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Mer.

avoit conçues à cet égard.

Défauts Le commerce n'a là que deux du Com branches qui puiffent être avantamerce par geufes pour ceux qui veulent y trafiquer.L'une eft la Pêche des Baleines, c'eft-à-dire, le Thran ou l'huile, & les Barbes, qu'on peut en tirer, & l'autre eft un Trafic avec les Groenlan dois Nationnaux ou Sauvages. Or la Pêche des Baleines, qui eft d'ailleurs fort importante ici, n'appartient pas à cette Compagnie feule, & fes Vaiffeaux font même les moindres dans ces endroits. Il y a plus d'un fiécle & demi, que les Hollandois*,

* C'est à cette Nation que nous avons l'obligation des Cartes de ces Contrées & des corrections qui s'y font faites de temps en temps, quoiqu'elles foient encore fort éloignées de l'entiere précifion. La meilleure de ces Cartes eft celle de Laurent Fey kes Haan publiée par Gerard van Ceulen dans la Defcription du Détroit de Davis depuis la Baye Méridionale jufqu'à l'Ifle de Difco, imprimée en

que

les Hambourgeois & d'autres Nations ont fréquenté & prefqu'épuifé le Détroit de Davis, furtout depuis les Baleines ont été chaffées de Spitzberg, où toutes les Nations de l'Europe alloient, pour ainfi dire, les affiéger. Il eft vrai, qu'il y avoit lieu de fe flatter que les Colonies Danoifes étant fi proches de l'endroit de la Pêche, & ces Poiffons paroiffant déjà en Janvier & Février dans la Baye de Difco & aux envi. rons de l'Ile de Nepiffene, elles pourroient prévenir pour la Pêche tous les Etrangers qui n'y vont que vers la fin de Mars. Mais on voit par l'expérience, que ceux-ci arrivent à l'endroit de la Pêche auffitôt que les Colonistes Danois, qui fe trouvent renfermés pendant l'hyver dans des glaces continuelles, étant obligés d'attendre un vent favorable qui les

Hollandois à Amfterdam en 1719. La direction du Paffage, les milles, les fonds à Ancre &c. y font marqués dans le ftile des Marins.

chaffe de la Côte, pour les mettre en état de fe fervir de leurs bateaux & de joindre les Baleines. Quand même il arrive, que le vent déba→ raffe les côtes de ces glaces plutôt qu'à l'ordinaire, la gelée y continue toujours d'être fi violente, que les rames des chaloupes & les gouver nails des bateaux font, malgré toute la graiffe qu'on pourroit y mettre, un bruit fi terrible,que les baleines, qui ont l'oreille extrêmement fine, en font, pour ainsi dire, averties & chaffées en avant: outre cela, les Marins m'ont affuré, que les uftenfiles de la pêche fe roidiffent tellement par la gelée exceffive, qu'il eft impoffible de les manier, & que le froid même eft fi violent, que les Colonies Danois ne sçauroient réfifter dans des bateaux ouverts, & qu'ils font obligés de regagner la terre vers la nuit. Quant à la pêche. même, il est aifé de comprendre que la Compagnie de Bergen, qui n'en tire pas beaucoup de profit, n'a pas affez de fonds pour équiper le nombre fuffifant de bâtimens pour

fournir ce qu'il en faut à cette pêthe car c'eft principalement de leur nombre que le fuccès dépend.

Le vent change fouvent fur ces mers, & fouffle tantôt de l'Eft, tantôt de l'Oueft; ce qui embaraffe beaucoup un bâtiment qui eft feul à la pêche, & qui fe trouvant audeffous d'un de ces vents & des glaces qu'il chaffe devant lui, manque ordinairement fon poiffon, qui fuit partout l'eau qui eft ouverte. Quand au contraire plufieurs bâtimens font Mafcopie, c'eft-à-dire, pêchent pour partager également, ils fe diftribuent de côté & d'autre, &, quel que puiffe être le vent, il y en a toujours quelques-uns qui ont la mer ouverte pour agir & pour pêcher avec fuccès. Les Hollandois, qui ne manquent pas devaiffeaux,fçavent tirer tous les avantages de ccs circonstances, & font par ce moyen tous les ans des pêches abondantes. Il y a des Négocians dans les Provinces-Unies, qui avictuaillent leurs vaiffeaux pour neuf mois, & qui font poursuivre les baleines jufques

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fous la côte de l'Amérique, & continuent la pêche jufqu'à la fin du mois d'Août.

Les Colonies Danoifes trouvoient de même beaucoup de difficulté dans le Trafic par terre avec les Sauvages. Les Hollandois, qui ne négligent aucune branche du commerce, ont de tout temps trafiqué avec les Groenlandois, & le font encore aujourd'hui. Il eft vrai que la Compagnie de Bergen, après avoir établi fcs Colonies fur les dites Ifles, avoit employé les moyens pour s'emparer du Commerce avec les Nationaux à l'exclufion de tous les Etrangers. Elle avoit même réfolu de conftruire un petit Fort fur la Côte Méridionale de l'Ile de Difco; mais on comprit bientôt, que par ce moyen on ne pourroit dominer fur toute l'étendue de la Mer. On projetta enfuite de bâtir deux Forts, l'un fur une des Ifles des Chiens & l'autre fur une des Inles des Baleines; mais on fentit de même, qu'elles étoient trop éloignées les unes des autres, pour que le canon pût dé

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