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Mademoiselle Dampierre.

Mademoiselle de Fiennes.

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La somptuosité de cette collation passoit tout ce qu'on en pourroit écrire, tant par l'abondance, que par la délicatesse des choses qui y furent servies. Elle faisoit aussi le plus bel objet qui pût tomber sous les sens; puisque dans la nuit, auprès de la verdure de ces hautes palissades, un nombre infini de chandeliers peints de vert et d'argent portant chacun vingt-quatre bougies, et deux cents flambeaux de cire blanche, tenus par autant de personnes vêtues en masques, rendoient une clarté presque aussi grande et plus agréable que celle du jour. Tous les chevaliers, avec leurs casques couverts de plumes de différentes couleurs, et leurs habits de la course, étoient appuyés sur la barrière; et ce grand nombre d'officiers richement vêtus qui servoient, en augmentoient encore la beauté, et rendoient ce rond une chose enchantée duquel, après la collation, leurs majestés et toute la cour sortirent par le portique opposé à la barrière, et, dans un grand nombre de calèches fort ajustées, reprirent le chemin du château.

SECONDE JOURNÉE.

SUITE DES PLAISIRS

DE L'ILE ENCHANTÉE.

LORSQUE la nuit du second jour fut venue, leurs majestés se rendirent dans un autre rond environné de palissades comme le premier, et sur la même ligne, s'avançant toujours vers le lac où l'on feignoit que le palais d'Aleine étoit bâti. Le dessein de cette seconde fête étoit que Roger et les chevaliers de sa quadrille, après avoir fait des merveilles aux courses que, par l'ordre de la belle magicienne, ils avoient faites en faveur de la reine, continuoient en ce même dessein pour le divertissement suivant; et que l'île flottante n'ayant point éloigné le rivage de la France, ils donnoient à sa majesté le plaisir d'une comédie dont la scène étoit en Élide.

Le roi fit donc couvrir de toiles, en si peu de temps, qu'on avoit lieu de s'en étonner, tout ce rond d'une espèce de dôme pour défendre contre le vent le grand nombre de flambeaux et de bougies qui devoient éclairer le théâtre, dont la décoration étoit fort agréable.

Aussitôt qu'on eut levé la toile, un grand concert de plusieurs instruments se fit entendre, et l'Aurore ouvrit la scène. On y représenta la princesse d'Élide, comédieballet, avec un prologue et des intermèdes.

Noms des personnes qui ont récité, dansé et chanté dans la comédie de la Princesse d'Elide.

DANS LE PROLOGUE.

L'aurore, mademoiselle Hilaire. Lyciscas, le sieur Molière. Valets de chiens chantants, les sieurs Estival, Don, Blondel. Valets de chiens dansants, les sieurs Paysan, Chicaneau, Noblet, Pesan, Bonard, La Pierre.

DANS LA COMÉDIE.

Iphitas, le sieur Hubert. La princesse d'Élide, mademoiselle Molière. Euryale, le sieur La Grange. Aristomène, le sieur du Croisy, Théocle, le sieur Béjart. Aglante, mademoiselle du Parc. Cynthie, mademoiselle de Brie. Arbate, le sieur La Thorillière. Philis, mademoiselle Béjart. Moron, le sieur Molière. Lycas, le sieur

Prevost.

DANS LES INTERMÈDES.

Dans le Ier. Chasseurs dansants, les sieurs Manceau, Chicaneau, Balthasar, Noblet, Bonard, Magny, La Pierre.

Dans le IIo. Satyre chantant, le sieur Estival. Satyres dansants....

Dans le III. Berger chantant, le sieur Blondel.

Dans le IVo. Philis, mademoiselle Béjart. Climène, mademoiselle.....

Dans le V. Bergers chantants, les sieurs Le Gros, Estival, Don; Blondel. Bergères chantantes, mesdemoiselles Hilaire et de la Barre.

Tous six, se prenant par la main, chantèrent une chanson à danser, à laquelle les autres bergers répondirent en chœur.

Pendant les danses, il sortit de dessous le théâtre la machine d'un grand arbre chargé de seize faunes, dent huit jouoient de la flûte, et les autres du violon, avec un concert le plus agréable du monde. Trente violons leur répondoient de l'orchestre, avec six autres concertants de clavecins et de tuorbes, qui étoient les sieurs d'Anglabert, Richard, Itier, La Barre le cadet, Tissu et Le Moine. Quatre bergers et quatre bergères vinrent danser une très-belle entrée, à laquelle les faunes descendant de l'arbre se mêlèrent de temps en temps. Les bergers étoient les sieurs Cicaneau, du Pron, Noblet, La Pierre. Les bergères étoient les sieurs Balthasard, Magny, Arnald, Bonard.

Toute cette scène fut si grande, si remplie et si agréable, qu'il ne s'étoit encore rien vu de plus beau en ballet: aussi fit-elle une si avantageuse conclusion aux divertissements de ce jour, que la cour ne le loua pas moins que celui qui l'avoit précédé, se retirant avec une satisfaction qui lui fit bien espérer de la suite d'une fète si complète.

SUITE ET CONCLUSION

DES PLAISIRS

DE L'ILE ENCHANTÉE.

PLUS on s'avançoit vers le grand rond d'eau qui représentoit le lac sur lequel étoit autrefois bâti le palais d'Alcine, plus on s'approchoit de la fin des divertissements de l'Ile enchantée, comme s'il n'eût pas été juste que tant de braves chevaliers demeurassent plus long-temps dans une oisiveté qui eût fait tort à leur gloire.

On feignit donc, suivant toujours le premier dessein, que le ciel ayant résolu de donner la liberté à ses guerriers, Alcine en eut des pressentiments qui la remplirent de terreur et d'inquiétude. Elle voulut apporter tous les remèdes possibles pour prévenir ce malheur, et fortifier en toutes manières un lieu qui pût renfermer tout son repos et sa joie.

On fit paroître sur ce rond d'eau, dont l'étendue et la forme sont extraordinaires, un rocher situé au milieu d'une île couverte de divers animaux, comme s'ils eussent voulu en défendre l'entrée.

Deux autres îles plus longues, mais d'une moindre largeur, paroissoient aux deux côtés de la première; et toutes trois, aussi bien que les bords du rond d'eau,

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