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chers, & fouvent, lorfqu'elles deviennent trop abondantes elles caufent des inondations terribles, qui ravagent tout le Pays. Dans l'endroit à peu près où l'on place ordinairement le Détroit de Frobisher, il fe trouve une fource Eau Minérale qui; felon le rapport des Groenlandois, eft fi chaude en Hyver, que de gros morceaux de glace, qu'on y jette, fe fondent fur le champ. Le terrain, qui environne cette fource, eft toute couverte d'herbe qui eft verte en Hyver auffi bien qu'en Eté. L'ean a le goût & l'odorat extrêmement fort. (Voyez M. Egede, à l'endroit cité Page 79.)

Animaux

Le Continent eft rempli de Liévres qui font fort petits. Ils font gris fauvages en été & tout-à-fait blancs en hyver. Il y a auffi des Cerfs, qui font de même très-petits; apparemment parce que le froid terrible & continuel de ce Pays empêche ces Animanx de parvenir à leur grandeur ordinaire. Les Norwegeois les ap→ pellent Reensdyr, quoiqu'ils ne ref

femblent en aucune façon aux Ree nes ou Renthiers des Lappons, mais plutôt à nos Cerfs & principalement par les pinces. C'eft la même efpece qu'on voit cn Spitzberg, & fa couleur eft grifitre à l'exception d'un petit nombre, qui tirent vers le jaune. Le bois de ces Cerfs eft toyjours revêtu d'une peau épaiffe & rude. Il a de chaque côté deux ou trois pointes, qui font un peu plattes, & qui reffemblent au cornes des Renthiers plutôt qu'au bois de nos Cerfs. Ces animaux font généralement plus matériels que les nôtres, & leur peau eft beaucoup plus vêtuë pour mieux réfifter au froid terrible du Climat. Leur temps de chaleur tombe en Octobre. Ils font alors fort gras, & c'eft en ce temps que les Groenlandois les chaffent le plus. Ils fe perdent bientôt après & vont apparemment chercher un Climat plus doux, d'où ils reviennent l'été. Nos Pêcheurs de Groenland difent, que les Cerfs font les plus gras en Spitzberg dans le mois d'Août, & un d'entr'eux m'a affuré, qu'il en avoit

tiré un dans ce mois qui avoit 60 livres de graiffe entre chair & peau. Ils maigriffent enfuite fucceffivement à mesure que les longues nuits & le grand froid approchent jufqu'en Juin que la nouvelle herbe revient. Ils deviennent à la fin fi maigres & fi minces que l'on diroit que toute leur chair eft fondue; mais auffi en ré compenfeils fe rengraiffent fi promp tement qu'en Août ils font au point que je l'ai dit. L'herbe qu'ils man gent a une feuille ronde, qui n'eft pas plus grande qu'un petit fol, mais fort épaiffe & ayant le goût fort amér. Je remarquerai. ici un trait de laProvidence digne de notre atten tion c'eft que contre l'Economie animale des autres Pays non-foule ment ces Cerfs & les autres Quadru→ · pedes, comme Renards, Ours &c. mais même les Oifeaux & les différentes efpeces de Baleines ont dans ces Climats glacés toute leur graiffe au-deffus de la chair, c'eft-à-dire, entre la chair & la peau. La chair même eft extrêmement maigre & brune, & remplie de fang en beaucoup

plus grande quantité que celle des Animaux des Pays chauds. Il cft ailé à conclure de là, que cette furabondance de fang doit caufer une char leur extraordinaire & capable de réfifter au froid terrible du Climat. que la graiffe, qui enveloppe la chair en dehors, doit l'empêcher de s'exhaler & par confequent combattre plus fortement les impreffions du froid extérieur. On remarque encore un instinct fingulier dans les Cerfs de ces Pays: quoiqu'il faffe continuellement jour pendant tout le temps qu'ils y demeurent, ils fe couchent régulierement toutes des nuits à 11 heures & ne reparoiffent qu'à 2 heures du matin: ils ne repofent que fort peu pendant tout ce - temps, & on les voit continuellement brouter:auffi leur faut-il beau+ coup de nourriture pour engraifler en deux mois. Les Renards font d'un gris bleuâtre, blancs & noirs, ou bruns tirant fur le noir. lis font auffi plus forts & plus velus que dans les Pays chauds. Les Groenlandois fçavent les prendre fort adroitement

par le moyen d'une espece de trape. On voit fouvent fur le Continent des Ours blancs, que les Groenlandois tuent auffitôt qu'ils les apperçoivent. Ils ne reffemblent pas à nos Ours, mais plutôt à ceux de Spitzberg, ayant la tête allongée comme les loups. V. Le Voyage de Spitzberg. de Martens, P. IV. ch. 4. 2.3. Les Loups de ces Pays ont beaucoup de reffemblance avec les Ours. J'ai eu la peau empaillée d'un Loup de Spitzberg, dont la tête étoit petite & pointuë. Son poil qui étoit d'un blanc grifâtre étoit long & roide. La queue étoit courte, fes jambes n'avoient prefque point d'articulations, & les ongles étoient longs & forts.

On n'y connoît point d'animaux do- Animaus meftiques à l'exception des Chiens, domefti mais qui ne le font qu'autant qu'on ques. les rend tels, & qu'on les garde, dans les maifons; fans quoi ils font fauvages & fort mordans. Les If les des Chiens, dont chacune n'a qu'environ une lieuë de tour & qui font toutes couvertes d'herbes, en,

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