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Corneilles (Del.), c'est-à-dire, des poètes comme COR

NEILLE.

340 Remarque. Quelquefois les noms propres, quoique ne désignant qu'un seul individu, sont précédés de l'article les: LES Corneille et LES Racine ont illustré la scène française. On reconnâit alors qu'il y a unité dans l'idée quand le sens permet de supprimer l'article les; ici on peut dire : Corneille et Racine ont illustré la scène française.

341 2° Les substantifs empruntés des langues étrangères, et qu'un fréquent usage n'a pas encore francisés: des alléluia, des ave, des auto-da-fé, des alinéa, des te-Deum, des postscriptum, etc.

342 L'Académie écrit des factums, des débets, des bravos, des

opéras, parce que ces mots sont fréquemment employés. 343 3° Les mots invariables de leur nature employés accidentellement comme substantifs : les pourquoi, les car, les oui, les non, les on dit, etc.

Les si, les pourquoi sont bien vigoureux; on pourra y joindre les que, les qui, les oui, les non, parce qu'ils sont plaisants. Boileau.

344 III. Les substantifs composés qui ne sont pas encore passés à l'état de mots, c'est-à-dire, dont les parties distinctes sont rapprochées par le trait d'union, s'écrivent au singulier et au pluriel, suivant que la nature et le sens particulier des mots dont ils sont formés exigent l'un ou l'autre nombre.* Tel est le principe général, dont l'application sera facilitée par les règles suivantes :

345 Première règle. Quand un substantif composé est forme d'un substantif et d'un adjectif, ils prennent l'un et l'autre la marque du pluriel: une basse-taille, des basses-tailles; un plain chant, des plains-chants.

Excepté :

Des blanc-seings (des seings en blanc).

Des terre pleins (des lieux pleins de terre).

Des chevau-légers.

Des grand'mères, des grand'messes.

Dans les deux premiers, le sens ne permet pas de plu

• Dans les noms composés, les seuls mots susceptibles, par leur nature, de prendre la marque du pluriel, sont le substantif et l'adjectif.

raliser les mots blanc et terre, dans le troisième, un usage bizarre refuse au substantif la marque du pluriel; enfin dans les deux derniers exemples, l'adjectif reste invariable par raison de prononciation.

346 Remarque. Lorsque, dans le substantif composé, il entre un mot qu'on n'emploie pas seul, comme dans piegrièche, loup-garou, gomme-gutte, etc., ce mot joue le rôle d'un adjectif, et conséquemment prend la marque du pluriel des pies-grièches, des loup-garous, des gommesguttes.

347 Deuxième règle. Quand un substantif composé est formé de deux substantifs placés immédiatement l'un après l'autre, ils prennent tous les deux la marque du pluriel :

348

Un chef-lieu, des chefs-lieux.

Un chien-loup, des chiens-loups.
Un chou-fleur, des choux-fleurs.

Excepte :

Un bec-figues (oiseau dont le bec pique les figues), dos bec-figues.

Un appui-main (un appui pour la main), des appuis-main.
Un Hôtel-Dieu (un hôtel de Dieu), des Hôtels-Dieu.

Un brèche-dents (qui a une brèche dans les dents), des brèche-dents.

Troisième règle. Quand un substantif composé est formé de deux substantifs unis par une préposition, c'est le premier substantif qui prend la marque du pluriel: un ciel-de-lit, des ciels-de-lit; un chef-d'œuvre, des chefsd'œuvre.

Excepté :

Des coq-à-l'âne (discours sans suite, où l'on passe du coq

à l'âne.

Des pied-à-terre (logements où l'on a seulement un piedà terre);

Des tête-à-tête (entrevues où l'on est seul à seul);

dans lesquels le sens ne permet pas de pluraliser les substantifs, coq, pied, terre. 349 Quatrième règle. Quand un substantif composé est formé d'un substantif joint à un verbe, ou à une préposition, ou à un adverbe, le substantif seul prend le signe du pluriel, si toutefois il y a pluralité dans l'idée.

Ainsi l'on écrira avec une s au pluriel:

Des contre-coups (des coups dans la partie contre, opposée).
Des avant-coureurs (des coureurs qui vont en avant).

Des arrière-saisons (des saisons qui sont en arrière).

Mais on écrira sans mettre une s au pluriel parce qu'il y a unité dans l'idée :

Des serre-tête (des bonnets qui serrent la tête).

Des réveille-matin (des horloges qui réveillent le matin).
Des contre-poison (des remèdes contre le poison).

Enfin on écrira avec une s, tant au singulier qu'au pluriel, parce qu'alors il y a toujours pluralité dans l'idée : Eussie-mains (ce qui eussie les mains).

Un

ou

des

Porte-mouchettes (ce qui porte les mouchettes).
Cure-dents (ce qui cure les dents).

Porte-clefs (celui ou ceux qui portent les clefs). 350 Cinquième règle. Quand un substantif composé ne renferme que des mots invariables de leur nature, comme verbe, preposition, adverbe, aucune de ces parties ne prend la marque du pluriel des pour-boire, des pince-sans-rire, des passe-passe, des passe-partout, etc.

CHAPITRE III.

DE L'ARTICLE.

351 I. On emploie l'article avant les substantifs communs dont la signification est déterminée, c'est-à-dire, qui désigne un genre, une espèce, ou un individu particulier: (Voy. page 6.)

Les hommes sont plutôt faibles que méchants.

Les maladies de l'ame sont plus difficiles à guérir que celles du corps.

La ville de Rome a été fondée 753 ans avant J. C.

352 II. On emploie du, des, de la avant les substantifs communs employés dans un sens partitif, c'est-à-dire, pour désigner une partie, une portion des personnes ou des choses dont on parle: il a DU papier, c'est-à-dire, quelque papier ;-Vous avez DE LA fortune, c'est-à-dire, quelque fortune;-Nous possédons DES amis, c'est-à-dire, quelques amis.

Dans ces phrases les substantifs papier, fortune, amis, ort

353

également une signification déterminée; c'est comme s'il y avait: il a une portion de tout le papier; vous avez une portion de toute la fortune, etc.; papier, fortune y désignent réellement tout un genre, puisqu'il s'agit de la totalité du papier et de la fortune; ils ont conséquemment une signification déterminée, et, pour cette raison, exigent l'article.

Exception. On supprime l'article, c'est-à-dire, on emploie simplement de, quand le substantif, pris dans un sens partitif, est précédé d'un adjectif: donnez-moi DE bon pain; je bois D'excellente bière; il possède DE belles maisons.

354 Remarque. Quelquefois le substantif partitif et l'adjectif placé auparavant, sont liés, par le sens, d'une manière inséparable, comme petit-pois, petit-páté, petitmaître, petite-maîtresse, bon mot, jeunes gens, petite-maison (hospice), grand homme (homme d'un génie supérieur), etc.; alors ils sont considérés comme ne formant qu'un seul mot, et prennent l'article, d'après la règle deuxième ; Je ne connais rien d'ennuyeux comme Des petits-maîtres et DES petites-maîtresses.

Heureux si, de son temps, pour de bonnes raisons,

La Macédoine eût eu des petites-maisons. BOILEAU. 355 III. On n'emploie pas l'article avant les noms communs dont la signification est indéterminée, c'est-à-dire, qui ne désignent ni un genre, ni une espèce, ni un individu particulier: une table de MARBRE, une maison en BOIS, un homme sans MÉRITE, se conduire avec SAGESSE. Dans ces exemples, rien n'indique qu'il s'agisse d'un genre ou d'une espèce particulière de marbre, de bois, de mérite, de sagesse, ni d'un marbre, d'une sagesse, d'un mérite particuliers plutôt que de tout autre; marbre, bois, mérite, sagesse y sont pris dans un sens tout-à-fait vague, c'est-à-dire, dans une signification indéterminée.

Il résulte de cette règle qu'un substantif commun précédé de la préposition de, ne prend pas l'article, lorsqu'il est le régime :

356 1o D'un collectif ou d'un adverbe de quantité; une multitude DE PEUPLES, beaucoup DE NATIONS.

On

Excepté lorsque le substantif commun est déterminé par ce qui suit: un grand nombre DES personnes que j'ai vues, il me reste peu DEs livres qui m'ont été donnés. dit aussi avec l'article: la plupart DES hommes, BIEN DES pays.

357

358

2o D'un verbe actif accompagné d'une négation: Je ne vous ferai pas DE reproches.

A moins que le substantif ne soit suivi d'un adjectif ou d'un pronom relatif qui en détermine la signification: Je ne vous ferai pas des reproches frivole. RACINE. On ne soulage point des douleurs qu'on méprise.

IV. Avant les adverbes plus, mieux, moins, on emploie le, la, les, pour exprimer une comparaison de toutes ces dames, votre sœur était LA plus affligée, c'est-à-dire, la dame plus affligée que les autres. Au contraire, on em

ploie simplement le, pour marquer une qualité portée au plus haut degré sans aucune idée de comparaison avec d'autres objets: votre sœur ne pleure pas, lors méme qu'elle est le plus affligée, c'est-à-dire, affligée au plus haut point.

Dans le premier cas, l'article s'accorde avec un substantif sous-entendu (dame); dans le second, il est invariable, parce qu'il forme avec l'adverbe qui suit une locution adverbiale, qui modifie l'adjectif (affligée).

359 Remarque. Le plus, le mieux, le moins sont toujours invariables, lorsqu'ils se rapportent à un verbe ou à un adverbe, parce qu'alors ils forment toujours une locution adverbiale: Racine et Boileau sont les poètes qui écrivent LE MIEUX, qui s'expriment LE PLUS noblement; dans cette phrase, le mieux se rapporte au verbe écrivent, et le plus, à l'adverbe noblement.

360 V. On répète l'article et les adjectifs déterminatifs, tels que mon, ton, son, ce, cet, un, une, etc.

361

1° Avant chaque substantif:

Le cœur, l'esprit, les mœurs, tout gagne à la culture.

Ainsi on ne dira pas: les officiers et soldats, mes père et mère, ses frères et sœurs; mais on dira: les officiers et les soldats, mon père et ma mère, ses frères et ses sœurs. 362 2° Avant deux adjectifs unis par et, lorsqu'ils ne qualifient pas le même substantif: LE vieux et LE jeune soldat, MON grand et MON petit appartement. Ces phrases sont elliptiques, c'est comme s'il y avait le vieux SOLDAT et le jeune soldat, mon grand APPARTEMENT et mon petit appartement; il y a deux substantifs, il doit y avoir deux déterminatifs. Mais je dirai: LE vieux et brave soldat, MON grand et bel appartement, parce qu'il ne s'agit que d'un seul et même soldat, tout à la fois vieux et

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