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portent le nom parceque les Groen! landois y entretiennent pendant l'Hyver plus de 4000 Chiens, qu'ils nouriiffent avec du Tang, ou efpe ce de Mouffe de Mer, des Moules, & fouvent avec un peu de graiffe de Chiens de Mer, quand ils peuvent s'en paffer pour eux-mêmes. Ils les tuent enfuite en les chaffant comme le gibier, les laiflent fecher au vent ou en cachent la viande fous la neige & la glace, foit en Hyver ou en Eté & les mangent avec beaucoup d'appetit. Cette efpece de Chiens à la tête & le nez allongés, & les oreilles fort élevées & póintuës. Ils ne peuvent pas abboyer, & ne font que gronder & hurler. Ils font outre cela poltrons, & ne valent rien pour la chaffe. Les Groenlandois n'ont point de Chats, & ils les craignent beaucoup, quand ils en rencontrent chez les Danois, de même que les Cochons qu'ils fuyent avec une espece d'horreur. Ils n'ont pas befoin de Chats, parcequ'ils ne connoiffent ni Rats ni Souris, à l'exception d'une espece grofle & cour

te

te de Rats de terre, mais qu'on ne voit que rarement. Il n'y a ni Serpent ni autre Reptile venimeux, & j'en ai dit la raifon dans ma Relation de l'Iflande.

Parmi les Oiseaux terreftres, il Oifeaux n'y a que la Perdrix de mange b'e Terreftres On l'appelle Ryper, comme en Iflande. Voyez ma Relation de cette Ifle. Elle eft blanche & tachetée de noir fur les ailes, & fes pattes font · revêtues d'un duvet fort épais. Elle fait fon nid au haut des rochers, & elle vit de la mêre herbe dont fe nourriffent les Cerfs, Chevreuils &c. Un Commandeur de nos Pêcheurs du Groenland, après avoir obfervé plufieurs fois ces Oifeaux dans leurs nids, a remarqué qu'ils y amaffent leur nourriture pour l'hyver en la rangeant par petits tas, pour ne pas en manquer dans le temps que tout eft couvert de neige: attendu que contre la coûtume des autres Oifeaux ils paffent l'Hyver dans le Pays. On y voit auffi des Pies, des Moineaux & un certain Oifeau blanc, qui arrive en Tome II.

E

Oifeaux A

fes,

grande quantité dans le mois de Mars & dont le chant eft fort agréable. Les Aigles & les Faucons gris font auffi très fréquens fur ces Côtes.

Il y a outre cela une quantité quatiques, prodigieufe d'Oiseaux Aquatiques & & leurs ru- de Rivage. On y voit généralement toutes les efpeces, dont Martens donne la Defcription dans fon Voyage de Spitzberg. Part. IV. Chap. 2. N. 3, & plufieurs autres, dont il ne fait pas mention. J'ai déjà rapporté quelques Obfervations touchant ces oifeaux dans ma Relation de l'Iflande; mais ayant confulté fur ce même fujet plufieurs anciens Marins qui avoient fouvent fait le Voyage du Groenland, j'ai appris certaines circonftances fingulieres touchant les précautions extraordinaires que ces oifeaux prennent pour conftruire leurs nids avec fureté pour conduire leurs petits à l'eau &c. J'ai cru ne pouvoir mieux faire que de les inferer ici pour fatisfaire la curiofité de mon Lecteur, Tout le Pays, comme je l'ai déjà remar

qué, cft rempli d'Oiseaux de Proye & de bêtes fauvages, comme Ours, Renards &c. Ces derniers ne cédent rien en ruse à ceux des Pays chauds, &, comme ici la terre eft prefque toujours couverte de glace & de neige & qu'ils trouvent plus difficilement leur nourriture, ils attaquent plus volontiers les oifcaux qui de leur côté prennent toutes les précautions imaginables pour ne pas tomber dans les piéges qu'ils leur tendent. L'Oifeau appellé Lumme, dont j'ai parlé dans ma Relation de l'Iflande, & qui ne fait jamais que deux petits à la fois, fait fon nid contre le fommet des plus hauts rochers fur un petit morceau faillant du roc, où il peut à peine l'affeoir, afin d'être à l'abri des Renards, qui ne fçauroient y monter & de pouvoir le défendre à coup de bcc & d'ongles en fe cramponnant au roc contre les Oiseaux de proye, qui d'ailleurs ne peuvent en approcher qu'avec beaucoup de peine & en fe tenant fufpendus en l'air. Auffi-tôt que les petits font

en état de voler, les vieux les conduifent à l'eau & leur apprennent à trouver leur fureté & leur nourriture en fe plongeant à propos. Leur façon de les y conduire est tout-à-fait finguliere. L'un des vicux vole toujours au deffous du petit, afin que fi celui-ci venoit à manquer dans fon voi, il tombe fur fon dos au lieu de s'écrafer en tombant à terre, ou de tomber en partage aux Renards, qui ne manquent jamais de guetter ces occafions. L'autre vicux fe tient toujours au deffus du petit pendant la route, pour faire face aux Oifeaux de proye, fi par hazard il en venoit. Si malheureusement un petit tombe à terre foit du nid ou en voyageant, les vieux s'y précipitent fur le champ,& le défendent avec tant d'opiniâtreté & d'attachement, qu'ils fe laiffent manger eux-mêmes par les Renards ou prendre par les hommes plutôt que de l'abandonner. Quand une fois ces Oifeaux ont gagné la Mer avec leurs petits ils ne reviennent plus à terre. Cha

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