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Franssen 5-24-38 36233

AVERTISSEMENT

DU LIBRAIRE.

LE fuccès & le débit rapide de ła premiere édition de cet Ouvrage nous déterminent à en donner une fe conde, fous le format in-8°., qui paroît plus commode à quelques Lecteurs. Quoiqu'une partie de l'édition in-4°. ait été diftribuée féparément & avec un frontispice particulier, nous devons cependant faire obferver que ce volume forme le tome XIII & dernier de l'Histoire générale de la Chine; & nous prévenons les poffeffeurs de cette grande Hiftoire, de ne pas tarder, s'ils veulent compléter leur exemplaire, à faire retirer ce tome XIII, que des délais nous mettroient bientôt dans l'impuiffance de leur fournir.

M. l'Abbé Grofier s'étoit d'abord propofé de répondre à la fatire amère que M. Sonnerat, dans la Relation de

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fon dernier voyage aux Indes, s'eft permife contre les Chinois; mais les réclamations déjà publiques d'un grand nombre de Voyageurs & de perfonnes inftruites, lui ont fait croire que toute réfutation ultérieure devenoit fuperflue d'autant plus que les inculpations de M. Sonnerat ne font qu'une répétition de celles que M. Paw, meilleur Ecrivain, avoit déjà hafardées contre les Chinois. Pour faire connoître combien eft infidele la fource où M. Sonnerat a puifé, nous nous contenterons de reproduire ici le jugement que M. l'Abbé Grofier portoit, en 1776, des Recherches fur les Egyptiens & les Chinois.

» Ce feroit peut-être ici le lieu (*) de détruire les impreffions défavorables que certaines plumes paffionnées ont voulu nous donner de la Nation Chinoife. Dans le nombre de ces Ecrivains détracteurs, il n'en eft point furtout qui ait épanché contre elle plus

(*) Profpectus de l'Histoire générale de la Chine.

de fiel & d'amertume, ni qui l'ait całomniée avec plus de hardieffe & de mauvaise foi, qu'un Docteur Allemand, nommé Paw, Auteur des Recherches Philofophiques fur les Egyptiens & les Chinois. La haine de cet Ecrivain contre ces Afiatiques, perce avec la derniere indécence dans toutes les pages de fon Livre. I ne les peint que fous des couleurs odieufes; il les représente comme le Peuple le plus vil, le plus lâche, le plus ignorant, le plus corrompu, & le plus fripon qui foit dans l'Univers; il les donne, en un mot, pour la lie des Nations. Leur Hiftoire, qu'il n'a jamais lue & qu'il n'a pu Hire, n'eft à fes yeux qu'un tiffu mal ourdi de menfonges & d'extravagances; leur extrême population n'eft qu'une thimere; leurs villes font rares & en petit nombre, & leurs terres en friche; les plus fages de leurs Philofophes, tels qu'un Confucius, un Mengtfeë, n'ont été que de plats Pédagogues, qui n'ont pas même connu les

premiers élémens de fa Morale; ils n'ont fait aucune des découvertes qu'on leur attribue en Europe; leur ftu-. pidité d'efprit les rend complétement ineptes pour tous les Arts; ils font encore dans l'imbécillité de l'enfance pour la Légiflation; & leur Gouvernement, quoiqu'il fubfifte le même & fans variation depuis plus de trois mille aris, n'eft qu'un fyftême ruineux, chef-d'œuvre de déraifon, de barbarie, de contradiction, &c. &c. Tel eft, en peu de mots, le réfumé des Affertions hardies que M. Paw, tranquillement affis dans fon cabinet, à Berlin, prononce fur un Peuple qu'il n'a jamais vu, & qui habite à fix mille lieues de lui. On pardonneroit peut-être à M. Paw le ton magiftral & tranchant avec lequel il décide, s'il daignoit au moins faire part à fes Lecteurs des autorités qui peuvent fonder fes opinions particulieres; mais il a le malheur d'être du nombre de ces Ecrivains qui ont fait de

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