J'y rentre, pour jamais n'être au monde rendue, Omon pere.. en pleurant. je l'aime encor plus que jamais. Que je reffens vos maux, ô chere infortunée ! Si vous fçaviez.. moi-même ainfi que vous troublé.. 59 Rejettez cet amour, fource de tant d'erreurs, Il lui montre l'autel. Ce tabernacle faint, où Dieu même repose, Vos chûtes vos refus, vos infidélités; Que lui répondrez-vous? EUPHEMIE troublée. Arrêtez, ô mon pere; Pour appaiser le ciel, dites, que faut-il faire ? Je me foumets à tout. L'oublier! THÉOTIME avec attendriffement: Oublier cet objet.. EUPHEMIE. THEOTIME. Effacer jufques au moindre trait D'une image trop chere à votre ame attendrie, EUPHEM I E. Quoi! du monde & des fens pour jamais féparée; THÉOTIME d'un ton touchant• Le moindre fouvenir eft un crime, fans doute. EUPHEMIE avec nobleffe & chaleur. Je ne veux point tromper ce Dieu qui nous écoute. Eh bien ! cruel.. Mon pere, arrachez-moi le cœur. Elle met la main dans son sein. Voici ces monuments.. de la plus vive ardeur, Des lettres chaque jour de mes pleurs arrofées, Dans mon fein.. dans mon ame en fecret déposées; Elle tire de fon fein un paquet de lettres qu'elle tient à la main. D'un trop fatal amour cher & feul aliment.. Il faut donc tout m'ôter, tout, combler mon tourment. Donnant les lettres. Les voici c'eft envain que je les facrifie : : Ecrites dans mon cœur.. ah! j'en perdrai la vie. Pendant ces derniers vers, Théotime jette la vue fur les lettres & tombe fans connaifance. Vous ne répondez point.. parlez.. mon ame émue.. Mon pere.. Elle lève fon voile. Dieu ! la mort fur fon front répandue. Dieu, le puniriez-vous de fentir mes malheurs? Elle court à lui. Secourons-le.. Dans ce moment, Théotime a la tête entierement hor's de fon habillement. Sinval! je ne puis.. je me meurs. Elle va tomber à son tour évanouie fur fa chaife. THEOTIME revenant à lui par degrés; ouvre enfin les yeux, les tourne fur Euphémie, & court se jetter avec précipitation à ses pieds, en lui prenant la main qu'il arrose de ses larmes. Conftance m'eft rendue ! ô ma chere Conftance! Jefuis à tes genoux ! avec fureur. Que le ciel s'en offenfe: Tous mes ferments, mes vœux, mes liens font rompus. O ma religion.. je ne la connais plus.. EUPHÉMIE reprenant fes fens. Sinval! c'eft vous, Sinval !. elle retombe dans fon accablement. THE OTIME toujours à fes genoux. Oui, c'est moi qui t'adore, Que l'amour, la douleur, depuis dix ans dévore ; En jettant les yeux de tous côtés. Ah! Sinval!. dans quels lieux le deftin nous rassemble! Non, tu ne mourras point.. tu vivras.. tu vivras EUPHEMIE. Que dis-tu, malheureux? quelle erreur nous égare? Regarde, tremble, & vois tout ce qui nous fépare. THEOTIME je relevant avec préci pitation.. Nous ferons réunis.. rapidement. Sans pouvoir t'oublier, Au ministère faint, j'ai couru me lier. |