & les Marchands traitent, pour avoir de cette colle, avec les Gardes du puits & les Ouvriers qui la fabriquent. Ceux-ci en font, en leur particulier, la plus grande quantité qu'ils peuvent, avec cette différence qu'elle eft moins propre, & qu'ils n'examinent point avec une attention fi fcrupuleufe, fi l'âne eft gras ou d'une couleur bien noire. Cependant toute la colle qui fe travaille en cet endroit, eft auffi eftimée à Pe-king, que celle que les Mandarins du lieu font paffer à la Cour & à leurs amis.

Comme cette drogue jouit de la plus grande célébrité, & que la quantité qui s'en fabrique à Ngo-hien ne fuffit point pour en pourvoir tout l'Empire, on ne manque pas de la contrefaire ailleurs & d'en fabriquer de fauffe avec de la peau de mule, de cheval, de chameau, & quelquefois même avec de vieilles bottes. Il est cependant très - aifé de la diftinguer de la véritable: celle-ci n'a ni mauvaise odeur, ni goût défagréable

plantes mé

lorfqu'on la porte à la bouche; elle est Herbes & caffante, friable, & toujours de couleur dicinales de ou parfaitement noire, ou d'un noir la Chine. rougeâtre. La fauffe a toutes les qua

lités contraires; elle eft de mauvaise odeur & de mauvais goût, vifqueufe, mollaffe, même quand elle est faite de cuir de cochon, qui eft celle qui imite le mieux la véritable.

Les Chinois attribuent un grand nombre de vertus à cette drogue: ils affurent qu'elle diffout les flegmes; qu'elle eft amie de la poitrine, qu'elle facilite le jeu & l'élasticité du poumon; qu'elle rend la refpiration plus libre à ceux qui l'ont embarraffée; qu'elle rétablit le fang, arrête les dyffenteries, provoque l'urine; qu'elle affermit l'enfant dans le fein de la mere, &c. &c. &c. Sans vouloir garantir ce grand nombre de propriétés, il paroît du moins certain, par le témoignage des Miffionnaires, que cette drogue eft très bonne pour toutes les maladies du poumon. On la prend en décoction avec des fimples, & quelquefois en poudre, mais plus rarement.

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Quadrupedes, Oifeaux, Papillons, Poif fons de la Chine.

LES

vages

Quadru

feaux, Pa

la Chine.

ES montagnes & les vastes forêts de la Chine fourniffent des animaux faude toute efpece. On y trouve quel- pedes, Oiques rhinocéros, des éléphans, des léo- pillons, pards, des tigres, des ours, des loups, Poiffons de des renards, des bufles, des chameaux, des chevaux, & des mules fauvages, &c. Les Provinces feptentrionales renferment quelques caftors, des martres zibelines, & des hermines; mais les fourrures qu'elles donnent ne valent point celles qu'on tire de Sibérie.

Le gibier eft très-commun à la Chine. Les places de Pe-king, pendant l'hiver, font remplies de monceaux de différentes fortes d'animaux volatils, terreftres & aquatiques, durcis par le froid, & exempts de toute corruption: on y voit une quantité prodigieufe de cerfs, de daims, de fangliers, de chevres, d'élans, de lievres, de lapins, d'écureuils, de chats & de rats fauvages, d'oies, de canards,

622 DESCRIPTION GÉNÉRALE

de poules de bois, de perdrix, de faiQuadru fans, de cailles, & plufieurs autres effeaux, Pa- peces de gibier qui ne se trouvent point pillons, en Europe.

pedes, Oi

Poiffons de

la Chine.

Les chevaux Chinois n'ont ni la beauté, nila vigueur, ni la vîtesse des nôtres, & les habitans du pays ne favent point les dompter; ils font dans la néceffité de les mutiler, & cette opération les rend doux & familiers. Ceux qu'ils def tinent aux exercices militaires, font fi timides, qu'ils fuient au feul henniffement des chevaux Tartares. D'ailleurs comme ils ne font point ferrés, la corne de leurs pieds s'ufe bientôt; en forte que le meilleur cheval, à fix ans, est prefque incapable de fervice.

On voit à la Chine une efpece de tigre fans queue, & qui a le corps d'un chien. C'eft de tous les animaux le plus féroce & le plus léger à la course. Si l'on en rencontre quelqu'un, & que, pour se dérober à fa fureur, on monte fur un arbre, l'animal pouffe un cri, & à l'instant on en voit arriver plufieurs autres, qui, tous ensemble, creufent la terre autour de l'arbre, le déracinent & le font tomber. Mais les Chinois ont trouvé depuis peu le moyen de les dé

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