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l'autel, une espece de bibliotheque dont Province les livres traitent du culte des Idoles.. de Fo-kien.

Lorfqu'on eft defcendu de ce dôme, on traverse la cour, & l'on entre dans une espece de galerie dont les murs font lambriffés: on y compte vingt-quatre statues de bronze doré, qui repréfentent vingt-quatre Philofophes, anciens difciples de Confucius. Au bout de cette galerie, on trouve une grande falle qui eft le réfectoire des Bonzes; on traverse enfuite un affez vafte appartement, & l'on entre enfin dans le temple de Fo, où l'on monte par un grand escalier de pierre. Il est orné de vases de fleurs artificielles, ouvrage dans lequel les Chinois. excellent, & l'on y trouve les mêmes inftrumens de mufique dont on a déjà fait mention. On ne voit la ftatue du Dieu qu'à travers une gaze noire, qui forme une espece de voile ou rideau devant l'autel. Le refte de la pagode confiste en plufieurs grandes chambres fort propres, mais mal percées; les jardins & les bofquets font pratiqués fur le côteau de la montagne, & l'on a taillé dans le roc des grottes charmantes, où l'on peut fe mettre à l'abri des chaleurs exceffives du climat.

Il y a plufieurs autres pagodes dans l'ifle d'Emouy; il en eft

une, entre autres, Province

qu'on appelle pagode des dix mille pierres, dé Fo-kien.
parce qu'elle eft bâtie fur le penchant
d'une montagne où l'on a compté un pareil
nombre de petits rochers, fous lefquels
les Bonzes ont pratiqué des grottes &
des réduits très-agréables. On y voit
régner une certaine fimplicité champêtre,
qui plaît & qui féduit.

Ces Bonzes reçoivent les Etrangers avec affez de plaifir: on peut entrer librement dans leurs temples; mais il ne faut pas chercher à fatisfaire entiérement fa curiofité, ni entrer dans les appartemens où ils ne vous introduisent pas euxmêmes, fur-tout lorfqu'on eft mal accompagné; car les Bonzes, à qui le commerce des femmes eft interdit fous des peines rigoureuses, & qui en gardent fouvent dans des lieux fecrets, pourroient, dans la crainte d'être accufés, fe venger d'une curiofité trop indifcrete.

Les ifles de Pong-hou forment un archipel entre le port d'Emouy & l'ifle Formofe; on y tient une garnifon Chinoise, avec un Mandarin de Lettres dont le principal emploi eft de veiller fur les vaiffeaux marchands qui vont ou

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qui viennent de la Chine à Formofe, & Province de Formofe à la Chine.

de Fo-kien.

Comme ces ifles ne font que fables ou rochers, on doit y porter tout ce qui est néceffaire à la vie. On n'y voit ni buiffons ni brouffailles; un feul arbre fauvage en fait tout l'ornement. Le port y eft bon, & à l'abri de toutes fortes de vents; il a environ vingt à vingt - cinq braffes de profondeur. Quoiqu'il fe trouve dans une isle inculte & inhabitée, il eft absolument néceffaire pour la confervation de Formofe, qui n'a aucun port où les vaiffeaux, tirant plus de huit pieds d'eau, puiffent aborder.

de Tche

kiang.

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CETTE Province, autrefois le féjour

Province de quelques Empereurs, eft une des plus confidérables par fa fituation maritime, fon étendue, ses richeffes & le nombre de fes habitans; elle eft bornée au fud par celle de Fo-kien; au nord & à l'ouest par celles de Kiang-nan & de Kiang-fi, & à l'eft par la mer. L'air Y est pur &

fain; fes campagnes font arrofées par quantité de rivieres & de canaux trèsbien entretenus; les fources d'eau vive & les lacs qui s'y trouvent, contribuent encore beaucoup à fa fertilité. Ses peuples font doux, fpirituels, & fort polis envers les Etrangers; mais on prétend qu'ils font extraordinairement fuperftitieux.

On éleve dans cette Province une quantité prodigieufe de vers à foie; on y voit des plaines entieres couvertes de mûriers nains, qu'on empêche de croître; on les plante & on les taille à peu près comme les vignes. Une longue expérience a convaincu les Chinois, , que les feuilles des plus petits mûriers procurent la meilleure foie. La principale branche du commerce de cette Province font donc les étoffes de foie; celles qu'on

fabrique, & auxquelles on mêle l'or & l'argent, font les plus belles & les plus eftimées dans tout l'Empire. Quant aux autres pieces plus communes, on en tranfporte dans toute la Chine, au Japon aux Philippines & en Europe, une quantité prodigieufe; &, malgré cette exportation, il en refte encore affez dans la Province, pour en donner de quoi faire un habit complet, au même prix que fe

Province de Tchekiang.

vendent en France les étoffes de laine Province les plus groffieres.

de Tche

kiang.

C'est de cette Province que viennent les meilleurs jambons, & ces petits poiffons dorés dont on peuple les viviers: on y trouve auffi l'arbre qui produit le fuif, & une forte de champignons qu'on tranfporte dans toute la Chine. Après les avoir confits dans le fel, on les feche, & on peut les garder toute l'année; il fuffit de les tremper dans l'eau, pour leur rendre leur premiere fraîcheur, lorfqu'on veut en faire ufage.

On compte dans le Tche-kiang onze villes du premier ordre, foixante-dix-fept du fecond & du troifieme, & dix-huit fortereffes qui feroient en Europe des villes confidérables.

Hang-tcheou-fou, la métropole de la Province, eft, felon les Chinois, le Paradis de la terre on peut la regarder comme une des plus riches, des mieux fituées, & des plus grandes villes de l'Empire; elle a quatre lieues de circuit, fans y comprendre fes fauxbourgs, & le nombre de fes habitans monte à plus d'un million. On compte dans fon enceinte environ foixante mille Ouvriers qui travaillent à la foie mais ce qui rend cette

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