De servir dignement le plus puissant des rois. Le duc de Guise et le comte d'Armagnac marchoient ensemble après lui. Le premier, portant le nom d'Aquilant le noir, avoit un habit de cette couleur en broderie d'or et de jais; ses plumes, son cheval et sa lance assortissoient à sa livrée : et l'autre, représentant Griffon le blanc, portoit sur un habit de toile d'argent plusieurs rubis, et montoit un cheval blanc bardé de la même couleur. Pour le duc DE GUISE, représentant Aquilant le noir. La nuit a ses beautés de même que le jour. Le noir est ma couleur, je l'ai toujours aimée; Et si l'obscurité convient à mon amour, Elle ne s'étend pas jusqu'à ma renommée. Pour le comte D'ARMAGNAC, représentant Griffon le blanc. Voyez quelle candeur en moi le ciel a mis! Les ducs de Foix et de Coaslin, qui paroissoient ensuite, étoient vêtus, l'un d'incarnat avec or et argent, ét l'autre de vert, blanc et argent. Toute leur livrée et leurs chevaux étoient dignes du reste de leur équipage. Pour le duc DE Foix, représentant Renaud. Il porté un nom célèbre, il est jeune, il est sage: A vous dire le vrai, c'est pour aller bien haut; Pour le duc DE COASLIN, représentant Dudon. Que je ne serai pas content de mon ouvrage. Après eux marchoient le comte du Lude et le prince de Marsillac; le premier vêtu d'incarnat et blanc, et l'autre de jaune, blanc et noir, enrichis de broderie d'argent; leur livrée de même, et fort bien montés. Pour le comte DU LUDE, représentant Astolphe. Pour le prince DE MARSILLAC, représentant Brandimar. Les marquis de Villequier et de Soyecourt marchoient ensuite. L'un portoit le bleu et argent, l'autre le bleu, blanc et noir, avec or et argent; leurs plumes et les harnois de leur chevaux étoient de la même couleur, et d'une pareille richesse. Pour le marquis DE VILLEQUIER, représentant Richardet. Personne comme moi n'est sorti galamment D'une intrigue où sans doute il falloit quelque adresse; Personne, à mon avis, plus agréablement N'est demeuré fidèle en trompant sa maîtresse. Pour le marquis de Sorecourt, représentant Olivier. Et ce franc chevalier, à tout venant tout prêt, Les marquis d'Humières et de La Vallière les suivoient. Le premier, portant la couleur de chair et argent, l'autre le gris de lin, blanc et argent, toute leur livrée étant la plus riche et la mieux assortie du monde. Pour le marquis D'HUMIÈRES, représentant Ariodant. Pour le marquis de la Vallière, représentant Zerbin. M. le duc marchoit seul, portant pour sa livrée la couleur de feu, blanc et argent. Un grand nombre de diamants étoient attachés sur la magnifique broderie dont sa cuirasse et son bas de soie étoient couverts, son casque et le harnois de son cheval en étant aussi enrichis. Pour monsieur LE DUC, représentant Roland. Il est sorti d'un sang qui brûle de sortir C'est le pur sang de Charlemagne. Un char de dix-huit pieds de haut, de vingt-quatre de long, et de quinze de large, paroissoit ensuite éclatant d'or et de diverses couleurs. Il représentoit celui d'Appollon, en l'honneur duquel se célébroient autrefois les jeux Pythiens, que ces chevaliers s'étoient proposé d'imiter en leurs courses et en leur équipage. Cette divinité brillante de lumière étoit assise au plus haut du char, ayant à ses pieds les quatre Ages ou Siècles, distingués par de riches habits et par ce qu'ils portoient à la main. Le Siècle d'or, orné de ce précieux métal, étoit encore paré de diverses fleurs, qui faisoient un des principaux ornements de cet heureux âge. Ceux d'argent et d'airain avoient aussi leurs marques particulières : et celui de fer étoit représenté par un guerrier d'un regard terrible, portant d'une main l'épée, et de l'autre le bouclier. Plusieurs autres grandes figures de relief paroient les côtés du char magnifique. Les monstres célestes, le serpent Python, Daphné, Hyacinthe, et les autres figures qui conviennent à Apollon, avec un Atlas portant le globe du monde, y étoient aussi relevés d'une agréable sculpture. Le Temps, représenté par le sieur Millet, avec sa faux, ses ailes, et cette vieillesse décrépite dont on le peint toujours accablé, en étoit le conducteur. Quatre chevaux d'une taille et d'une beauté peu communes, couverts de grandes housses semées de soleils d'or, et attelés de front, tiroient cette machine. Les douze heures du jour et les douze signes du Zodiaque, habillés fort superbement comme les poètes les dépeignent, marchoient en deux files aux deux côtés de ce char. Tous les pages des chevaliers les suivoient deux à deux après celui de M. le duc, fort proprement vêtus de leurs livrées, avec quantité de plumes, portant les lances de leurs maîtres et les écus de leurs devises. Le duc de Guise, représentant Aquilant le Noir, ayant pour devise un lion qui dort, avec ces mots : Et quiescente pavescunt. Le comte d'Armagnac, représentant Griffon le Blanc, ayant pour devise une hermine, avec ces mots: Ex candore decus. Le duc de Foix, représentant Renaud, ayant pour devise un vaisseau dans la mer, avec ces mots : Longè levis aura feret. Le duc de Coaslin, représentant Dudon, ayant pour devise un soleil, et l'héliotrope ou tournesol, avec ces mots : Splendor ab obsequio. |