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de même que la plus grande partie des vallées qui féparent les rochers.

Le Climat, autant que les Colonies Le Climat. Danoifes y ont pénétré, eft affez fupportable; mais le Temps eft fort inconftant. Le Soleil eft fort brillant & chaud en été, & il fait beau & clair au continent, où il n'y a point de brouillard. Les Mles au contraire n'ont du beau temps que dans le mois d'Août, & pendant tout le refte de l'année elles font enveloppées d'un brouillard humide & froid, qui empêche de voir le foleil. Dans ces Iles & fur la Mer on obferve d'un moment à l'autre des changemens confidérables dans la température de l'air. Il ne pleut ni fouvent ni beaucoup. Il tonne rarement, & le fon du tonnerre eft extrêmement fourd l'écho qu'il caufe dans les montagnes n'eft pas même à beaucoup près fi fonore que dans d'autres Pays, ce qu'on doit vraisemblablement attribuer à l'épaiffeur de l'air, à la legereté de la neige & à la fragilité des glaces qui couvrent les rochers. Les grandes tempêtes fout

fort rares, & quand elles arrivent elles ne durent guéres. Il y en a fouvent fur Mer, fans qu'on s'en apperçoive beaucoup fur terre. Les plus fortes tempêtes viennent du Sud. Les Danois & les Norwégeois trouvent l'hyver de ces Contrées affez fupportable, d'autant plus qu'il y gele prefque continuellement par un temps fort fercin. La plus forte gelée arrive avec les vents de NordEft, qui viennent en partie du Continent, qui eft rempli de rochers couverts de neiges & en partie des glaçons immenfes, qui s'étendent le long de la Côte Orientale. Ils caufent un froid terrible & pénétrant par les particules glaciales, dont ils fe chargent en fi grande, quantité qu'elles reffemblent à une pluye fine ou à un brouillard épais.

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*Ceci paroît fi incroyable aux Habitans des Pays chauds, que les Sçavans même en doutent. C'est pourquoi il ne fera hors de propos que j'ajoute ici les remarques à cer

pas

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Le temps calme eft caufe que les Beaueaux font bientôt prifes, & la glace coup de

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gard de Chrétien Spidberg Miniftre à Chriftiansand en Norwége. ( V. le II. Supplément des Acta Wratislav. Art. 4. pag. 71.) Perfonne ne révoquera en doute, dit-il, que l'air du côté » du Nord ne foit rempli d'une infi» nité de particules de neige & de glace, qui font fouvent fi grofles & fi fenfibles, qu'étant pouffées par le » vent elles font fur le visage le mê» me effet que des coups de verges. » Non feulement on les fent; mais » on les voit même quand il fait bien froid, & par un beau clair de foleil "'on peut les obferver dans l'air com»me des millions de petites étoiles » brillantes. C'eft là la feule raifon qui rend les vents du Nord plus » froids & plus pénétrants que les autres: ils paffent avant de venir à » nous pardeflus les plus hautes mon» tagnes du Nord, où ils fe chargent » de ces particules de neige & de gla»ce, qui étant apportées dans nos Tome II, C

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glaces.

renfermée derriere le Schaeren ou rochers de la Côte & dans les Bayes dure ordinairement jufqu'à la fin de Mai, parce que les flots de la

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» Climats doivent naturellement y cau» fer un grand froid ». Zorgdrager dans fa Pêche de Groenland, P. II. ch., 2. dit, en parlant de Spitzberg: » La gelée blanche y tombe dans la »mer en forme de petites particules pointues de neige, dont elle eft fou» vent couverte comme d'une pous» fiere. Ces pointes fe joignent en se. » croifant, & à mesure qu'elles avan»cent par l'air froid, elles augmen» tent & s'accumulent tellement dans » l'air, qu'elles tombent à la fin en quantité, & qu'elles couvrent la "mer, pour ainsi dire, d'un lit de glace. On voit briller ces particules glaciales par un beau Soleil & quand » il gele bien fort, dans d'autres temps » elles font invifibles & tombent com» me une espece de rofée ». On peut encore confulter les belles Remarques que fait à ce fujet J. Perry, dans fon Etat préfent de la Grande Ruffie. pag. 68.72.

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Mer ne peuvent pas la brifer: elle refte entiere jufqu'à ce qu'étant amollie par la force du Soleil elle fe fonde & fe caffe d'elle-même.

Un beau

Le Soleil paroît continuellement au-deffus de l'horifon depuis le mois foleil; tant d'Août. Il est vrai, que vers minuit en Eté, il est enveloppé dans les vapeurs de l'Atmosphére,& que par confèquent il paroît un peu rougeâtre à-peu-près comme quand il fe couche chez nous; mais malgré cela fa lumiere eft fort brillante, & par un temps ferein il fait auffi clair qu'en plein midi.

Quelque agréable que ce fpectacle, Qu'en puiffe être en Eté, les pauvres Ha- Hyver, bitans de ces Pays le payeroient trop cher, s'ils étoient ob igés de refter pendant trois mois de l'Hyver dans les ténébres affreufes de la nuit .Mais il faut admirer ici la bonté infinie du Créateur qui n'a négligé aucune partie de la Terre, quelque petite & éloignée qu'elle puiffe être, fans y manifefter des preuves inconteftables de fa bienveillance pour le genre humain. Je tiens de plufieurs perfonnes très.

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